(Soledar) Sur une route près de Soledar, des soldats ukrainiens lancent un drone de surveillance en direction de la ligne de front, où les combats font rage pour tenter de repousser l’offensive russe.

L’Ukraine a reconnu mercredi que ses troupes s’étaient retirées de Soledar, une ville de la région de Donetsk où s’est déroulée l’une des batailles les plus féroces depuis le début de l’invasion russe il y a près d’un an.  

« Pendant deux ou trois jours, nous avons perdu des positions, mais nous tentons maintenant de les récupérer », assure Igor, membre de l’unité de reconnaissance aérienne.

Le groupe de mercenaires russes Wagner a affirmé avoir été le fer de lance de l’offensive sur Soledar, revendiquant sa capture dès le 11 janvier.  

Deux jours plus tard, le ministère russe de la Défense a affirmé que ses troupes contrôlaient la ville, qui abritait une population de 10 000 habitants avant la guerre.  

La prise de Soledar est la première victoire russe depuis des mois, et met fin à une série de défaites et de replis sur les fronts oriental et méridional.

Le porte-parole militaire ukrainien Sergiy Cherevaty a indiqué que les forces de Kyiv avaient reculé après des semaines de combats intenses et « s’étaient repliées dans la périphérie ».

« Nous construisons une nouvelle ligne de défense, fortifions de nouveaux points, tout en continuant à porter des coups massifs à l’ennemi », a-t-il ajouté. Selon lui, ce repli a été soigneusement planifié, sans « capture massive » ou « encerclement » des forces ukrainiennes.  

Selon un sergent, qui répond au nom de guerre « Alkor », « la bataille a été rude », mais ils étaient en infériorité numérique.  

Chair à canon

« Nous tirons, encore et encore, mais après cinq minutes une nouvelle vague de 20 ennemis nous arrive dessus », dit-il. « Leur nombre est énorme. Ils utilisent leurs soldats comme de la chair à canon […] Les nôtres restent debout, ne reculent pas ».  

« Nous savons que si nous faisons pas ce travail, personne ne viendra le faire à notre place », ajoute-t-il.  

Toutefois, si certains combattants sont persuadés que les positions perdues peuvent être regagnées, d’autres en sont moins sûrs.  

« Soledar est tombée », a admis le commandant-adjoint du 144e bataillon de défense territoriale, Volodymyr Leonov, replié à dix kilomètres de là, où des soldats récupèrent.  

Selon lui, 27 soldats auraient signé une lettre affirmant qu’ils refusaient de retourner à des positions de combat.  

Cela intervient alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a promulgué mercredi une loi renforçant les sanctions pour désobéissance ou désertion, et prévoyant des peines de dix ans de prison pour refus de combattre, et de 12 ans pour désertion.  

Mais pour certains, la prison peut être préférable à la mort dans une tranchée. Du moins, « certains le pensent », admet Volodymyr Leonov.