(Krasnogorivka) La guerre en Ukraine connaît son lot de duels d’artillerie dévastateurs, mais à Marinka, les soldats ukrainiens qui luttent pour le contrôle de cette ville de l’Est sont engagés dans des combats au plus près des troupes russes.

Depuis l’arrivée de l’hiver, les affrontements se sont transformés essentiellement en guerre de position et d’usure en Ukraine.

Mais à Marinka la réalité est différente, selon les soldats qui y combattent et que l’AFP a pu rencontrer à environ cinq kilomètres de là, près de la bourgade voisine de Krasnogorivka.

Là-bas, à Marinka, il n’est pas rare que les belligérants se retrouvent presque face-à-face, engagés dans des combats de rue, avec pour seule protection les ruines de cette ville qui avant l’invasion russe il y a onze mois comptait près de 10 000 habitants.

Les Russes « peuvent surgir de derrière un mur, à une distance de dix à vingt mètres, de façon inattendue, en surgissant des débris », raconte un soldat de la 79e brigade ukrainienne, qui n’a pas donné son nom.

Les militaires ukrainiens engagés à Marinka expliquent que faute de structures derrière lesquelles s’abriter, les combats se déroulent depuis des sous-sols, accroupis derrière des murs effondrés et autres décombres.

« Il n’y a pas de tranchées, il n’y a rien. J’ai même dû me cacher derrière un réfrigérateur », témoigne Vitali, un soldat de 34 ans.

Selon le colonel Iaroslav Tchepourny, chargé des relations avec les médias, c’est dans cette bourgade, où les combats durent depuis cinq mois, que sa brigade a subi « le plus de pertes » depuis le début de l’invasion. Ces jours-ci, ses camarades récupèrent sur une base voisine.

« L’enfer »

Rencontré sur place, un jeune officier de 29 ans, Dmytro, dit que de devoir « décider du sort » de ses camarades peut être un fardeau, lui qui jusqu’à mai 2022 était développeur de jeux vidéo et n’a pris la tête de son unité qu’après que son prédécesseur a été blessé.

« Il faut décider si le corps d’un soldat mort doit être récupéré ou non et c’est souvent sous le feu de l’ennemi », dit, à titre d’exemple, l’officier, qui a pour nom de guerre « Bien » du fait de sa capacité à galvaniser le moral des troupes.

Les militaires font donc ce qu’ils peuvent pour récupérer les blessés ou les corps, mais sous le couvert de l’obscurité.

Valentin, membre de la même unité, est l’un de ceux qui s’en sont sortis après avoir été blessé, touché au bras et à la jambe.

De retour avec son peloton à la base, il montre des photos aériennes des vestiges de Marinka : les destructions sont telles qu’on devine tout juste les ruines émerger de sous une fine couche de neige.

« C’est l’enfer là-bas », dit-il.