Charmé par la baie de Caraquet, dans la péninsule acadienne, un couple a choisi d’y enraciner sa vie de famille. Il a confié la réhabilitation d’une maison bicentenaire au jeune studio d’architecture Nordais, qui s’est appuyé sur le savoir-faire des artisans d’hier et d’aujourd’hui pour façonner un intérieur où le bois imprime sa force tranquille.

Des planches ont longtemps caché les fenêtres arrière de la petite maison blanche en bordure de falaise. Le vent peut être costaud sur la côte Atlantique. C’est d’ailleurs lui qui a inspiré à Marika Drolet-Ferguson et à Mathieu Boucher-Côté le nom de l’atelier fondé en 2019 au retour d’un voyage de recherche en Islande.

« Ce terme, formé des mots “nord” et “est”, est très utilisé dans le monde marin, explique Marika. Le vent du nord-est, c’est le vent des tempêtes au Nouveau-Brunswick. Quand il est trop fort, les pêcheurs ne sortent pas en mer. » La jeune architecte, née dans la péninsule acadienne, s’y est établie avec son compagnon originaire de Québec après des études à Laval et à Gênes.

PHOTO MYLÈNE THÉRIAULT, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

La maison de bois, bâtie il y a près de 200 ans à Sainte-Anne-du-Bocage, est l’une des plus anciennes de la région de Caraquet.

La maison de bois, bâtie il y a près de 200 ans à Sainte-Anne-du-Bocage, est l’une des plus anciennes de la région de Caraquet. Elle aurait abrité des personnages singuliers et des hôtes de passage heureux de pouvoir se reposer sur une paillasse au grenier. Un lieu historique que son propriétaire refusait de voir céder la place à une construction moderne. Par chance, son chemin a croisé celui de Marie-Christine Haché et de Matthias Werner qui ont deviné le potentiel de la bâtisse inhabitée depuis des années.

Si l’intérieur aux pièces étroites comptait de nombreuses moisissures, l’étage, qui n’avait jamais été aménagé, permettait de se faire une idée de la magnifique structure en bois de la maison. « On pouvait voir le travail des gens qui l’avaient construite », se souvient Marie-Christine.

Les sensibilités respectives de Marika, par ailleurs artiste visuelle, et de Mathieu, titulaire d’une maîtrise en sciences axée sur le génie du bois, contribueront à faire de ce projet une œuvre authentique où la matière a la part belle.

Enveloppe de bois

  • La cuisine

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

    La cuisine

  • Le bois est bien présent dans la cuisine.

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

    Le bois est bien présent dans la cuisine.

  • La salle à manger

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

    La salle à manger

  • Petit coin lecture

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

    Petit coin lecture

  • Une chambre

    PHOTO FÉLIX MICHAUD, FOURNIE PAR NORDAIS ARCHITECTURE

    Une chambre

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L’isolation est travaillée de l’extérieur grâce à une nouvelle charpente de bois qui vient envelopper la maison dont les fondations sont également refaites. Les poutres et planches, derrière des couches d’écorce de bouleaux, de plâtre et de papier peint, peuvent ainsi être mises à nu pour révéler sa structure originale.

Pour ce projet hors normes, les architectes s’entourent de Jacques Gionet, ancien constructeur de bateaux, qui dirige le chantier. « Comme il s’occupait autrefois de l’intérieur des bateaux, nous disions souvent, pour blaguer, qu’il était à l’aise avec les murs croches », sourit Mathieu. L’articulation de l’espace est revue pour accueillir une grande cuisine avec un plafond cathédrale grâce à un étage en mezzanine. « Lorsque je vivais à Montréal, j’aimais beaucoup les hauts plafonds », explique Marie-Christine qui, comme son conjoint, aime expérimenter de nouvelles recettes.

Le séjour et la chambre à l’étage, côté fleuve, sont pourvus de fenêtres bandeaux pour réduire la surface vitrée exposée au vent du nord, mais aussi mettre en valeur l’horizon et ses couchers de soleil spectaculaires. Matthias, qui a grandi en Allemagne, veille à ce que la Maison du Bocage s’inscrive dans une démarche durable. En plus de débarrasser les boiseries de résine et de suie, il récupère les planches des anciennes cloisons pour construire un garde-manger dans un coin de la cuisine.

Faire partie de l’histoire

« Nous voulions faire partie de l’histoire de la maison », souligne Marie-Christine. Dans cette logique, les poutres et planches qui viennent consolider les lieux sont laissées brutes pour marquer la nouvelle vie qui y prend place. Les imperfections du bois sont appréciées comme autant de traces du temps passé. « Où qu’il se pose, l’œil tombe sur un détail qu’il observe et admire, c’est reposant », note Marie-Christine, habituée à un rythme rigoureux dans son quotidien de médecin.

Dans cette maison de 748 pi2, la décoration a été réduite à l’essentiel pour laisser parler les murs. « Chaque fois que j’y suis, cela me fascine d’imaginer ces arbres qui ont vu tant de gens », confie Marika. « Pour nous, le patrimoine est une chose vivante, ajoute Mathieu. Cette maison qui, grâce au travail d’artisans, entame un nouveau chapitre de son existence, est à ce titre exemplaire. »

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