Le tour du propriétaire L’art d’actualiser le passé à Montréal-Ouest

Des propriétaires nous ouvrent les portes de leur demeure d’exception, offerte sur le marché de la revente.

Quand Lionel et Agnès ont traversé l’Atlantique pour déménager à Montréal, ils cherchaient une maison familiale qui ne serait pas trop loin de leurs emplois respectifs. Le hic, c’est que l’un travaillait dans l’est de la ville et l’autre, dans l’ouest. Et l’école où ils voulaient inscrire leurs enfants se trouvait quelque part entre les deux. « On a donc fait un compromis, raconte Lionel. On a choisi Montréal-Ouest ! »

En prime, la propriété dénichée cochait toutes les cases. « On cherchait une maison unifamiliale, avec plusieurs chambres, rénovée, dans un quartier à l’ambiance d’un village », précise Agnès. Avec un certain cachet, pourrait-on ajouter. La propriété de style arts and crafts proposait tout cela. Le couple n’a pas hésité.

Malgré son nom, qui laisse croire que la charmante petite municipalité de l’agglomération de Montréal se trouve dans l’Ouest-de-l’Île, Montréal-Ouest est en réalité presque au cœur de l’île, à la toute fin de la rue Sherbrooke. C’est en 1927 que l’industriel Edwin Crabtree a fait construire par l’architecte Alfred Payne trois maisons du même style : une pour lui et deux autres, une de chaque côté de la sienne, pour y loger ses filles. La propriété de Lionel et d’Agnès a hébergé l’une des filles Crabtree de 1927 à 1970.

Bien assise sur une rue paisible, la maison est tout juste à l’ouest de la rue Westminster où les petits commerces en enfilade rappellent la rue principale d’un village. « Il y a même une boulangerie française », confie Lionel, qui a grandi dans le sud-ouest de la France.

L’avenue Wolseley, boisée et regorgeant de fleurs, nous transporte vers une autre époque. Les maisons voisines (ainsi que celles des rues autour) ont conservé leur charme malgré les rénovations qu’elles ont dû subir au fil du temps. On a l’impression qu’elles viennent d’être construites tellement elles sont bien entretenues. La maison de notre famille de cinq (avec les enfants de 12, 17 et 20 ans) a été rénovée par le couple qui l’a occupée auparavant, de 1999 à 2016. « On cherchait une maison qui ne demandait pas de travaux, explique Lionel. On a été bien servis. Les propriétaires ont passé de longues heures à la restaurer harmonieusement : cuisine, lessive, salles de bains, sous-sol… On a mis les intérieurs à notre main, mais à part les fenêtres à l’étage que nous avons changées, l’essentiel des rénovations a été effectué avant notre arrivée. »

Caractérisée par son architecture et ses nombreux attributs ornementaux, la propriété a remporté le Prix émérite du patrimoine de la Ville de Montréal-Ouest en 2008 et a été choisie parmi les cinq finalistes du concours de la Maison coup de cœur de l’année par Héritage Montréal.

Rénos heureuses

Parmi les rénos des propriétaires actuels, notons celles de la salle à manger et du salon. « Ce sont de grandes pièces qui manquaient de clarté, explique Agnès. Les papiers peints avaient des couleurs sombres et les boiseries étaient brunes. » La designer Lucie Pitt, qui les a aidés dans la transformation du rez-de-chaussée, a choisi des teintes pâles et a fait peindre quelques éléments en bois ainsi que les briques du foyer. Pour certains, peindre des boiseries relève du sacrilège. Mais les pâlir ajoute de la luminosité. Les pièces sont maintenant plus claires et le salon est le lieu de rassemblement de la famille. Durant notre visite, les garçons de 12 et 20 ans jouaient aux échecs et Louise, leur sœur, lisait confortablement lovée sur le canapé. Une scène familière, affirment les parents.

La salle à manger, chaleureuse avec ses boiseries et ses magnifiques fenêtres, peut accueillir une quinzaine d’invités. « C’est pratique pour nous, car nous recevons régulièrement la famille et les amis qui passent de longs moments ici », note le couple.

Les quatre chambres à l’étage sont de bonnes dimensions, chacune avec des placards généreux et deux fenêtres laissant passer la lumière. Il y a deux salles de bains complètes à cet étage, dont une, pour la famille, rénovée récemment. Celle des parents a toute la beauté des anciennes avec un plancher en mosaïque de porcelaine de style Penny. La plus récente a subi une transformation importante et s’apparente au cachet de la maison.

Il y a plusieurs espaces charmants ici, à commencer par le solarium vitré situé à l’avant de la maison. Cette pièce pour le moins rare est munie d’impostes et de fenêtres à carreaux plombées. Puis, il y a le grenier avec sa chambre d’invités et son coin télé, parfait pour le cinéma maison du samedi soir.

Derrière la maison se trouve une piscine creusée en forme d’équerre permettant une terrasse et une pergola. Une petite cour parfaitement aménagée.

Pourquoi partir ? Parce que la famille s’apprête à vivre une année sabbatique. « On veut voyager et on ne veut pas laisser notre maison sans surveillance. » Ce sera donc bientôt la chasse aux grands condos.

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