Après des années de vie nomade, Marika Drolet-Ferguson et Mathieu Boucher-Côté, fondateurs du studio d’architecture Nordais, ont posé leurs bagages au bord d’une rivière de la péninsule acadienne. Ils y ont bâti une petite maison à l’arrière de celle des parents de Marika, et défini les contours d’un habitat sous le mode du partage.

Lorsque, du haut de ses 12 mois, Alix se montre un peu trop expressive, Olive, le chat, file dans la chambre d’amis en mezzanine. Un hamac y a été installé pour la lecture et la sieste. Là, le regard se perd sur le branchage du peuplier planté par le père de Marika, et la rivière où celle-ci jouait enfant. Un cadre qui inspire le lâcher-prise, peu importe la saison. Et c’est exactement ce que recherchaient Marika Drolet-Ferguson et Mathieu Boucher-Côté lorsqu’ils ont imaginé la maisonnette qui allait abriter leur famille.

PHOTO ANNIE FRANCE NOËL, FOURNIE PAR NORDAIS

Marika Drolet-Ferguson et Mathieu Boucher-Côté, fondateurs du studio d’architecture Nordais

En 2016, lors d’une résidence d’artistes en Suède, la « sommarhus », ou maison d’été des citadins avec son décor réduit à l’essentiel pour mieux profiter de la nature, les laisse songeurs. « Je trouvais que cet autre mode de vie était une philosophie en soi. Tout à coup, tout est beaucoup plus simple. Mais c’était un endroit où je voulais vivre à l’année », raconte Marika. Une petite maison, facile à entretenir et à faible empreinte carbone, séduit aussi Mathieu.

À l’époque, les jeunes architectes, qui ont étudié au Québec, voyagent beaucoup et ont pour habitude de séjourner chez Ernest et Guylaine, les parents de Marika, à Tracadie, dans la péninsule acadienne, lorsqu’ils sont au pays. L’idée d’un lieu où ils seraient près des leurs tout en restant autonomes et en ménageant leur budget chemine trois ans dans leur esprit avant que les choses prennent forme.

  • Une banquette recouverte de matelas et de coussins a été aménagée contre un mur du séjour pour dégager de l’espace de vie, et ranger les bûches pour le poêle. Deux fauteuils vintage habillés d’un tissu avec des flamands roses et des palmiers ont été restaurés sobrement pour se fondre dans le décor.

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS

    Une banquette recouverte de matelas et de coussins a été aménagée contre un mur du séjour pour dégager de l’espace de vie, et ranger les bûches pour le poêle. Deux fauteuils vintage habillés d’un tissu avec des flamands roses et des palmiers ont été restaurés sobrement pour se fondre dans le décor.

  • De grandes fenêtres ont été prévues pour profiter de la vue sur la rivière et le jardin boisé. Une grande table multifonctionnelle leur fait face.

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS

    De grandes fenêtres ont été prévues pour profiter de la vue sur la rivière et le jardin boisé. Une grande table multifonctionnelle leur fait face.

  • La cuisine en cerisier massif a été dessinée par Marika et Mathieu. Elle compte un évier à l’ancienne en pierre à savon. De grandes armoires à l’entrée permettent de concentrer dicrètement les rangements.

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS

    La cuisine en cerisier massif a été dessinée par Marika et Mathieu. Elle compte un évier à l’ancienne en pierre à savon. De grandes armoires à l’entrée permettent de concentrer dicrètement les rangements.

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Usages multiples

Marika et Mathieu font partie de cette jeune génération portée par des contraintes économiques et des valeurs fortes qui réinvente la façon de se loger. Entre deux projets, les fondateurs de Nordais élaborent leur nid de 600 pi⁠2 qui vient s’adosser à la maison de 1200 pi⁠2, construite dans les années 1980, d’Ernest et de Guylaine, surpris et heureux de cette proposition. L’agrandissement du bâtiment initial respecte sa matérialité et ses lignes grâce, notamment, à un revêtement extérieur en cèdre au profilé identique. Sa simplicité formelle lui donne cependant une allure contemporaine. La famille veille aussi à ce que cet ajout soit multifonctionnel pour permettre des replis au besoin.

PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS

La simplicité formelle du bâtiment lui donne une allure contemporaine.

« À travers toutes les discussions, il fallait confirmer et imaginer des choses. On s’est dit que si un jour, mes parents voulaient faire un switch avec nous, on pourrait changer de maison. On pourrait aussi utiliser plus tard l’agrandissement comme bureau ou le louer », indique Marika. « C’était l’opportunité d’ajouter du potentiel à la maison », ajoute Mathieu.

La nouvelle maison, construite en bonne partie par Mathieu, respecte aussi des principes écologiques. En plus du volume réduit à chauffer, principalement à l’aide de panneaux photovoltaïques, un bois local est privilégié pour la charpente, les murs en pin blanc et le mobilier intégré complété de pièces vintage restaurées. Et de vieilles planches, récupérées dans une grange, sont choisies pour le plafond. Du chanvre et des panneaux de fibres de bois recyclées assurent, quant à eux, une isolation sans failles au bâtiment.

Faire place nette

Les deux maisons communiquent par le sous-sol grâce à quelques marches qui permettent au jeune couple de rejoindre sa chambre et d’accéder à la laveuse, à la sécheuse ainsi qu’à de grands congélateur et réfrigérateur qui lui évitent d’encombrer inutilement sa jolie cuisine en cerisier massif et pierre à savon.

Si un haut plafond et de grandes fenêtres apportent une respiration bienvenue au séjour, une attention doit être portée en permanence aux choses qui y entrent. Son secret ? Ne s’entourer que d’objets nécessaires ou choisis pour leur qualité, et trier régulièrement. « Chaque mois ou même chaque semaine, il faut prendre du recul et s’assurer qu’on n’est pas en train d’accumuler. On n’a pas le luxe de cacher des choses dans d’autres pièces », relève Marika.

Mais cette rigueur n’est pas pour autant synonyme de renoncement et encore moins de sacrifice. « J’ai toujours vécu avec des choses dont je connaissais l’histoire », confie Mathieu. Ici, ce sont les moments et tout spécialement les entre-deux, volés au quotidien, qui sont chéris. Ceux qui ont allégé la pandémie et le congé de maternité de Marika, ou encore ces passages éclair de l’autre côté du mur qui illuminent une journée.

Consultez le site du du studio d’architecture Nordais