Pourquoi en parler ?
Ce n’est pas moi qui le dis, mais un ado de bientôt 14 ans. « Taste », c’est tout un compliment venant d’une grande asperge un peu blasée. Le qualificatif s’applique bien entendu à ce qu’on mange, mais aussi à ce qu’on boit, à la déco, à l’ambiance, à la clientèle.
Ouvert au printemps, ce café de jour, sandwicherie le midi, bar à cocktails, buvette, restaurant à part entière le soir est un ajout à la rue Sherbrooke Ouest que les résidants de Notre-Dame-de-Grâce semblent beaucoup, beaucoup apprécier. Montréalais des autres arrondissements, on vous dirait que le déplacement vaut largement la peine, pour passer une soirée délicieusement décontractée.
Qui sont-ils ?
Les propriétaires, Marc Flynn (Café Cordova et Cloakroom), Alex Quinton Brunet (Mal nécessaire et Atwater Cocktail Club) et Félix Poirier (qui fait ses débuts en restauration), ainsi que le chef, Vincent Monast (Mano Cornuto), ont profité de la première moitié de la pandémie pour imaginer un projet de restauration qui leur ressemblerait. De cette réflexion et de la complémentarité de l’équipe est né le Café Entre-deux, au printemps dernier. Se joint aussi à l’équipe Jonas Kempeneers (Cloakroom), qui s’occupe de la carte des cocktails.
Notre expérience
C’est un dimanche frisquet de la fin de septembre et la salle est pleine. Nous sommes assis au comptoir et faisons dos à l’étroite salle à manger, dont les tables longent le mur qui mène jusqu’à la cuisine, tout au fond. Certes, il n’y a qu’une trentaine de places au Café Entre-deux, mais elles sont toutes occupées et le demeureront toute la soirée, par un mélange de familles, de copines en sortie, de petits groupes d’amis, de mangeurs solitaires au bar, etc. La jeunesse débarque pour le service plus tardif. Ça roule pour les trois employés en salle (une hôtesse/serveuse, un serveur/barman, un « suiteur ») et pour les deux cuistots.
Le menu d’automne vient d’être révélé et il s’annonce fortifiant. Mais avant de se lancer dans les solides… un cocktail ! Le Sweater Weather est de circonstance. Variation de l’incontournable negroni, ce remontant pour amateurs de gin et d’amertume est infusé d’épices chaudes et d’orange. L’ado, lui, reste en été, avec un cocktail sans alcool à base de framboise, de lime et de menthe fraîche, qu’il siffle en un temps record.
Les entrées marient à merveille fraîcheur et saveurs automnales. La salade de laitue Boston et fenouil devient nourrissante avec des noix, des pommes et de la sauge. Le tartare de bœuf contient un gel de canneberge et de la poudre de champignon. Nous avons opté pour les choux de Bruxelles rôtis façon César, avec bacon de canard bien fumé, émulsion à l’anchois, noix, aneth. Tous les goûts sont très affirmés, mais bien complémentaires.
Les pâtes fraîches du jour (faites par les voisins Pasta Casareccia) feront également office d’entrée, pour nous. Ce sont des radiatori enrobés d’une crème de courge. Les graines de la cucurbitacée ont été rôties au miso, puis ajoutées en élément croquant sur le dessus, avec de généreuses râpées de pecorino et de noix de muscade.
C’est très bon, mais pas aussi « taste » que ce qui suit ! Le lapin braisé avec pommes de terre bien dorées et compote de fruits goûte le plus savoureux des Noël, avec ses charnus morceaux de râble et de cuisse confondus, baignant dans une sauce où brille l’estragon. Il réussit même à détrôner le magret de canard, viande favorite du jeune homme. Dans sa très umami demi-glace au café, avec purée lisse et légumes racines, la poitrine du volatile gavé n’en est pas moins un régal.
Au dessert, une seule proposition : un pouding chômeur. Mais quel pouding chômeur ! Un gros carré de gâteau blanc baigne dans sa sauce façon « sucre à la crème ». Des fraises fraîches apportent une touche d’acidité fort appréciée. Dans mon calepin, je note : chantilly... « Maman, pourquoi t’écris “chantilly” ? Ici on dit d’la crème fouettée ! »
Dans notre verre
Les partenaires du Café Entre-Deux ont travaillé dans les bars à cocktails de Montréal, aussi la carte élaborée par Jonas Kempeneers est-elle une des plus tentantes qu’on ait vues à Montréal. Les catégories importantes s’y trouvent toutes : citronné, pétillant, amer, vineux, fort en spiritueux, etc. Ici, une sacrée interprétation du Old fashioned : cognac infusé au gras de canard, xérès doux, amer de noix de Grenoble et huile de citron. On ne lésine pas côté créativité. Les vins, choisis par Alex, ne manquent pas non plus d’originalité. Les choix au verre sont plutôt limités, bien qu’il arrive qu’une bouteille « spéciale » soit ouverte spontanément, comme c’était le cas ce dimanche-là, avec une surprenante bulle rosée de Géorgie qui donnait du pep. La carte est équilibrée, avec des vins toujours artisanaux, certains plus classiques, d’autres bien décoiffants. Et si l’envie d’un café vous prenait en fin de repas (ou lors d’un passage le matin ou le midi), soyez assuré qu’il sera délicieux. C’est le microtorréfacteur Traffic qui produit le mélange utilisé pour l’espresso.
Combien ?
Une belle salade vous coûtera 12 $ et un magret de canard, 29 $. Le reste se situe entre les deux. Lorsqu’on considère tous les efforts qui y sont mis (sirops maison, infusions, macérations, exécution), les cocktails à 13-14 $ en moyenne sont bien abordables. Quant à la carte des vins, aucune bouteille à plus de 99 $ et une majorité de quilles à 40 $, 50 $, 60 $ ou 70 $.
Bon à savoir
Il y a quelques plats végétariens au menu, dont un risotto végane au riz sauvage.
Le Café Entre-Deux est assez facilement accessible pour les gens à mobilité réduite.
Information
Ouvert du mercredi au dimanche, de 8 h à 22 h. Le menu du midi est servi entre 9 h et 16 h. Les réservations sont recommandées le soir.
5930, rue Sherbrooke Ouest, Montréal
Visitez le site web du Café Entre-Deux