Les nomades estivaux – et même de toutes saisons – de passage à Shawinigan peuvent s’offrir une halte aussi charmante que confortable au Manoir du Rocher, dans un immeuble plus que centenaire jouxtant la rivière Saint-Maurice et l’un des symboles du secteur de Grand-Mère. Et tout comme sa propriétaire, il présente une riche histoire.

Pour ceux qui ont connu ce bonheur, passer une fin de semaine chez ses grands-parents a toujours quelque chose de réconfortant, en se prélassant dans une atmosphère douillette. Alors on se demande si c’est vraiment un hasard que le Manoir du Rocher de la rue Grand-Mère, dans le secteur Grand-Mère de « Shawi », ait été érigé aux côtés du rocher... de Grand-Mère (voir encadré).

  • Le Manoir du Rocher est situé sur une côte, ce qui le place en surplomb par rapport à la rivière Saint-Maurice.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le Manoir du Rocher est situé sur une côte, ce qui le place en surplomb par rapport à la rivière Saint-Maurice.

  • Mobilier et architecture créent une ambiance particulière et reposante.

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    Mobilier et architecture créent une ambiance particulière et reposante.

  • La salle à manger, où sont servis des petits-déjeuners copieux et soignés

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    La salle à manger, où sont servis des petits-déjeuners copieux et soignés

  • Le salon des hôtes, où il fait bon se prélasser

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    Le salon des hôtes, où il fait bon se prélasser

  • L’entrée du manoir

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    L’entrée du manoir

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« Folie pandémique »

Pour autant, c’est tout sauf une mamie qui ouvre les portes de l’établissement aux visiteurs, en la personne de Natacha Bustros, dynamique propriétaire des lieux depuis la fin de 2021. Soucieuse de préserver l’âme originelle de l’immeuble, cette dernière a souhaité y apporter sa touche personnelle, puisant dans l’expérience de son parcours professionnel étoffé ; elle fut notamment fonctionnaire fédérale en développement économique pendant plus de 20 ans, avant de se tourner vers le courtage immobilier. C’est d’ailleurs en prospectant dans les environs de Shawinigan qu’elle est tombée sur le manoir, offert sur le marché. « Honnêtement, je regardais pour des plex, mais quand j’ai vu cet immeuble à vendre, étant donné mon penchant pour les maisons qui ont du caractère, je l’ai visité et j’ai fait ce que j’appelle “ma folie pandémique” », se souvient-elle.

Après plus d’une demi-année de rénovations, une opération de sobriété décorative, et le recrutement de Julie Daoust – une femme de l’endroit connaissant le secteur comme sa poche –, les grandes pièces joliment stylisées ont été remises à la disposition du public. À l’étage, on trouve deux chambres aménagées avec goût, ainsi qu’une ravissante suite avec mezzanine et baignoire à remous, toutes répondant à des thèmes exotiques. Cela dit, Mme Bustros envisage de les rebaptiser en hommage au riche passé de la bâtisse, érigée entre 1916 et 1918, laquelle a d’abord abrité la Banque de Montréal jusqu’en 1967, avant de devenir une bibliothèque municipale, pour finalement muer en gîte touristique.

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Natacha Bustros, propriétaire des lieux, souhaite préserver l’histoire du manoir, y intégrer éléments et évènements culturels, tout en y insérant sa touche personnelle liée à ses origines.

Je souhaiterais que les thématiques du lieu soient davantage ancrées dans son histoire.

Natacha Bustros, propriétaire du Manoir du Rocher

En balayant du regard les charmantes pièces communes du rez-de-chaussée, entre les beaux meubles accueillants, quelques indices suggèrent que Natacha Bustros apporte également, avec subtilité et harmonie, sa pierre à l’immeuble historique : certains tableaux, objets d’art, livres ou jeux entrent en résonance avec son identité. « Je suis québécoise de souche haïtienne-égyptienne, revendique-t-elle, je me sens très proche de mes origines culturelles et j’aimerais qu’on retrouve cette petite saveur ici. »

  • Les chambres sont bellement aménagées. Ici, la pièce baptisée « La provençale ».

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    Les chambres sont bellement aménagées. Ici, la pièce baptisée « La provençale ».

  • La deuxième chambre, dans un tout autre style, nommée « La chambre zen »

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La deuxième chambre, dans un tout autre style, nommée « La chambre zen »

  • Literie confortable et décoration originale donnent beaucoup de caractère aux lieux.

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    Literie confortable et décoration originale donnent beaucoup de caractère aux lieux.

  • La « Suite du manoir », répartie sur deux niveaux, avec un escalier menant à la mezzanine

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    La « Suite du manoir », répartie sur deux niveaux, avec un escalier menant à la mezzanine

  • Le très grand lit à l’étage de la Suite

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    Le très grand lit à l’étage de la Suite

  • La salle de bains de la Suite vaut le détour !

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    La salle de bains de la Suite vaut le détour !

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Ancrages multiples

Que ce soit dans la peinture, la décoration, les matériaux (on retrouve un entrelacs de murs de pierres et de poutres apparentes) ou la hauteur des plafonds cathédrale, la chimie s’avère réussie pour planter une atmosphère dans laquelle on se sent bien, autant dans les chambres au goût du jour que dans les pièces communes – cuisine, salle à manger et salon – donnant une furieuse envie de saisir un livre (ah, la petite chaise au pied de l’escalier...). Oui, on est un peu comme chez mamie, même si les plus studieux y trouveront aussi une salle de conférence destinée aux réunions.

De l’étage, qui fut ajouté au fil du temps, on accède à une grande terrasse, tout juste rénovée, permettant de profiter des atouts environnants, à savoir une vue sur le Saint-Maurice, tout comme sur le paisible parc du Rocher, qui abrite le monument naturel qui a donné son nom à la ville de Grand-Mère, fusionnée à Shawinigan en 2002. À deux pas, un magnifique club de golf, ainsi qu’une marina et la tour d’observation du parc des Papetiers, inauguré en 2021.

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Le parc du Rocher jouxte le bâtiment.

Le manoir veut également se placer dans une logique d’ancrages multiples, en se collant sur l’économie locale et en proposant par exemple des articles d’Ecogriffe, un fabricant de vêtements et accessoires du coin, ou des produits des maraîchers mauriciens. Sans oublier les arts et la culture, auxquels Mme Bustros ouvre grand ses portes.

Nous aimerions accueillir des expositions, nous ancrer dans la vie communautaire et culturelle.

Natacha Bustros, propriétaire du Manoir du Rocher

Mme Bustros a d’ailleurs déjà organisé au manoir une soirée dansante, artistique et gastronomique dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs.

Et parlant de gastronomie, c’est un petit-déjeuner fastueux qui attend les hôtes au réveil, avec une abondance de fruits et de produits soigneusement concoctés, dont les excellents produits de la boulangerie voisine Les biscuits qui dansent.

Une étape de grand luxe pour ceux qui se rendent dans le parc de la Mauricie ou au Lac-Saint-Jean, ou en reviennent ? Pas tant : les deux chambres se louent de 149 $ à 179 $, tandis que la suite se loue de 169 $ à 199 $, en fonction de la saison. Décidément, Grand-Mère est pleine de bonnes surprises.

Consultez le site du Manoir du Rocher

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Ce bloc se dressait jadis dans la rivière Saint-Maurice, avant d’être déplacé, menacé de submersion.

Solide comme le roc

À quelques mètres de l’établissement se dresse le rocher de Grand-Mère, nommé ainsi car son profil semble dessiner le visage d’une aînée. Lié à une légende amérindienne, ce monticule était autrefois placé dans le lit de la rivière Saint-Maurice. La construction d’un barrage hydroélectrique au début du XXe siècle menaçait de le submerger à jamais ; le rocher fut alors démantelé pièce par pièce et reconstruit sur la terre ferme en 1916, devenant un symbole local et toponymique majeur.