J’ai dévoré les mémoires de l’acteur canado-américain Matthew Perry, qui a été catapulté au firmament des étoiles d’Hollywood grâce au personnage super sarcastique de Chandler Bing – ou Chanandler Bong, selon son abonnement à TV Guide – de la sitcom Friends.

Ce rôle l’a rendu ultrariche, certes, mais pas plus heureux. Dans son excellent livre, qui s’intitule Friends, mes amours et cette chose terrible, Matthew Perry raconte avec beaucoup d’autodérision, de sensibilité et de détails les ravages de son alcoolisme et de sa toxicomanie, qui l’ont mené dans tous les centres de réadaptation des États-Unis et de l’Europe. J’exagère à peine.

Le comédien, qui a grandi à Ottawa et à Montréal, a été en désintox 65 fois et a dilapidé près de 10 millions dans ces cures qui n’ont jamais fonctionné. Jusqu’à ce qu’il frôle la mort, à l’été 2018, et que ses intestins explosent, littéralement.

Maintenant sobre à 53 ans, Matthew Perry alternait entre l’alcool fort, les opioïdes, les anxiolytiques, les amphétamines et la cocaïne. Il révèle même un truc pour suivre l’état de sa consommation au fil des 10 saisons de Friends, relayées entre 1994 et 2004 sur les ondes de NBC.

S’il prenait du poids, c’est qu’il buvait. S’il était rachitique, il a été à son plus maigre à la troisième saison de Friends, c’est qu’il avalait des pilules. Et quand il arborait une barbiche de bouc (le célèbre « goatee »), sa pire phase, c’est qu’il absorbait une montagne de médicaments.

Au fond du baril, Matthew Perry ingérait jusqu’à 55 comprimés par jour d’opioïdes, principalement du Vicodin, qui lui a été prescrit une première fois, en 1997, après un accident de motomarine à Las Vegas. Il fonctionnait, au minimum, avec une dose quotidienne de 6 mg d’Ativan – un anxiolytique – dans le corps. Comment il n’a jamais pété au frette relève du miracle.

La seule saison de Friends où il a été sobre a été la neuvième, sa meilleure, écrit-il dans un style franc, caustique et simple. À l’époque, son poids oscillait entre 128 livres et 225 livres, sous le regard de millions de téléspectateurs qui buvaient leur café filtre, avec lui, au fictif Central Perk.

Potin plateau. Adolescent, Matthew Perry a inventé le phrasé saccadé – qui deviendra la marque de commerce du personnage de Chandler – avec ses deux meilleurs amis, alors qu’il vivait à Ottawa avec sa mère Suzanne Perry, qui était l’attachée de presse de Pierre Elliott Trudeau.

IMAGE TIRÉE DE LA SÉRIE FRIENDS

Matthew Perry et Julia Roberts dans une scène de Friends

Au primaire, pour se venger des absences prolongées de sa maman auprès du premier ministre canadien, Perry raconte avoir sacré une volée à Justin Trudeau, inscrit à la même école que lui.

Sur 250 pages, Matthew Perry déballe tout, sans filtre. Il parle de ses amours ratées et de son impossibilité à nouer des relations de couple saines. C’est d’ailleurs lui qui a rompu avec Julia Roberts en 1996, il s’en mord encore les doigts. Il a aussi fréquenté Cameron Diaz, Neve Campbell, Yasmine Bleeth (le béguin de Chandler dans Friends) et il ne comprend toujours pas pourquoi il n’a pas épousé l’amour de sa vie, l’actrice Lizzy Caplan (Fleishman Is in Trouble), qu’il ne nomme jamais dans le bouquin.

Contrairement à ses camarades vedettes, Matthew Perry n’évite pas le sujet, toujours tabou, de l’argent.

Il dévoile tous ses cachets, dont le fameux million par épisode qu’il engrangeait dans les dernières années de Friends. C’est Jennifer Aniston qui a voulu larguer Friends en premier et ses camarades l’ont suivie.

PHOTO FRANK MASI, FOURNIE PAR WARNER BROS

Bruce Willis et Matthew Perry dans une scène de The Whole Ten Yards

Matthew Perry consacre quelques lignes au tournage, à Montréal, de la populaire comédie The Whole Nine Yards. À l’été 1999, Bruce Willis organisait des fêtes gigantesques au dernier étage de l’hôtel Intercontinental, rue Saint-Antoine Ouest. Et le restaurant Globe (fermé depuis 2014), boulevard Saint-Laurent, était leur endroit de prédilection pour draguer.

Télé d’été désaltérante

Amazon Prime Video a déposé vendredi les trois premiers épisodes de la deuxième saison de la charmante série L’été où je suis devenue jolie (The Summer I Turned Pretty).

Verdict : c’est plus sombre que le premier chapitre, oui, mais ça s’enfile comme une limonade fraîche près de la piscine au sel.

PHOTO TIRÉE D’IMDB

Lola Tung tient le rôle de Belly, dans la série L’été où je suis devenue jolie.

En fait, c’est comme regarder un album de Taylor Swift ou d’Olivia Rodrigo à la télévision. Il y a des chagrins d’amour adolescent, des bulles de bonheur ensoleillées, des balades en voiture qui se transforment en karaoké et des départs tragiques.

La deuxième saison recommence environ un an après l’été mouvementé de Belly, 17 ans, prise dans un triangle amoureux avec les frères Jeremiah et Conrad Fisher.

Mettons que l’harmonie ne règne plus entre les trois protagonistes et l’histoire recule plusieurs fois dans le passé pour nous expliquer comment tout a basculé.

Conrad étudie à l’Université Brown, tandis que Belly néglige ses cours, ses amies (dont Taylor) et son équipe de volleyball. À l’approche d’un autre été moins magique, l’avenir de la maison d’été de Cousins Beach, sur la côte est américaine, est incertain. Une pancarte a même été plantée devant la magnifique résidence. Partez ici la pièce Cruel Summer de Taylor Swift, merci.

Comme Belly, son frère Steven et leur mère Laurel, je vous abandonne le temps d’une saucette estivale, de retour très bientôt, avec peut-être un bronzage d’habitant !