Pourquoi en parler ?
Le moment semblait particulièrement opportun pour parler de cette institution qui reste agréablement abordable, généreuse, dans l’air du temps et donc représentative de l’évolution possible d’un projet familial passé d’une génération à une autre. Ouvert en 1982 sous un autre nom (Fung Lam) et dans un autre local (boulevard Saint-Laurent), Dobe & Andy est un des rares commerces du quartier à avoir eu une relève. Très prisé des chefs et autres travailleurs de la restauration montréalaise, le « diner hongkongais » multiplie les évènements hors les murs. L’équipe a par exemple associé sa cuisine à celle du restaurant japonais Fleurs et cadeaux et à celle du chef d’origine haïtienne Paul Toussaint, au Kamuy. Mes deux dernières visites, je les ai faites avec mes ados, question de les inciter à remplir à leur tour cette précieuse et unique adresse avec leur faune colorée, pour en assurer la pérennité.
Qui sont-ils ?
Ce sont aujourd’hui les fils des fondateurs, Andy et Shirley Ku (morte en 1990), qui mènent la barque. Les frères Edmund et Eric Ku ont grandi chez Dobe & Andy. « Notre père travaillait tout le temps, alors si on voulait le voir, on était aussi bien de venir ici », lance Edmund. En 1994, alors qu’ils n’avaient même pas encore atteint l’adolescence, ils se sont même mis à travailler aux côtés de leur papa. Plus tard, ils ont pris quelques années pour étudier et explorer d’autres métiers, mais sont finalement rentrés au bercail en 2012. Lorsque M. Ku est mort, en 2014, le tandem a poursuivi son œuvre, accompagné du troisième frère, Edward. Celui-ci a quitté l’entreprise l’été dernier pour travailler dans un autre domaine. Le cuisinier d’expérience Webster Galman, passé par les restaurants Le Garde-manger, Liverpool House, Au pied de cochon et Satay Brothers, fait désormais aussi partie de l’équipe, ainsi que Shin Yang, qu’Eric qualifie de talentueux touche-à-tout.
Notre expérience
Caché dans l’édifice Place du Quartier (sous le restaurant à dimsum Kim Fung), Dobe & Andy est un lieu tout à fait unique, sur deux niveaux, avec des murs tapissés d’images de Bruce Lee, un plafond où alternent carrés rouges, carrés blancs et miroirs et une foule d’autres détails que l’on découvre d’une visite à l’autre. On pourrait dire que c’est tellement kitsch que c’est « beau ».
Autrefois remplie à craquer le midi – « on servait 200 personnes au lunch », se rappelle Edmund –, la salle à manger sur deux niveaux n’a jamais retrouvé son achalandage pré-COVID-19. Elle a toutefois gagné une clientèle qui se fait livrer chow mein cantonais et poulet frit à la maison. Offrant un service continu à partir de 11 h jusqu’en soirée, le restaurant est néanmoins toujours occupé de mangeurs décalés, peu importe l’heure de la journée.
J’ai un faible pour le thé au lait (que j’aime chaud l’hiver, froid l’été), réconfortante boisson crémeuse et sucrée. C’est la première chose que je commande en arrivant. Mais il y a aussi bière et boissons gazeuses, puis quelques spiritueux si on veut « relever » son thé. Le service est souriant et se fait en français et en anglais. Les anciens qui souhaitent encore échanger en cantonais peuvent également le faire, avec les frères Ku, entre autres.
On vient ici pour le barbecue avant tout. Il y a quatre viandes : le savoureux canard à la peau croustillante, le fameux porc char siu mariné dans une sauce barbecue sucrée, l’irrésistible poitrine de porc à la croûte comme un chicharron et le poulet au soya. On peut en choisir une, deux, voire goûter aux quatre dans la même assiette (à partager !), qui comprend aussi une montagne de riz, du bok choy et deux œufs frits sur le dessus. La sauce aux oignons verts et au gingembre lie le tout. Mais les viandes peuvent aussi être servies en soupe, sur nouilles croustillantes ou sur riz frit.
Vous ne voudrez pas passer à côté des wontons avec sauce chili à l’ail. Ils sont bien dodus et goûteux (là où d’autres dumplings pèchent souvent par fadeur) avec juste ce qu’il faut de piquant. Si vous cherchez un autre plat à ajouter à la table, quitte à devoir repartir avec des restes, le riz frit « supremium » est une excellente option, avec ses petites bouchées salées-sucrées de char siu et ses crevettes. Une assiette de légumes verts n’est pas une mauvaise idée, pour l’équilibre. Il faut aussi rester à l’affût des plats du jour, qui apparaissent selon l’envie des chefs.
Lors de la prise de photos, Webster nous raconte qu’avant de devenir partenaire du restaurant, il a longtemps été un habitué particulièrement gourmand. « Je commandais la soupe de canard, le numéro 62, qui était le chow mein cantonais, la côtelette de porc et je mangeais tout. C’était tellement pas cher. » Aujourd’hui, il ne jure que par le jeûne intermittent !
Prix
J’ai payé 56 $ (avant pourboire) pour une grande assiette de char siu sur riz, un riz frit « supremium », une soupe au canard, une assiette de légumes verts, une boisson gazeuse et un thé au lait. Bref, une personne peut facilement manger plus qu’à sa faim pour moins de 20 $.
Bon à savoir
La salle à manger du bas est accessible aux personnes à mobilité réduite. Bien que la viande soit le principal attrait du restaurant, on propose aussi des plats végétariens.
Information
Dobe & Andy est ouvert sept jours sur sept, de 11 h à 20 h du dimanche au jeudi et jusqu’à 22 h le vendredi et le samedi.
1071, rue Saint-Urbain, local R-12, Montréal
Consultez la page Facebook de Dobe & Andy