Il vit depuis plus de 30 ans dans une maison qui a du vécu et du caractère. À l'image du propriétaire des lieux. Bernard Landry, 79 ans, est bien enraciné dans son village de Verchères, sur la Rive-Sud.

«Je me considère chanceux», confie-t-il.

Cette maison-là, il l'a repérée alors qu'il en menait large sur le plan politique: il était ministre d'État au Développement économique.

«À l'époque, Lorraine et moi, raconte-t-il à propos de sa femme aujourd'hui disparue, on rêvait d'une maison historique, quelque part à la campagne. Puis, on a vu une pancarte À vendre. On a été séduits immédiatement. On a acheté sans négocier le prix demandé par le vendeur.»

De solides fondations

Mais la maison avait besoin d'amour, concède Bernard Landry, qui y vit maintenant avec Chantal Renaud. Le propriétaire reconnaît d'emblée qu'il a mis les énergies, et de belles sommes d'argent, pour redonner du coffre à cette ancestrale plus de deux fois centenaire. La demeure possède un grand parterre tout vert qui s'étend jusqu'au fleuve Saint-Laurent, d'où on peut voir glisser les petits et les plus gros bateaux, de la fenêtre du salon.

«Je tenais à ce qu'on respecte le style québécois, mais fortement inspiré des maisons qu'on trouve en Normandie», insiste Bernard Landry, qui a grandi dans une ferme dans Lanaudière, à Saint-Jacques- de-Montcalm.

«J'ai fait appel aux artisans locaux pour les travaux de restauration, dit-il. J'ai pris des décisions, tout comme Chantal.»

«On voulait que la maison conserve ses origines. On voulait aussi des meubles fabriqués pour nous, par des artisans, et on a fait la tournée des antiquaires.»

Il y avait le bâtiment principal, ce qu'il appelle la vieille maison, et tout à côté, le pavillon d'été. Puis la grange, devenue une grande pièce pour lire, discuter, écouter de la musique classique, du Brassens, regarder la télé, ou ne rien faire, tout simplement.

Récemment, Bernard Landry a fait construire un garage «pour remplacer l'abri Tempo qui n'était pas très adapté à une vieille maison!», fait-il remarquer, avec humour.

Des livres et des livres

C'est dans la grande pièce que Bernard Landry empile les centaines de livres et d'ouvrages historiques, économiques et politiques, dans un coin bibliothèque enrichi de photos personnelles, dont celle de sa mère, Thérèse Granger, morte à l'âge de 100 ans.

«Ça représente à mes yeux l'histoire du Québec et celle du monde, dans son ensemble», évoque-t-il.

Sa maison est aussi un lieu de rassemblement pour ses 12 petits-enfants et ses 2 arrière-petits-enfants, qui ne manquent pas une occasion d'aller patauger dans la piscine de leur grand-père.

«Il y a beaucoup d'action et d'activité dans la maison et à l'extérieur, surtout les jours de fin de semaine!» constate-t-il, amusé.

«C'est une maison faite pour recevoir du monde, ajoute-t-il. Nous avons 10 chambres à coucher. On peut accueillir 30 personnes en même temps!»

Quand la visite est partie, on peut deviner que l'ancien premier ministre du Québec prend le temps de marcher dans son grand terrain, où se dressent des arbres matures, des saules pleureurs, des pins. Ça lui permet de réfléchir en silence, certains jours où le vent souffle fort dans le couloir Québec-Ottawa...

Le parcours de Bernard Landry

Premier ministre du Québec de 2001 à 2003, Bernard Landry a aussi occupé les postes de ministre d'État au Développement économique, du Développement économique, du Commerce extérieur, des Relations internationales et des Finances. Il est diplômé en droit de l'Université de Montréal. Il a aussi en poche un diplôme en économie et finance de l'Institut d'études politiques de Paris. Aujourd'hui, il donne des conférences dans les cégeps et les universités, et il enseigne l'économie internationale à l'Université du Québec à Montréal. Il est président d'honneur de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. Il s'implique bénévolement au sein de l'organisme «Un vélo, une ville» (transport gratuit en triporteurs aux aînés), de la Fondation Lionel-Groulx (promotion de l'histoire nationale du Québec) et de l'orchestre de chambre Appassionata.

Photo André Pichette, La Presse

La maison a été construite en 1771. Quand le temps est beau et qu’il fait doux, Bernard Landry prend l’air. Sur le grand terrain, les saules immenses ont traversé le temps et les saisons.