Nous avons tous notre endroit préféré dans la maison. Des gens nous font découvrir leur pièce de prédilection.

À l’achat de la maison, la sombre pièce au sous-sol ne payait pas de mine, admettent ses propriétaires. Mais chacun de ses défauts représentait un moteur de création aux yeux de ce couple qui trouve son bonheur dans un bouillonnement artistique.

« Dès la première visite, j’ai vu aussitôt l’atelier que nous avions toujours rêvé d’avoir, Pierre et moi. C’était une pièce assez ordinaire, avec des tuyaux au plafond et des piliers en plein milieu à cause du métro qui passe en dessous. Mais, à mes yeux, ces colonnes divisent l’espace parfaitement ! », s’exclame Fabienne Drouin, encore excitée par le souvenir de ces premiers pas dans leur duplex d’Ahuntsic, il y a 20 ans.

Son mari, Pierre Bourque, acquiesce. « Fabienne a vu avant tout le monde ce que cette pièce pouvait devenir. Elle a imaginé ce qu’elle est aujourd’hui : un lieu de création parfait pour nous deux », dit-il.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Des œuvres décorent la pièce.

La pièce témoigne en effet de l’imagination foisonnante de cette enseignante d’arts plastiques, aujourd’hui à la retraite, et de ce massothérapeute passionné par l’invention de jeux de société. Murs et étagères regorgent de photos, calepins de dessins, œuvres mixtes et pièces de jeux accumulés au fil des ans.

D’autres projets, certains aboutis et d’autres en attente de temps ou d’inspiration, s’empilent sur les tables de travail et le long des murs.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’espace de création est vaste.

Effervescence créatrice

Jamais à court d’idées, Fabienne Drouin s’adonne sans frein à toute technique de peinture, de dessin et de métiers d’art. De son côté, Pierre Bourque n’hésite pas à apprivoiser la machine à coudre ou la scie à chantourner pour créer les pièces tout droit sorties de son esprit ludique.

« Parfois, Fabienne me dit que je devrais tester ma mécanique de jeu avant de consacrer autant de temps à son esthétique. Mais, dans ma tête, je connais déjà toutes les règles et les éléments dont j’ai besoin », confie M. Bourque. Ses joutes d’adresse, il les crée surtout pour amuser les enfants du service de garde, à l’école voisine, où il travaille. Il possède trois jeux commercialisés à son actif.

  • Fabienne Drouin ne manque jamais d’idées à réaliser !

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Fabienne Drouin ne manque jamais d’idées à réaliser !

  • Fabienne Drouin est une enseignante d’arts plastiques à la retraite.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Fabienne Drouin est une enseignante d’arts plastiques à la retraite.

  • Il y a tout le matériel pour peindre, et plus encore !

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Il y a tout le matériel pour peindre, et plus encore !

  • Quelques œuvres du couple sont exposées.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Quelques œuvres du couple sont exposées.

  • Chacun travaille dans son espace à la création du projet du moment.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Chacun travaille dans son espace à la création du projet du moment.

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Cette pièce est un endroit d’émulation pour Pierre et moi. Je n’hésite jamais à lui demander conseil sur ce que je fais, à valider des idées auprès de lui. Et l’inverse est aussi vrai.

Fabienne Drouin

« Fabienne a souvent des éclairs de génie, confirme son mari, admiratif. Elle fait avancer mes idées en me suggérant des approches que je n’avais pas envisagées. »

Deux complices

Cette complicité ludique et artistique a toujours fait la marque de commerce de ce couple un brin dépareillé, lui avec ses six pieds presque et demi, et elle avec ses 5 pieds tout juste. « J’ai vérifié la hauteur des plafonds avant d’acheter la maison », glisse la femme, sourire en coin.

Les cadres de porte ont néanmoins été rehaussés après deux pénibles chocs frontaux, précise le géant.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

L’art et la création sont des passions communes de Pierre et de Fabienne.

À l’époque de leurs premières fréquentations, Fabienne Drouin occupait un emploi d’encadreuse. Ses envies artistiques, elle les gardait pour ses loisirs personnels. « Mais je lui répétais qu’elle devrait plutôt se consacrer à ce qu’elle met dans ses cadres », raconte son amoureux qui a su se faire persuasif.

Après un retour aux études, Mme Drouin a enseigné les arts pendant 20 ans dans les écoles secondaires. Encore aujourd’hui, elle donne des cours dans un centre communautaire près de chez elle.

De son côté, M. Bourque a ajouté la pratique de l’acupuncture à celle de la massothérapie. Mais son dada, ce fut toujours la création de jeux. Alors, les soirs et les fins de semaine, ils les ont consacrés bien souvent à leurs projets personnels, côte à côte, dans leur petit appartement.

D’où le bonheur d’avoir trouvé un grand espace de création à l’achat de leur maison. Les vulgaires tuyaux d’ABS ont été peints pour qu’ils se camouflent à travers la tuyauterie cuivrée. Les planchers de ripes de bois ont été laissés en place pour conserver le cachet artisanal, et leur nouvelle couleur jaune a aussitôt illuminé la pièce. Des meubles récupérés ici et là ont complété le tableau à merveille.

« C’est tout ce dont on avait longtemps rêvé », confie Mme Drouin.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

La pièce est pour le couple un espace de liberté.

Plaisirs et liberté

Les années ont passé, mais le couple trouve toujours un plaisir renouvelé à y descendre, une bouteille et deux coupes à la main, à la fin de la journée. « J’attends toujours ce moment-là. Je demande à Fabienne : “Quand est-ce que tu descends ?” Je suis aussi impatient qu’un enfant », reconnaît M. Bourque.

Une fois réunis, ils lancent la musique, se permettent quelques pas de danse ou entreprennent une partie d’impro selon de nouvelles règles faites maison. « Fabienne a un talent de comédienne incroyable. Elle parvient à tenir trois rôles à la fois », souligne son compagnon de jeu.

« C’est un lieu de liberté. Ici, on peut être ce qu’on veut », résume Mme Drouin.