Au bord du lac Brome, deux frères ont, en quelque sorte, trouvé le meilleur des mondes. Ils se sont fait construire un seul chalet pour leurs deux familles, rempli d’endroits où ils peuvent passer du temps ensemble, mais aussi habilement divisé afin que chacun ait un espace bien à soi.

La maison à la façade noire bien singulière se dresse sur le terrain familial dont les deux frères ont hérité. Ils ont fait appel au designer Félix Schwimmer pour construire un chalet remplaçant l’ancien et répondant davantage à leurs besoins, soit un endroit qui peut accueillir leurs conjointes et leurs enfants, mais aussi leurs nombreux amis.

La résidence a été créée afin que tous puissent se réunir, fêter, manger et s’amuser au rez-de-chaussée. À l’étage, toutefois, chacune des deux familles possède ses propres chambres et salles de bains dans deux ailes distinctes.

  • Une corde d’escalade a été installée dans l’espace où le plafond a une double hauteur, contribuant à rendre le salon « public » encore plus ludique.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Une corde d’escalade a été installée dans l’espace où le plafond a une double hauteur, contribuant à rendre le salon « public » encore plus ludique.

  • Vue des deux salons : au fond, celui plus privé, qui donne sur une grande fenêtre contemplative ; à l’avant-plan, le lieu de rassemblement pour les occasions sociales, adjacent à la salle à manger.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Vue des deux salons : au fond, celui plus privé, qui donne sur une grande fenêtre contemplative ; à l’avant-plan, le lieu de rassemblement pour les occasions sociales, adjacent à la salle à manger.

  • Ces deux salons sont séparés par une cheminée centrale en béton, qui coupe visuellement l’espace.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Ces deux salons sont séparés par une cheminée centrale en béton, qui coupe visuellement l’espace.

1/3
  •  
  •  
  •  

Le rez-de-chaussée accueille donc la cuisine, la salle à manger, le foyer et le salon. Ou plutôt les salons, car il y en a deux, séparés par une cheminée centrale. « L’idée, c’était de faire un salon plus intime, pour jouer de la musique et être plus près les uns des autres, et un autre salon, près de la salle à manger, lorsque c’est plus festif », résume Félix Schwimmer.

Le premier salon possède un plafond plus bas, pour créer un espace enveloppant. Le second, au contraire, a été logé dans la double hauteur, répondant du même coup à son côté plus expansif. On y a même installé une corde d’escalade, un élément qui est arrivé en cours de projet ! « C’était l’idée du client. Donc on a ajouté une poutre supplémentaire pour renforcer les solives qui étaient là, explique le designer. Ça rentre un peu dans le concept où le salon à la double hauteur, c’est celui où on s’amuse, où on est plus actif, et l’autre salon avec le plafond plus bas est plus méditatif, avec la fenêtre pour regarder à l’extérieur. »

  • À l’étage, les parois du « canyon » ont été revêtues de bois pour marquer encore plus la coupure entre les deux côtés du bâtiment.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    À l’étage, les parois du « canyon » ont été revêtues de bois pour marquer encore plus la coupure entre les deux côtés du bâtiment.

  • De chaque côté de cet atrium se déploient les chambres et les salles de bains respectives des deux familles.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    De chaque côté de cet atrium se déploient les chambres et les salles de bains respectives des deux familles.

1/2
  •  
  •  

Au centre du rez-de-chaussée se dresse l’escalier qui mène à l’étage. Il se situe au milieu d’un grand espace que Félix Schwimmer appelle le « canyon », qui sépare la maison en deux. Effectivement, à l’étage, chaque famille possède deux chambres et une salle de bains.

Cette sorte d’atrium est reconnaissable par les trois surfaces de bois qui entourent l’escalier : « Les deux murs et le plafond qui sont en bois, c’est un peu ce que j’appelle le canyon, c’est l’espace qui sépare le tout en deux », souligne le designer.

Un revêtement noir

Ce qui frappe de cette maison, c’est d’abord son enveloppe noire, constituée de bois carbonisé. Pour atteindre ce résultat, ils ont reproduit et modernisé une méthode ancestrale japonaise appelée Shou Sugi Ban. En brûlant ainsi la surface extérieure du bois, on le protège contre les intempéries et le vieillissement. « Ça le fige dans le temps », illustre Félix Schwimmer.

« Ce n’est pas n’importe quel bois qu’on peut utiliser, il faut qu’il ait des caractéristiques particulières », enchaîne-t-il. Le cèdre n’étant pas disponible, ils ont dû se rabattre sur leur deuxième choix, le mélèze, qui a finalement surpassé les attentes. « Il a encore mieux réagi à la carbonisation », s’étonne encore Félix.

Le bois a été brûlé sur place, sur le chantier, avant d’être posé par l’entrepreneur. Il a aussi été huilé afin de ne pas laisser de traces noires sur les doigts.

Tout le monde a dû y mettre du sien pour réaliser cette façade hors du commun, affirme Martin Durocher, cofondateur de Parkhouse Immobilier, l’entreprise qui a fait la construction. « Mettre en œuvre la vision architecturale de Félix comportait d’immenses défis. Nous avons développé notre propre expertise pour le revêtement extérieur en bois brûlé », explique-t-il au sujet de ce travail d’équipe.

  • La façade noire est entrecoupée de renfoncements, qui indiquent chacun une entrée. Devant, en L, se trouve l’entrée latérale, alors que le mudroom est au fond.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    La façade noire est entrecoupée de renfoncements, qui indiquent chacun une entrée. Devant, en L, se trouve l’entrée latérale, alors que le mudroom est au fond.

  • Au rez-de-chaussée, on trouve l’espace communautaire pour la fratrie et les amis ; à l’étage, les chambres respectives des deux familles ; et au centre, une double hauteur où l’on peut s’adonner à la grimpe au lieu d’emprunter les escaliers !

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Au rez-de-chaussée, on trouve l’espace communautaire pour la fratrie et les amis ; à l’étage, les chambres respectives des deux familles ; et au centre, une double hauteur où l’on peut s’adonner à la grimpe au lieu d’emprunter les escaliers !

  • Le renfoncement dans la façade latérale se poursuit pour épouser la forme de la fenêtre du haut, créant ainsi une alcôve.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Le renfoncement dans la façade latérale se poursuit pour épouser la forme de la fenêtre du haut, créant ainsi une alcôve.

1/3
  •  
  •  
  •  

Des abris

La deuxième chose que l’on remarque de la façade, ce sont les renfoncements qui la ponctuent. Et à ces endroits, le revêtement est alors teint de bois naturel.

Ces changements de forme et de ton ne sont pas accidentels : ils servent à identifier les trois entrées, qui possèdent chacune une fonction distincte. Il y a d’abord le vestiaire (ou mudroom), qui donne directement sur le lac, où on peut laisser ses vêtements ou son matériel sale quand on revient de pêche, de vélo, de ski – il faut savoir que les deux frères sont très sportifs ! On a ensuite l’entrée latérale, adjacente à la salle à manger et à la cuisine, « pour aller chercher du bois ou faire du jardinage ». Et finalement, il y a l’entrée principale à laquelle on accède quand on arrive en voiture.

Pour marquer chacun de ces accès, le volume est renfoncé vers l’intérieur pour créer une sorte d’abri. Ces petites loggias recouvertes de bois naturel sont facilement reconnaissables puisqu’elles contrastent fortement avec le noir du reste de la façade. « Donc c’est comme une marquise, il y a un porte-à-faux, et devant chaque porte, on est protégé par l’étage du haut », résume Félix Schwimmer.

Mais ce n’est pas tout : le renfoncement de l’entrée latérale se poursuit dans la fenêtre du haut, formant une sorte d’œillère. Cette petite alcôve a une double fonction, d’abord de protéger la façade des rayons du soleil en été, en plus de cadrer précisément la vue qu’on a à partir de la fenêtre (puisque les voisins sont plus proches que les photos ne le laissent supposer !).

  • Vue de la façade avant, où on stationne les voitures. Afin d’éviter qu’elles obstruent la vue, les fenêtres sont toutes cadrées plus haut que le niveau normal d’une auto.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Vue de la façade avant, où on stationne les voitures. Afin d’éviter qu’elles obstruent la vue, les fenêtres sont toutes cadrées plus haut que le niveau normal d’une auto.

  • La vue « forêt », cadrée au fond de la cuisine.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    La vue « forêt », cadrée au fond de la cuisine.

  • La vue « lac », devant la salle à manger.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    La vue « lac », devant la salle à manger.

1/3
  •  
  •  
  •  

Parlant de vue, il n’y a pas que celle sur le lac qui s’avère intéressante ; il y a aussi l’aspect « forêt », que l’architecture des lieux met également en valeur. « Dans la cuisine, d’un côté on regarde le lac, mais de l’autre, en haut du comptoir, on peut voir la forêt. C’est un élément contemplatif qui est différent du lac », énonce Félix Schwimmer.

Puisque c’est aussi de ce côté que se trouve le stationnement, il fallait trouver un moyen de cadrer des ouvertures sans pour autant avoir une vue sur les voitures. C’est pourquoi les fenêtres de cette façade sont toutes placées plus haut… que le niveau d’une auto !

  • La façade noire est entrecoupée de renfoncements, qui indiquent chacun une entrée. Devant, en L, se trouve l’entrée latérale, alors que le mudroom est au fond.

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    La façade noire est entrecoupée de renfoncements, qui indiquent chacun une entrée. Devant, en L, se trouve l’entrée latérale, alors que le mudroom est au fond.

  • Au rez-de-chaussée, on trouve l’espace communautaire pour la fratrie et les amis ; à l’étage, les chambres respectives des deux familles ; et au centre, une double hauteur où l’on peut s’adonner à la grimpe au lieu d’emprunter les escaliers !

    PHOTO FOURNIE PAR ADRIEN WILLIAMS

    Au rez-de-chaussée, on trouve l’espace communautaire pour la fratrie et les amis ; à l’étage, les chambres respectives des deux familles ; et au centre, une double hauteur où l’on peut s’adonner à la grimpe au lieu d’emprunter les escaliers !

1/2
  •  
  •