(Bruxelles) Le commissaire européen accusé par le premier ministre géorgien de « chantage » et d’« horrible menace », à l’approche d’un nouveau vote concernant la loi sur « l’influence étrangère » dénoncée par l’UE, a regretté jeudi que ses propos aient été « sortis de leur contexte ».

« Je regrette sincèrement qu’une certaine partie de ma conversation téléphonique ait été sortie de son contexte », a déclaré dans un communiqué le commissaire responsable de l’élargissement de l’UE, le Hongrois Oliver Varhelyi.

Selon le premier ministre Irakli Kobakhidzé, un « commissaire européen » qu’il n’a pas nommé a, lors d’un appel téléphonique, énuméré les mesures que les Occidentaux pourraient prendre si cette loi était définitivement adoptée, avant de lancer, en référence au premier ministre slovaque récemment victime d’une tentative d’assassinat : « Vous avez vu ce qui est arrivé à [Robert] Fico, faites très attention ».

Outre cette « horrible menace », M. Kobakhidzé a, dans un communiqué, également accusé « des politiciens étrangers de haut rang » de « chantage à l’encontre du peuple géorgien et de son gouvernement démocratiquement élu ».

« Pleinement conscient du sentiment pro-européen très profond de la société géorgienne, j’ai ressenti le besoin, lors de ma conversation téléphonique, d’attirer l’attention du premier ministre sur l’importance de ne pas enflammer davantage une situation déjà fragile » en adoptant cette loi controversée, a expliqué le commissaire européen.

Ce dernier précise ensuite avoir mentionné le « tragique » attentat contre M. Fico comme un exemple de ce qu’un « haut niveau de polarisation peut provoquer dans une société, y compris en Europe ».

Donc, « je regrette à nouveau qu’une partie de ma conversation téléphonique n’ait pas seulement été sortie de son contexte, mais aussi présentée au public d’une manière qui pourrait donner lieu à une totale interprétation erronée de l’objectif initial de mon coup de téléphone », a souligné M. Varhelyi dans ce communiqué.  

De ce point de vue, il y réitère également son appel aux autorités géorgiennes à ne pas promulguer cette loi controversée, jugée en contradiction avec l’ambition de la Géorgie de rejoindre un jour l’Union européenne.

Malgré des manifestations monstres et des avertissements de l’UE et de Washington, le Parlement géorgien a adopté le 14 mai un projet de loi sur « l’influence étrangère », qui, selon ses détracteurs, est calqué sur une loi russe qui sert depuis 2012 à réprimer toute opposition.

La présidente pro-occidentale Salomé Zaroubichvili a mis son veto, mais le Parlement géorgien, dominé par le parti Rêve géorgien du premier ministre, a prévu de le surmonter lors d’un vote attendu mardi.

La loi impose à toute ONG ou à tout média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » et de se soumettre à un contrôle administratif.

Ancienne république soviétique, la Géorgie est officiellement candidate à l’entrée dans l’Union européenne depuis décembre 2023.