Sur glace, avec du tonic ou en cocktail, le gin du Québec connaît un succès inégalé. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au cours de la dernière année, les ventes de gin d’ici ont bondi de 55 % à la Société des alcools du Québec (SAQ). Devant l’intérêt qui grandit, les produits se multiplient. Voici quelques pistes pour s’y retrouver.

À son arrivée en 2011 au bar Le Pourvoyeur de la rue Jean-Talon, à Montréal, Ericka Flamme ne tenait qu’un seul gin québécois : l’Ungava. Celui-ci est maintenant loin d’être le seul spiritueux d’ici derrière son comptoir. Les gins du Québec remplissent une tablette entière. « Je les fais tous entrer, explique la mixologue, mais je dois faire une rotation. »

La SAQ a, elle aussi, fait de la place sur ses tablettes pour les gins québécois. Au cours de la dernière année, elle a ajouté 30 nouveautés à son offre, ce qui porte le total à 147.

Il n’y a pas que le nombre de gins qui a explosé. L’éventail des parfums aussi. À titre d’exemple, la distillerie Artist In Residence, à Gatineau, en commercialise neuf types !

Afin de s’y retrouver, Ericka Flamme conseille de déguster le gin québécois avec du soda plutôt qu’avec du tonic, afin de ne pas ajouter de goût supplémentaire. Et surtout, elle suggère de choisir le premier gin mis en vente par une distillerie. « Souvent, c’est la base de leur production, leurs racines, dit-elle, puis avec les autres gins, ils ajoutent différents styles. »

Le goût du Québec

L’aromate incontournable du gin est la baie de genévrier. À cette base s’ajoutent souvent la coriandre et la racine d’angélique pour composer le style classique appelé London Dry.

Or, ce style est quasi absent des alambics québécois, constate la SAQ. « Chaque producteur tente de jouer sur des saveurs un peu plus éclatées, commente la société d’État par courriel. Il y a, on l’imagine, la frénésie des amateurs de gin du Québec à vouloir tout collectionner, qui contribue à susciter l’intérêt de sortir des profils très nuancés, mais aussi originaux. »

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Ericka Flamme, du bar Le Pourvoyeur de la rue Jean-Talon, à Montréal

La mixologue Ericka Flamme est aussi de cet avis. Elle remarque que plusieurs distilleries tentent de mettre en valeur les aromates caractéristiques de leur région. Par exemple, le gin Saint-Laurent, à Rimouski, utilise des algues laminaires.

Au cours de la dernière compétition internationale des spiritueux de New York, en mai, l’entreprise Noroi a remporté le titre de distillerie de l’année avec son gin à l’érable. Selon le président, Jonathan Robin, ce sont les aromates boréaux qui permettent au gin du Québec de se démarquer, et qui ont aidé le sien à gagner la faveur des juges.

Les aromates qu’on retrouve surtout dans le nord du Québec, comme le thé des bois, le thé du Labrador et les différentes variétés de conifères, ce sont ces aromates qui nous distinguent des autres pays.

Jonathan Robin, président de Noroi

Aux parfums de sapin et de thuya s’ajoute de plus en plus un nouveau profil typique du Québec : les gins fruités. Ceux-ci mettent de l’avant les petits fruits locaux, comme la canneberge et la fraise. Ces alcools sont très populaires en été.

La prochaine vague

Dans le Bas-Saint-Laurent, à Saint-Arsène, Jonathan Roy, de la distillerie Fils du Roy, est loin de son alambic par les temps qui courent. Il s’occupe de son champ, où poussent des aromates destinés à sa production. Son établissement commercialise cinq gins différents, dont le dernier, le Thuya vieilli, a séjourné en fûts de chêne.

Selon le distillateur, le gin vieilli est l’une des nouvelles tendances au Québec. « Avec la prohibition de l’alcool, il y a un siècle, on a perdu le savoir de faire vieillir l’alcool et de distiller du grain à la bouteille, constate-t-il. Les distilleries sont en train de le réapprendre. »

Cocktail Floralie

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Le cocktail Floralie du bar Le Pourvoyeur

Ingrédients

2 oz de gin Bleu Royal
1 oz de sirop de miel floral 1
1 oz de jus de lime
2 ou 3 feuilles de menthe
2 ou 3 traits d’amer à l’hibiscus Dashfire
Glace

Préparation

1. Mettre dans le shaker tous les ingrédients, à l’exception de l’amer à l’hibiscus et des feuilles de menthe.

2. Secouer vigoureusement, puis verser dans une coupette en filtrant deux fois « double strain ».

3. Au moment de servir, ajouter l’amer à l’hibiscus et les feuilles de menthe. L’amer va créer un nuage rose sur le dessus du cocktail.

1 Pour préparer le sirop de miel floral, il faut porter à ébullition une tasse de miel pour deux litres d’eau dans une casserole. Lorsque la texture est homogène, retirer du feu et laisser refroidir (au moins deux heures) avant l’utilisation.