À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : Verdun Beach bar à vin.
Pourquoi on en parle ?
Cette semaine, on vous ramène dans la rue « Well », à Verdun, rue la plus cool au monde de 2022, selon Time Out ! Malgré son nom qui évoque davantage le bar à cocktails tiki que la cave à manger, Verdun Beach est une adresse sérieuse (qui ne se prend pas au sérieux), parfaitement accordée au thème de la semaine : le vin. On savait que le « pinard » y serait bon, puisqu’il provient exclusivement du portfolio d’une des premières agences québécoises entièrement (et férocement !) consacrées aux vins naturels, Primavin. Mais on s’attendait moins à une cuisine d’auteur avec une signature aussi marquée. Les plats ne se contentent pas d’« accompagner ». Ils brillent. Des adresses comme celle-ci, où on peut bien boire, bien manger dans une ambiance juste assez festive, il n’y en a jamais trop.
Qui sont-ils ?
Il y a trois propriétaires ici. Marc Frandon est le fondateur de l’agence Primavin. Après de nombreuses années au Québec, il vit maintenant principalement en France, d’où il peut plus facilement rendre visite aux vignerons et faire les achats. Charles Garant a travaillé au restaurant Aux Vivres pendant des années, en salle, puis Philippe Jacquelin, designer de formation, a aidé à concevoir quelques terrasses à Montréal. Son talent s’exprime librement ici. C’est le chef Philippe Gougeon qui s’occupe de remplir les assiettes de ses créations fort originales. Il a travaillé aux restaurants Park, Montréal Plaza et Bloomfield, entre autres.
Notre expérience
Je réserve pour deux, un jeudi soir, à la toute dernière minute. En ligne, il restait plusieurs tables. Mais sur place, à 18 h, l’apéro est déjà bien lancé dans ce petit bijou pandémique de la rue Wellington. À 19 h, la petite salle et la terrasse chauffée sont pleines comme des œufs.
L’ambiance peut rappeler celle du Majestique, avec une déco un peu plus rétro seventies que baroque, mais tout aussi chaleureuse. L’endroit est animé, mais pas bruyant au point où mon amie et moi, qui avons tout un été à nous raconter, n’arrivions pas à entendre nos rebondissants récits.
Nous snobons les cocktails — sûrement très bons — pour plonger directement dans le vin. Verre ou bouteille ? C’est toujours un dilemme. Comme nous avons envie de variété ce soir-là, nous décidons de commander au verre. Il y a sept possibilités à l’ardoise.
Le menu, lui, est une succession d’ingrédients comme on en voit souvent, qui donne peu d’indices sur la manière dont ceux-ci sont préparés puis assemblés. Mais notre efficace serveuse, Valérie, nous éclaire bien et nous finissons par opter pour trois petits plats (sans viande) qui ne nous déçoivent pas.
« Maïs, cerise, tomate, coriandre » se présente sous forme de salade. Une riche crème de maïs est versée par-dessus, à table. C’est la fin de l’été en quelques bouchées. N’oubliez surtout pas de commander le pain avec beurre à la mélisse en accompagnement pour faire « scarpetta » dans la sauce. « Chou-fleur, haricot, cameline, bleuet » : un plat tiède où le légume bien rôti nous offre une symphonie de textures, avec ses haricots entiers puis en purée, puis des graines de cameline qui craquent. « Aubergine, concombre, yogourt, miel » révèle une harmonie parfaite entre gras (la rondelle d’aubergine est panée), fraîcheur, salé et sucré.
Avant de passer au dessert, l’amie décide qu’elle a envie d’huîtres. Pourquoi pas ? Ici, Philippe (Jacquelin) les ouvre bien. Elles arrivent parfaitement intactes. Nous nous fions ensuite à Valérie et optons pour le « framboise, chocolat blanc, mélisse ». C’est une belle mousse soyeuse, couverte de crumble et surmontée d’une quenelle de glace au chocolat blanc.
Détail rigolo de fin de repas : vers 21 h, les lumières se tamisent un peu et la boule disco se met à tourner. C’est le côté « guinguette » de l’établissement, où il se crée parfois des pistes de danse spontanées.
Dans notre verre
C’est sûrement la première fois qu’on voit une telle carte, où les vins sont classés par vigneron ou vigneronne et non pas par pays ou par couleur, bien que tout cela soit également précisé. Voilà une idée qui a du sens dans un registre comme celui-ci, où l’on peut vraiment parler de « vins d’auteurs ». Comme je l’écrivais plus tôt, toutes les bouteilles viennent du portfolio de l’agence Primavin, donc principalement de France et d’Italie. On (re)trouve donc les cuvées alsaciennes pionnières du Domaine Pierre Frick, les chenins et cabernets francs ultrafrais de Nicolas Reau (Clos des Treilles), les délices jurassiens de Michel Gahier, les bien-aimées cuvées de La Petite Baigneuse, les vivifiantes macérations de Giulio Armani (Denavolo) et bien d’autres désormais « classiques » du répertoire des vins naturels.
Prix
Les petits plats coûtent 15-16 $, les plus costauds de 21 à 28 $ et les desserts autour de 12 $. Vous paierez les verres de vin de 13 à 15 $, en moyenne.
Informations
Le bar à vin est ouvert du mardi au jeudi, de 17 h à minuit, puis le vendredi et le samedi, de 17 h à 2 h. La cuisine ferme à 23 h.
4816, rue Wellington, Montréal
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