Perchée entre les rochers, emmitouflée dans sa forêt de pruche et de feuillus, une maison à l’aspect singulier s’ouvre sur la nature tout en se faisant discrète. Dans cet environnement où le temps est suspendu à l’instar du décor, une famille puise un second souffle hors de la ville et prend un nouvel élan.

Juchée sur des échasses, à cran de rochers de part et d’autre, la Maison Forêt — telle que baptisée par celle qui a dessiné son volume longiligne — révèle d’étonnants contrastes à qui gravit son relief escarpé et plombé de pierres imposantes. Elle se présente : aérienne, lumineuse. En communion avec une nature robuste qu’elle met en valeur sous tous ses angles et à laquelle elle rend hommage.

Dessiner une maison sur un terrain accidenté et semé de massifs rocheux venait avec certains défis, révèle l’architecte Natalie Dionne, qui a marché les trois acres de sol forestier en long et en large avec les propriétaires afin de trouver l’emplacement idéal. « On comprenait que si on avait installé toute la superficie de la maison au sol, elle aurait été à l’ombre des arbres et en cuvette entre les rochers. »

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Essentiellement suspendue, la maison prend contact avec le sol au niveau de l’entrée (à droite sur la photo). Cette portion de la maison abrite le grand dortoir des enfants, une salle de bains ainsi qu’un vestibule. Le béton des fondations, laissé brut, rappelle l’environnement minéral.

Or, la luminosité était un critère incontournable pour les propriétaires qui fantasmaient sur des pièces baignées de lumière et rêvaient depuis longtemps d’une maison sur pilotis comme celles qui font le charme de Cap Hatteras, en Caroline du Nord. La solution s’est imposée d’elle-même : hisser la structure pour grappiller le maximum de rayons du soleil à toute heure du jour, en étant le moins invasif possible pour l’environnement. Une fondation de 750 pi2 a tout de même dû être érigée d’un côté du bâtiment pour respecter les exigences de la municipalité quant à la superficie minimale au sol.

Une maison dans les arbres

PHOTO RAPHAËL THIBODEAU

« On s’est dit : c’est complètement fou de construire ici, lance la propriétaire, Martine Bleau, mais c’est aussi ce qui donne le caractère unique à cette maison. »

Construite essentiellement à trois mètres de la terre, la maison se dessine comme une passerelle entre les rochers, impossible à ignorer dans ce paysage qu’elle surplombe sans toutefois le dominer. Une fois rendue à destination, la voiture s’engouffre sous sa structure et s’éclipse pour faire oublier la ville. Entouré de nature, le lieu est propice à la contemplation.

« Ici, le temps s’arrête et les épaules nous baissent instantanément. C’est clairement bon pour le moral », constate Martine Bleau, qui a acquis le terrain avec son conjoint en 2016 dans la foulée d’un projet commun avec des amis. L’idée était au départ d’acheter un grand lot à plusieurs pour y construire plusieurs petites maisons et partager les frais d’entretien. L’entreprise s’est toutefois révélée plus complexe que prévu.

  • Le revêtement extérieur en cèdre blanc, grisonnant grâce à l’application d’un accélérateur de vieillissement, a l’avantage de se fondre dans l’environnement et de n’exiger aucun entretien.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Le revêtement extérieur en cèdre blanc, grisonnant grâce à l’application d’un accélérateur de vieillissement, a l’avantage de se fondre dans l’environnement et de n’exiger aucun entretien.

  • À flanc de falaise d’un côté, mais protégée par la canopée de l’autre, la maison est à la fois « assise » et flottante.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    À flanc de falaise d’un côté, mais protégée par la canopée de l’autre, la maison est à la fois « assise » et flottante.

  • Du côté de la salle à manger, le bâtiment s’étire pour gagner une lumière du sud et un autre point de vue sur le paysage.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Du côté de la salle à manger, le bâtiment s’étire pour gagner une lumière du sud et un autre point de vue sur le paysage.

  • La grande galerie offre une vue sur les montagnes environnantes et sur le petit lac écologique partagé par les 14 résidants du secteur.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    La grande galerie offre une vue sur les montagnes environnantes et sur le petit lac écologique partagé par les 14 résidants du secteur.

  • La terrasse est exposée au soleil toute la journée en été. « C’est de là que l’on regarde les derniers rayons du soleil avec un verre de vin à la main », dit Martine.

    PHOTO RAPHAËL THIBODEAU

    La terrasse est exposée au soleil toute la journée en été. « C’est de là que l’on regarde les derniers rayons du soleil avec un verre de vin à la main », dit Martine.

  • Quand la température le permet, l’immense porte-fenêtre s’ouvre grand pour faire le pont entre l’intérieur et l’extérieur.

    PHOTO RAPHAËL THIBODEAU

    Quand la température le permet, l’immense porte-fenêtre s’ouvre grand pour faire le pont entre l’intérieur et l’extérieur.

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C’est en visitant un terrain dans les environs que le couple est tombé par hasard sur un nouveau projet à Bolton-Est. Le coup de cœur a été immédiat. « On avait besoin d’un projet. On s’est dit, go ! » L’un des couples d’amis a acheté le terrain d’à côté tandis qu’un autre s’est posté sur la rive d’en face.

« On ne voulait pas se retrouver seuls à la retraite. L’été, on se croise en plein milieu du lac, dit-elle avec amusement. On s’est dit qu’on pourrait éventuellement se faire un club de marche. » Les enfants du groupe ont par ailleurs grandi ensemble et se retrouvent avec plaisir dans cet environnement.

Nos enfants sont rendus grands. Ils ont de plus en plus leur propre vie. Au début, on s’est demandé : est-ce qu’ils viendront ? Finalement, ils commencent à s’acheter des voitures pour être autonomes et venir nous rejoindre au chalet.

Martine Bleau

La famille se réinvente ici autrement autour de bonnes bouffes et d’activités au grand air.

Vivre ensemble après

  • Le rez-de-chaussée est une grande aire ouverte quasi sans cloisons. L’enfilade de pièces débute avec la salle à manger et la cuisine, et se termine avec la chambre principale. Derrière le grand foyer du salon sont dissimulés l’escalier, puis la salle de bains. L’ensemble, vitré de part et d’autre, est inondé de lumière.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Le rez-de-chaussée est une grande aire ouverte quasi sans cloisons. L’enfilade de pièces débute avec la salle à manger et la cuisine, et se termine avec la chambre principale. Derrière le grand foyer du salon sont dissimulés l’escalier, puis la salle de bains. L’ensemble, vitré de part et d’autre, est inondé de lumière.

  • Deux immenses îlots occupent l’espace cuisine et offrent quantité de rangement. On y circule nombreux sans se marcher sur les pieds. L’évier, surmonté d’une grande fenêtre, se fait discret dans son alcôve où des étagères en bois apportent un côté chaleureux.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Deux immenses îlots occupent l’espace cuisine et offrent quantité de rangement. On y circule nombreux sans se marcher sur les pieds. L’évier, surmonté d’une grande fenêtre, se fait discret dans son alcôve où des étagères en bois apportent un côté chaleureux.

  • La salle à manger est suspendue au-dessus de la falaise et permet de gagner plus de lumière encore.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    La salle à manger est suspendue au-dessus de la falaise et permet de gagner plus de lumière encore.

  • Le bois est omniprésent et contribue à la chaleur des lieux. Le plafond structurel en bois, que l’architecte considère être « son bonbon », est pigmenté de blanc pour augmenter la luminosité des pièces et éviter son jaunissement.

    PHOTO FOURNIE PAR RAPHAËL THIBODEAU

    Le bois est omniprésent et contribue à la chaleur des lieux. Le plafond structurel en bois, que l’architecte considère être « son bonbon », est pigmenté de blanc pour augmenter la luminosité des pièces et éviter son jaunissement.

  • Derrière le grand foyer du salon sont dissimulés l’escalier et la salle de bain. Le salon, vitré de part et d’autre, est inondé de lumière.

    PHOTO FOURNIE PAR RAPHAËL THIBODEAU

    Derrière le grand foyer du salon sont dissimulés l’escalier et la salle de bain. Le salon, vitré de part et d’autre, est inondé de lumière.

  • La passerelle, ajourée au plancher, crée des motifs de lumière à l’étage inférieur.

    PHOTO FOURNIE PAR RAPHAËL THIBODEAU

    La passerelle, ajourée au plancher, crée des motifs de lumière à l’étage inférieur.

  • Couverts par le massif rocheux, les occupants bénéficient d’une vue sur la forêt et d’une intimité à l’heure du bain.

    PHOTO FOURNIE PAR RAPHAËL THIBODEAU

    Couverts par le massif rocheux, les occupants bénéficient d’une vue sur la forêt et d’une intimité à l’heure du bain.

  • Rien à ajouter au décor épuré de la chambre principale où les fenêtres, nombreuses, encadrent la nature et en font des tableaux.

    PHOTO FOURNIE PAR RAPHAËL THIBODEAU

    Rien à ajouter au décor épuré de la chambre principale où les fenêtres, nombreuses, encadrent la nature et en font des tableaux.

  • Avec ses quatre lits à deux places (queen) superposés, le grand dortoir peut accueillir 10 invités. Le canapé se transforme en couche au besoin.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Avec ses quatre lits à deux places (queen) superposés, le grand dortoir peut accueillir 10 invités. Le canapé se transforme en couche au besoin.

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L’idée d’un dortoir comprenant quatre lits à deux places a d’abord fait sourciller les trois enfants âgés de 20 à 25 ans, qui y trouvent aujourd’hui un petit côté sympathique d’« auberge espagnole » sans lequel certaines situations n’auraient pas le même… charme !

« Je ne sais pas si, ados, on aurait eu autant de plaisir à venir, mais là, c’est du bonheur, estime Alice. Ça nous permet de vivre des moments en famille qu’on n’aurait pas eus autrement et d’avoir une relation d’adultes à adultes avec nos parents. » L’endroit est apaisant, accueillant, relève sa cadette Marie, en soulignant leur chance de pouvoir profiter de ce confort. « Je ne m’habitue pas aux paysages. Ici, on se réveille avec les rayons du soleil et ça sent bon. »

Le lac offre par ailleurs l’occasion de faire plusieurs activités comme du kayak ou de la planche à pagaie. Ce qui s’ajoute aux nombreux autres attraits du coin. La région est un parfait terrain de jeu, souligne le couple qui souhaite éventuellement s’y installer à temps plein et prendre un pied à terre en ville. C’est d’ailleurs parce qu’ils voulaient avoir plus de temps pour « jouer dehors » que Martine et son conjoint ont choisi de s’y simplifier la vie en élaguant leurs biens.

Facile à entretenir, l’intérieur « respire » tandis que l’horizon, visible de partout, laisse voguer le regard. L’ensemble a l’effet d’un grand bol d’être frais ! C’est dans ce refuge aménagé pour leur vie à deux que le couple souhaite continuer à collectionner les moments en groupe : autour de bons plats cuisinés dans l’immense cuisine ou lors de 5 à 7 sur la terrasse ensoleillée. Mise en veilleuse socialement en raison de l’isolement, la Maison Forêt garde un esprit grégaire. Elle est déjà une sublime fabrique de souvenirs.