À travers les bons coups et, parfois, les moins bons, nos critiques de restaurants vous racontent leur expérience, présentent l’équipe en salle et en cuisine, tout en expliquant ce qui a motivé le choix du restaurant. Cette semaine : le Lawrence.

Pourquoi en parler ?

PHOTO SARKA VANCUROVA, LA PRESSE

La toute petite salle du Lawrence peut accueillir une vingtaine de personnes seulement.

Après 12 ans d’activité, on peut dire d’un restaurant montréalais qu’il a acquis le titre d’institution. C’est le cas du Lawrence. Mais la table qui partage sa notoriété avec la boucherie du même nom et son petit frère décontracté, Larry’s, est loin de s’asseoir sur ses lauriers. Quelques années avant la pandémie, la salle à manger à l’angle du boulevard Saint-Laurent et de l’avenue Fairmount a été rénovée et le menu repensé pour offrir une expérience plus poussée, mais toujours sans chichi. Puis, pendant les nombreux mois où les salles ont été fermées, au cours des deux dernières années, toute l’activité de café, de plats et de vins à emporter du petit groupe s’est tenue dans le Lawrence. À la réouverture, Lawrence et Larry’s ont interverti leurs locaux. Le vaisseau amiral se trouve maintenant dans le local plus intime. Il était grand temps de le redécouvrir.

Qui sont-ils ?

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L’équipe du restaurant Lawrence est composée de Tsatsu Gbedemah, Sylvia Popa, Sophie Garnett, Hannah Loop, Marc Cohen et Endi Qendro.

Marc Cohen s’est fait connaître il y a une quinzaine d’années avec des brunchs particulièrement décadents au Sparrow, restaurant situé à un jet de pierre du Lawrence. Déjà, à l’époque, il faisait équipe avec sa partenaire d’affaires Sefi Amir. Au fil des ans, on a vu la restauratrice dans une foule de rôles, que ce soit en responsable de salle, en bouchère ou en gestionnaire de crises de toutes sortes. Le troisième partenaire d’origine, Ethan Wills, a quitté le navire récemment pour ouvrir avec son cousin la microbrasserie Wills, assortie d’un bar (dans l’ancien Alexandraplatz).

Notre expérience

  • Le cocktail Roman Holiday, à base de Cynar et de vermouth, ouvre bien l’appétit.

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    Le cocktail Roman Holiday, à base de Cynar et de vermouth, ouvre bien l’appétit.

  • L’entrée de poissons crus et piments est fort jolie.

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    L’entrée de poissons crus et piments est fort jolie.

  • Ces mezzalunas à la cervelle avec tomates ancestrales et anguille fumée sont la révélation du repas.

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    Ces mezzalunas à la cervelle avec tomates ancestrales et anguille fumée sont la révélation du repas.

  • Ce pinot noir californien de Madson Wines et une cuvée du domaine Gut Oggau, en Autriche, sont sur la carte de vins d’artisans du Lawrence.

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    Ce pinot noir californien de Madson Wines et une cuvée du domaine Gut Oggau, en Autriche, sont sur la carte de vins d’artisans du Lawrence.

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Retourner dans le petit local de l’avenue Fairmount qui a autrefois abrité le Larry’s, Sardine et, avant ça, le Bouchonné de Martin Juneau, a quelque chose de réconfortant. On a passé de nombreuses belles et délicieuses soirées ici. Bien que l’espace ne soit peut-être pas le plus ergonomique qui soit pour le personnel, avec sa cuisine de dimension parisienne, son absence de cave pour le vin et ses tables rapprochées, c’est néanmoins un lieu avec une âme.

Et grâce à la cuisine très affirmée de Marc Cohen, c’est désormais un lieu avec une forte personnalité. Les végétariens et les capricieux de la viande voudront probablement choisir la porte voisine. N’oublions pas que le Lawrence a aussi une boucherie et que le restaurant est l’endroit tout indiqué où faire découvrir aux dîneurs certaines parties de l’animal un peu boudées par la majorité des Québécois.

Prenons la cervelle : il ne faut pas hésiter à commander les mezzalunas qui en sont farcis. La substance passe carrément inaperçue. Ce sont plutôt les fines tranches d’anguille fumée qui donnent le ton du plat, élu révélation du repas. Tout en douceur, les linguini avec maïs, chanterelles et truffe d’été sont un bel instantané de la saison et un parfait contrepoint aux mezzalunas.

On a eu plus de mal avec la « salade » de concombres, cantaloup, tête et cœur de porc. Surmonté d’une foule d’herbes très aromatiques (dont le shizo qui anesthésie la langue !), le plat est fort joli, mais les goûts se font un peu la guerre dans le petit bol. Moins cacophoniques sont les morceaux de poissons crus (thon albacore, omble, morue charbonnière et maquereau) surmontés de leur piment désigné (habanada, shishito, jalapeno et habanero). Un petit plat à la fois joli et ludique.

La cuisine propose aussi quelques assiettes plus copieuses. Nous optons pour le cou d’agneau BBQ. La belle pièce de viande sans os est servie sur des gourganes, des artichauts et des petits pois. C’est un plat à la fois estival par ses ingrédients et roboratif par son côté enveloppant.

Si on veut terminer le repas sur une note (légèrement) sucrée, les desserts du Lawrence sont tous dans le registre fruité et raisonnable : griottes, rhubarbe, petits fruits, accompagnés d’une forme de produit laitier (crémeux, glace). On est plus dans l’entremets que dans la pâtisserie.

Dans notre verre

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Un vin californien, un autrichien et un québécois se côtoient dans le cellier rempli par le sommelier Keaton Ritchie.

Vous aurez de la belle lecture à faire ici, entre les choix de cocktails, de bières, de vins de toutes les couleurs et de tous les profils, de vermouths, d’amers et de spiritueux. C’est le sommelier et expert en café Keaton Ritchie qui remplit la cave du Lawrence et du Larry’s depuis plusieurs années. L’artisan est au cœur de ses choix. Il ne travaille plus en salle mais continue de faire les achats et de former le personnel de service, très bien renseigné sur les produits.

Bon à savoir

Nous avons choisi de manger à la carte ce soir-là, mais il est aussi possible d’opter pour la formule « dégustation », en cinq ou sept services. On vous apportera surtout des plats du menu, avec de légères variations peut-être. L’accord vin est également proposé. Et ne manquez pas de commander du pain. Il est fait maison et délicieux !

Informations

Le Lawrence est ouvert les jeudis, vendredis et samedis soirs, au 9, avenue Fairmount Est, 514 796-5686

Consultez le site du Lawrence