Personne ne se targue de boire du vin acheté à l’épicerie, et pourtant, beaucoup en boivent. Les chiffres le démontrent : une bouteille sur quatre bue au Québec provient de l’épicerie. Et le vin est parfois meilleur que l’on pense.

Depuis qu’elle s’est installée en Espagne dans les années 1990, Nathalie Bonhomme a fait connaître les vins de ce pays aux Québécois. D’abord en important du vin, puis en produisant les bouteilles de la gamme Bonhomme. La femme d’affaires a maintenant une autre mission : rendre le vin encore plus écologique. Pour y arriver, elle mise sur le vin embouteillé ici.

« Le vin d’épicerie, c’est toujours associé à “yark”, explique-t-elle en visite à Montréal. Il faut changer les mentalités, car la mise en bouteille, c’est seulement une étape dans le processus. Cette étape ne devrait pas être snobée. »

La productrice commercialise deux vins embouteillés sur la Rive-Sud. Le premier est vendu à la SAQ et l’autre en épicerie. Dans les deux cas, Nathalie Bonhomme achemine le vin fini par bateau, d’Espagne jusqu’au Canada, dans des contenants de 1000 litres. Le liquide est protégé par du gaz inerte.

« Même pour mes vins embouteillés au Québec, je sais d’où proviennent les raisins, note-t-elle. J’ai une traçabilité de la vigne à la bouteille. »

Trois grands embouteilleurs

Ce n’est pas encore le cas de tous les vins d’épicerie. Cette industrie est occupée par trois grands embouteilleurs industriels. Ceux-ci achètent la plupart du temps différents vins non finis qu’ils assemblent une fois arrivés au Québec. Dans le processus, la cuvée perd son identité et, souvent, sa qualité.

Mais les façons de faire changent peu à peu. Pour réduire le transport et pour augmenter la qualité, les embouteilleurs se tournent entre autres vers les vins canadiens. C’est le cas d’Arterra, qui commercialise des dizaines de marques de vin embouteillé au Québec en épicerie et à la SAQ.

« Nous avons créé la marque Pas sages en collaboration avec la SAQ », explique Isabelle Meplon, chef des relations publiques chez Arterra Canada.

La SAQ s’est donné comme mandat de tripler l’importance des ventes de vins canadiens […] et d’encourager les vins embouteillés au Québec.

Isabelle Meplon, chef des relations publiques chez Arterra Canada

Cette stratégie fonctionne, car les clients sont au rendez-vous.

Ventes à la hausse

Il n’y a pas que la qualité des vins d’épicerie qui augmente, le choix aussi. Au cours des cinq dernières années, le nombre de cuvées offertes en épicerie est passé de 800 à 1000 produits.

Et ce nombre devrait se multiplier, car les ventes de vin en épicerie augmentent plus vite que celles à la SAQ. Au cours de la dernière année, les ventes en succursale ont grimpé de 1,9 %, tandis que celles en épicerie ont bondi de 11,6 %.

Chez Arterra, Isabelle Meplon explique cet intérêt par l’accessibilité. En un seul arrêt, on trouve son repas et sa bouteille.

À la suite de nombreuses critiques, la SAQ enlève de ses tablettes les marques de vins embouteillés au Québec, comme Wallaroo Trail et Revolution, qui se retrouvaient aussi en épicerie. Elle mise désormais sur des marques distinctes pour donner confiance aux consommateurs.

Trois bons vins d’épicerie

Bio d’Espagne

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À l’état pur

En collaboration avec la Bodega Juan Gil, la Québécoise Nathalie Bonhomme accorde autant d’attention et de soin dans la production de ce vin embouteillé au Québec qu’à ses autres cuvées : elle vendange à la main dans un terroir situé à 850 mètres d’altitude dans le sud-est de l’Espagne. Elle utilise les levures indigènes et le vin est certifié biologique. Résultat : à base de monastrell, connu sous le nom de mourvèdre en français, ce rouge est généreux, épicé et corsé. Il accompagnera à merveille les braisés d’automne.

À l’état pur, 15,99 $ (dans les détaillants Rachelle-Béry)

Consultez le site de Favuzzi distribution

Typique

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Maison Ladore, Cabernet Sauvignon No 002

Pour convaincre les consommateurs de la qualité du vin d’épicerie, les embouteilleurs collaborent avec des personnalités connues. Ainsi l’influenceuse Cassandra Loignon vient de lancer la marque Maison Ladore. Son cabernet-sauvignon américain répond aux attentes. Dans le verre, le vin sent bon les fruits mûrs. En bouche, ses tannins sont agréables et son goût fruité pourrait laisser croire que le vin n’est pas sec. On assure pourtant que oui. Pour 14,95 $ avant taxes, c’est un bon choix.

Maison Ladore, Cabernet Sauvignon No 002, 14,95 $ (en épicerie)

Bulles canadiennes

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Bù mousseux

Avis aux amateurs de prosecco, ce mousseux vendu en épicerie est digne d’intérêt. Il est élaboré avec des raisins de chardonnay cultivés au Canada. Ses bulles sont produites selon la méthode charmat, soit de la même manière qu’un prosecco. L’effervescence est tonique, les arômes de pommes et de poires sont agréables et pour rendre le tout encore plus soyeux, il contient un soupçon de vin de glace.

Bù mousseux, 15,31 $ plus taxes (en épicerie)