Qui découvre la ferme Humminghill pour la première fois – ses champs bucoliques, ses jardins gourmands et son bâtiment de ferme restauré pour héberger ses propriétaires – ne soupçonne pas d’emblée son passé rutilant. Il faut emprunter un sentier bordé d’arbres centenaires pour découvrir, en retrait, un pavillon de jardin entouré d’un terrain de tennis et d’une opulente piscine qui furent un jour prisés des mondains.

Avec sa forme unique qui rappelle les granges octogonales des Cantons-de-l’Est, le kiosque de baignade du domaine de Bolton-Ouest attire immanquablement l’attention. À son pinacle, haut de plus de 20 pieds, un clocheton évoque les pigeonniers conçus pour abriter les oiseaux. Quelle qu’en ait été l’inspiration pour l’architecte du temps, le résultat est une irrésistible invitation au farniente.

Quand Les Ensembliers ont pris possession du domaine, le bâtiment du mid century affichait un air délabré. Le décor, d’un kitsch hawaïen, accueillait un grand piano à queue laqué blanc à la Liberace et une cuisinette dotée d’un bar à cocktails qui ne laissaient aucune ambiguïté quant à ses antécédents festifs. « Ici, ça devait swinger ! », imagine le duo d’architecture et de design d’intérieur composé de Maxime Vandal et Richard Ouellette. « On se doute que l’endroit a été le prétexte à bien des garden-partys. »

La riche propriétaire de l’époque, Madame Benson, maîtrisait l’art de recevoir. En faisant l’acquisition d’une ancienne ferme loyaliste dans les années 1960, elle y a injecté une généreuse dose de luxe et de glamour, délaissant au passage la vocation agricole des lieux. C’est un passé plus humble du début du siècle, enraciné naturellement dans son milieu et sa terre, que cherchent aujourd’hui à raviver Les Ensembliers.

« On s’est demandé comment l’harmoniser à notre concept architectural », raconte l’architecte Maxime Vandal. Le bâtiment et sa piscine aux formes sinueuses se démarquent dans une vision plus épurée des lieux.

Ce n’est pas un match parfait, mais cette zone du terrain est en retrait. Ce qui est beau, c’est qu’on la devine à travers les arbres et qu’on la découvre au bout du parcours. Même si ça ne se fond pas parfaitement dans l’ensemble, ça reste une belle folie de jardin. C’est une destination à part.

Maxime Vandal, architecte des Ensembliers


Les meubles de jardin Les Ensembliers X Bosquet ainsi que des accessoires de la collection La Ferme Humminghill confèrent un côté moderne et bohème aux lieux.

  • Les larges fenêtres d’origine laissent passer la lumière et une douce brise durant les jours chauds d’été.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les larges fenêtres d’origine laissent passer la lumière et une douce brise durant les jours chauds d’été.

  • L’armoire tirée du décor d’origine a été le point de départ du nouvel aménagement.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’armoire tirée du décor d’origine a été le point de départ du nouvel aménagement.

  • Le tapis tissé, « premier objet cher » acheté par le couple, lie les différentes composantes du décor.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le tapis tissé, « premier objet cher » acheté par le couple, lie les différentes composantes du décor.

  • Le pavillon est accessoirisé avec les objets artisanaux de La Ferme Humminghill, dont un vide-poche en cuir de La compagnie Robinson, une bougie aux effluves potagers de Ruby Brown et des bougeoirs en calcaire recyclé d’Atelier Bussière.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le pavillon est accessoirisé avec les objets artisanaux de La Ferme Humminghill, dont un vide-poche en cuir de La compagnie Robinson, une bougie aux effluves potagers de Ruby Brown et des bougeoirs en calcaire recyclé d’Atelier Bussière.

  • Issue d’une collaboration entre Luminaire Authentik et Les Ensembliers, une suspension faite sur mesure pour les lieux s’accroche au plafond d’une hauteur de 20 pi. Cet objet sera inclus dans la collection La Ferme Humminghill à l’automne.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Issue d’une collaboration entre Luminaire Authentik et Les Ensembliers, une suspension faite sur mesure pour les lieux s’accroche au plafond d’une hauteur de 20 pi. Cet objet sera inclus dans la collection La Ferme Humminghill à l’automne.

  • La cuisinette a été remise au goût du jour et accueille désormais un frigo miniature pour les rafraîchissements.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La cuisinette a été remise au goût du jour et accueille désormais un frigo miniature pour les rafraîchissements.

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Voitures de luxe et cocktails sous le soleil

Dans les années 1960, un grand rond-point asphalté est aménagé autour de la propriété : du chic confort d’époque. Entre une partie de tennis et une baignade, les invités se prélassent dans le pavillon de jardin un verre à la main. Un parfum d’huile bronzante à la noix de coco flotte dans l’air. L’un d’eux se lève pour pianoter un air à la mode. Soleil et alcool aidant, on se gave d’anecdotes salées. Robes cocktails, personnel de maison au barbecue, champagne et voitures de luxe… un moment de détente dans une sphère sélecte.

« Madame Benson se promenait dans les alentours avec sa Rolls-Royce. C’était la dame du coin, raconte le designer d’intérieur Richard Ouellette en tentant cette reconstitution de l’époque. Elle devait être the talk of the town, autant pour les gens qui habitaient ici que ceux qui venaient de Montréal. » Les terrains de tennis étaient éclairés de nuit. On raconte d’ailleurs que les after party des internationaux de tennis se déroulaient dans ces lieux. Humminghill, étincelant d’un champêtre glamour, était le lieu de rencontre du jet set du tennis et du gratin montréalais.

Après avoir connu ses heures de gloire et de fêtes, le domaine a été mis au repos.

  • De la nouvelle collection La Ferme Humminghill (sortie prévue en août) : des bols d’Atelier EM, un pichet en grès de MA Dorval et des verres de l’artisan Charlie Larouche

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    De la nouvelle collection La Ferme Humminghill (sortie prévue en août) : des bols d’Atelier EM, un pichet en grès de MA Dorval et des verres de l’artisan Charlie Larouche

  • La zone ludique de la piscine est un incitatif à la détente pour le couple abonné aux horaires chargés.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La zone ludique de la piscine est un incitatif à la détente pour le couple abonné aux horaires chargés.

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Un bonheur discret

Les temps ont changé. Le pavillon de jardin irradie aujourd’hui un bonheur paisible. La structure en bois franc a été rafraîchie d’un coup de peinture qui la rend plus lumineuse à l’intérieur, plus sobre du dehors. Les lieux affichent désormais un style nomade californien à l’ambiance décontractée.

Le plus beau morceau qu’il y avait dans les lieux, c’est cette armoire en bois qui n’a pas été retouchée parce qu’elle était magnifique. Elle a été notre point de départ pour réinventer le décor.

Richard Ouellette, designer d’intérieur des Ensembliers

La cuisinette a été rafraîchie et a gagné un air authentique. Çà et là, on retrouve la signature des Ensembliers – des patines, des poteries, des jetés de lin, une courtepointe et autres objets artisanaux issus de la collection La Ferme Humminghill. Des tapis tissés et des meubles de jardin extraits de la dernière collaboration du tandem avec l’entreprise québécoise Bosquet contribuent aussi au décor.

D’autres projets feront éventuellement progresser cet espace : une pergola d’un côté, une terrasse aux formes organiques autour de la piscine… peut-être même un mur d’escalade, énumère le couple en riant tout en soulignant qu’il s’agit du projet numéro 25 sur une longue liste de choses à faire.


À l’arrière du pavillon, à l’abri des regards, des vestiaires pour elle et lui, un four en pierres des champs et une douche extérieure rappellent le passé chic champêtre du domaine.

  • Douche extérieure de Perrin & Rowe

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Douche extérieure de Perrin & Rowe

  • Les vestiaires sont un clin d’œil à l’époque.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les vestiaires sont un clin d’œil à l’époque.

  • Autour du pavillon de jardin, le rythme ralentit. La cuisine est aussi un instant à savourer.

    DOUCEPHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Autour du pavillon de jardin, le rythme ralentit. La cuisine est aussi un instant à savourer.

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En attendant, l’endroit remplit agréablement et fort joliment sa mission. « On aime venir y passer du temps quand il fait trop chaud ou qu’il pleut. Après une semaine chargée avec l’équipe et les clients, on vient ici pour se retrouver et décrocher, signale Maxime Vandal. On est matinaux et couche-tôt. C’est un tout autre rythme de vie que celui de l’époque ! »

Le côté public du domaine Humminghill et ses activités s’accompagnent d’un côté moins privé. Jamais personne ne se rend toutefois jusqu’à cette aire de repos. Les lieux sont un refuge. Une destination à part entière. Et c’est d’ailleurs là que le duo passera ses prochaines vacances.

« On franchit le cap de la cinquantaine et on arrive à un moment de notre vie où on veut avoir plus de temps et se faire plaisir », observe Richard, le contemplatif du couple. « C’est le seul endroit où je peux asseoir mon chum sur une chaise longue et où il finit parfois même par s’endormir. Sans ça, c’est impossible de l’arrêter, dit-il avec amusement. Ici, on s’arrime sans effort. Rien n’est compliqué ! »

Le duo rêve toutefois d’y voir des gens débarquer. Quand le rythme sera plus lent, que les virus planeront moins fort au-dessus des étés. Peut-être alors y aura-t-il à nouveau des garden-partys autour de la piscine. Et qui sait… « Je deviendrai peut-être la Madame Benson du coin ! »

Consultez le site des Ensembliers Découvrez la collection La Ferme Humminghill