(Vilnius) Le parlement lituanien a adopté mardi une loi qui légalise les refoulements des demandeurs d’asile, une mesure supplémentaire pour lutter contre l’afflux de migrants arrivant dans ce pays via la frontière biélorusse.

Le pays balte, membre de l’Union européenne, applique les refoulements depuis 2021, l’année où des milliers de migrants et de réfugiés – principalement du Moyen-Orient et d’Afrique – ont commencé à tenter d’entrer dans l’UE via la Lituanie, la Lettonie et la Pologne.  

L’UE a fait valoir que cet afflux était une « attaque hybride » orchestrée par le régime biélorusse en représailles aux sanctions internationales contre Minsk.  

Le nombre de tentatives de passage a diminué depuis, mais les gardes-frontières lituaniens continuent à refuser l’entrée à plusieurs dizaines de migrants par jour.  

« En matière de sécurité nationale et de droits de la personne, il n’y a pas de solutions faciles, mais il n’y a pas non plus d’alternative », a déclaré la ministre lituanienne de l’Intérieur, Agne Bilotaite, aux journalistes.  

« Notre pays doit se défendre », a-t-elle insisté.  

Selon Mme Bilotaite, la Biélorussie est en train de négocier de nouvelles liaisons aériennes directes vers Minsk depuis l’Iran et l’Irak, ce qui pourrait suggérer « de nouveaux flux (de migrants) possibles ».  

« Nous devons être prêts et nous avons besoin d’instruments », a-t-elle expliqué.  

La semaine dernière, Amnistie internationale avait averti que la nouvelle loi, si elle est signée par le président, donnerait « le feu vert à la torture ».  

Les militants ont annoncé qu’ils l’appelleraient à y opposer son veto.  

« Ces amendements sont contraires à la fois au droit international et à nos propres engagements », a déclaré à l’AFP Jurate Juskaite, directrice du Centre lituanien des droits de la personne.  

« Ils sont immoraux, ils mettent en danger la vie et la santé des personnes qui tentent d’entrer », a-t-elle ajouté.  

L’année dernière, la Lituanie a achevé la construction d’une clôture de fil barbelé de quatre mètres le long de la frontière avec la Biélorussie.  

Elle s’étend sur environ 550 kilomètres, alors que dans l’ensemble cette frontière est longue de 700 kilomètres.  

La Pologne voisine recourt aussi régulièrement à des refoulements à sa frontière avec la Biélorussie.  

Cette mesure controversée a été autorisée par un décret du ministère de l’Intérieur et une loi sur les étrangers – même si, dans deux cas distincts, les tribunaux ont conclu qu’elle viole les droits des réfugiés.