Le choix de bières sans alcool n’a jamais été aussi varié, avec une offre qui vient autant des artisans locaux que des grandes brasseries. Comment s’y retrouver devant tant de variété ? On a soumis aux collègues dans un test à l’aveugle une liste concoctée par des spécialistes ; rien de bien scientifique, mais tout de même très éclairant !

Upside Drinks, jeune pousse de Repentigny qui se spécialise dans la vente en ligne de bières, vins, spiritueux et cocktails sans alcool, offre plus de 170 sortes de bières sans alcool – c’est deux fois plus qu’il y a 18 mois, selon son président, Simon Poulin.

« Les bières sans alcool, ça représente environ le tiers de nos ventes, nous dit le jeune entrepreneur. Mais quand on pense qu’on a plusieurs catégories, autant des vins que des spiritueux ou des mocktails, la bière assure une bonne proportion de nos ventes en ce moment. »

On explique la popularité des bières sans alcool d’abord par une amélioration générale de la qualité de la boisson maltée. « Il y a une belle sophistication de la machinerie et de l’équipement, ce qui fait en sorte qu’il y a des goûts qui se répliquent très bien, soutient M. Poulin. On le voit notamment avec Guinness, qui appartient à la multinationale Diageo, mais aussi AB InBev, qui a décidé de lancer une grosse campagne publicitaire pour sa Corona Cero, commanditaire principal des prochains Jeux olympiques de Paris. »

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Simon Poulin, copropriétaire d’Upside Drinks, qui se spécialise dans la vente en ligne de boissons sans alcool

Les plus grosses compagnies voient qu’il y a de l’argent à faire, elles veulent avoir leur part de marché.

Simon Poulin, copropriétaire d’Upside Drinks

Les microbrasseries, qui tenaient jusqu’à tout récemment le haut du pavé dans le créneau des bières sans alcool, n’ont donc pu faire autrement que de réagir et continuent d’offrir d’excellents produits – certaines ont d’ailleurs recours à des levures spéciales développées au Québec par Labo Solutions brassicoles.

« Les brasseries réagissent et améliorent leurs produits, soutient de son côté Marilou Lapointe, copropriétaire d’Apéro à zéro, premier magasin sans alcool au Québec. Elles se sont souvent bâti de belles réputations, elles veulent s’assurer de les conserver. Aussi, quand elles lancent une bière et qu’elles s’aperçoivent que ça a du succès, elles suivent souvent avec une gamme complète. À tel point que dans le cas de certaines brasseries, les ventes de sans alcool dépassent celles des produits alcoolisés. »

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Diego Fernando Pena et Marilou Lapointe, de la boutique Apéro à zéro, qui vend ses produits en ligne et qui a aussi depuis peu pignon sur rue dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Le consommateur de bière sans alcool étant attiré par des produits de meilleure qualité, son profil a ainsi changé au cours des dernières années. « Pas besoin d’être une femme enceinte, un athlète de haut niveau ou d’avoir des problèmes de consommation pour apprécier les bières sans alcool, affirme Simon Poulin. On peut donc être surpris, mais 80 % de nos clients sont des gens qui consomment aussi de l’alcool. »

Je remarque aussi que les jeunes de la génération Z sont beaucoup plus ouverts à découvrir ces produits sans alcool, ils ne semblent pas associer autant que les plus vieux le fait de boire de l’alcool pour avoir du plaisir.

Simon Poulin, copropriétaire d’Upside Drinks

Mais on voit aussi cette attitude percoler vers les plus vieux consommateurs : « Les gens sont plus sensibles, ils vont alterner entre bières avec et sans alcool dans une semaine, dans une soirée », renchérit de son côté Marilou Lapointe.

La variété des bières sans alcool est également de plus en plus grande, à l’instar de leurs pendants alcoolisés. On remarque toutefois que certains types de bières sont plus difficiles à répliquer. « Les lagers blondes beaucoup plus douces sont notamment plus difficiles à répliquer que des IPA, par exemple, qui ont des profils de saveurs plus prononcés », soutient M. Poulin.

Des affirmations qui concordent tout à fait avec notre propre test de goût maison !

Consultez le site d’Upside Drinks Consultez le site d’Apéro à zéro

Au banc d’essai

Guinness 

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

La Guinness sans alcool

Nez qui annonce la couleur (sombre) de la populaire stout irlandaise. Plus mince en bouche, mais bel équilibre de saveurs, les notes de café et de malt torréfié sont à l’avant-scène, comme il se doit. Les amateurs de stout ont été très impressionnés, les autres ont reconnu sa valeur. Un testeur a soulevé qu’elle « s’adressait clairement aux amateurs de Guinness ».

Bellwoods Jelly King sour IPA

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Bellwoods Jelly King sour IPA

Nez intéressant, bouche acidulée par une agréable touche d’agrumes. La pointe d’acidité tout en finesse compense l’absence d’alcool, bel équilibre. Unanime auprès des testeurs qui apprécient les sours classiques, elle « comblerait les envies de bière » de l’une de nos testeuses.

Les 2 Frères New England IPA

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les 2 Frères New England IPA

Très houblonnée, avec un nez qui en a fait tiquer plusieurs, néanmoins agréable en bouche. Malgré une finale un peu mince, le côté fruité des NEIPA classiques est bien exprimé, et ça goûte la bière – malgré une intense note discordante de l’un de nos testeurs. Une de nos testeuses, amatrice d’IPA, s’est dite prête à en acheter, affirmant que « le goût se rapproche des IPA alcoolisées ».

Mikkleler Limbo Framboise

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Mikkeler Limbo Framboise

Belle effervescence, acidulée à souhait, avec un goût un peu trop punch aux fruits pour certains. Certains l’ont trouvée trop sure, mais plusieurs ont précisé que son goût était semblable à celui des sures alcoolisées. Elle « remplit ses promesses », selon une testeuse qui dit pourtant ne pas être particulièrement friande des bières acidulées.

Ras l’bock Tournade lime ananas

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Ras l’bock Tournade lime ananas

Blanche très douce, avec d’intéressantes notes d’agrumes, certains ont perçu une finale un peu vanillée. Beaucoup ont jugé qu’elle était plus près du jus ou du soda que de la bière. Boisson préférée de la seule néophyte parmi le groupe de testeurs. « En été seulement », a souligné l’un des testeurs.

Les Grands Bois Petite pause

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Les Grands Bois Petite pause

Nez qui annonce la bière qui a fait l’unanimité, avec un goût prononcé et bien houblonné, mais avec un arrière-goût de produits ménagers qui en a rebuté plusieurs – une sensation peut-être due au fait qu’elle suivait la bière sure aux framboises dans l’ordre de dégustation ? Quelques testeurs l’ont toutefois défendue avec enthousiasme : « Très convaincante, malgré une finale qui n’a pas le même punch que les bières avec alcool. »