(London) À trois jours du vote, le chef conservateur, Erin O’Toole, a refusé vendredi d’appeler au « vote stratégique », soutenant toutefois clairement que le libéral Justin Trudeau veut que les électeurs votent pour les « petits partis » afin de « s’en tirer » avec une victoire lundi prochain.

« Justin Trudeau veut que vous restiez à la maison le jour des élections. Il veut que vous votiez pour les petits partis. Il veut que vous le laissiez s’en tirer », a en effet lancé M. O’Toole lors d’un point de presse en début d’après-midi à London, en Ontario.

Il a appelé « tous ceux qui en ont assez de se faire faire la morale », « d’être oubliés » ou « de payer toujours plus cher pour financer la dette » à voter conservateur. « Vous devez faire la seule chose que Justin Trudeau ne veut pas : c’est de voter conservateur lundi », a insisté M. O’Toole.

L’homme de 48 ans a aussi accusé son rival libéral de vouloir que les citoyens « restent à la maison le jour des élections ». Un scrutin en pleine pandémie est « difficile pour les Canadiens et pour les Québécois », a-t-il ajouté, se posant de nouveau comme « le seul chef qui peut remplacer M. Trudeau ». « Non », a-t-il toutefois répondu quand on lui a demandé s’il appelait carrément à voter stratégique.

« Il y a cinq partis dans ces élections, mais en réalité, seulement deux choix », a réitéré M. O’Toole, refusant de « faire de la publicité » aux autres partis, le NPD, le Bloc québécois, le Parti vert ou le Parti populaire de Maxime Bernier. Ce dernier, que le chef conservateur n’a pas explicitement nommé, pourrait le priver de précieux votes. « Nous méritons du changement ici », a par ailleurs affirmé Erin O’Toole, en réponse à une question sur les courses serrées dans la région de London.

Plus tôt cette semaine, jeudi, la veuve de Jack Layton et ex-députée fédérale Olivia Chow avait exhorté les Canadiens à éviter le « vote stratégique » qui pousserait les progressistes à voter libéral simplement pour éviter l’élection d’un gouvernement conservateur. « Je souhaite que les autres dirigeants, en particulier les libéraux, n’utilisent pas la peur comme facteur », avait insisté Mme Chow, alors qu’elle accompagnait le chef néo-démocrate Jagmeet Singh dans l’ancienne circonscription de Jack Layton. Elle a aussi soutenu que la peur était un sentiment « à très court terme ». « L’espoir, lui, est à beaucoup plus long terme, est beaucoup plus optimiste et renforce la confiance, construit notre pays », a-t-elle aussi plaidé.

Mercredi, M. Singh et M. Trudeau s’étaient aussi échangé des attaques sur le vote stratégique. Le chef du NPD avait affirmé que c’est un « argument que les libéraux ont utilisé à plusieurs reprises », établissant de nouveau une comparaison claire entre Erin O’Toole et les libéraux. « C’est du cynisme profond de la part de M. Singh de prétendre qu’il n’y a aucune différence entre un gouvernement libéral et un gouvernement conservateur », lui avait alors rétorqué Justin Trudeau.

Au-delà des partis politiques ?

Erin O’Toole a par ailleurs de nouveau été talonné sur la gestion de la COVID-19 du premier ministre Jason Kenney en Alberta, un enjeu qu’il avait catégoriquement refusé de commenter jeudi, à plusieurs reprises, alors qu’il faisait campagne dans l’est du Canada. Vendredi, il a fourni quelques réponses supplémentaires, demeurant toutefois très prudent.

« Pour les Albertains et pour les familles en Ontario, où on a perdu un enfant à cause de la COVID-19, la quatrième vague est grave », a-t-il reconnu mercredi, en faisant référence à ce jeune de moins de 10 ans emporté par le coronavirus dans la région de Waterloo. La médecin-hygiéniste de la région, la Dre Hsiu-Li Wang, a précisé que l’enfant avait déjà des problèmes de santé.

« Je connais les noms des premiers ministres. La chose la plus importante, c’est que je ne me préoccupe pas de leurs partis politiques », a ajouté le chef conserveur au sujet de Jason Kenney, en réitérant qu’il veut « travailler avec toutes les provinces » pour mettre un terme à la pandémie et à la circulation du variant Delta.

M. O’Toole a tenu sa conférence de presse, vendredi matin, dans la circonscription libérale de London-Ouest, où son parti accuse un retard d’un peu moins de 10 points de pourcentage selon certains sondages. Il s’est toutefois dit persuadé que sa formation, qui détient 34 sièges en Ontario, ferait des gains dans la province. « On va gagner plus de sièges en Ontario, et d’un océan à l’autre », a-t-il assuré.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Environ 200 personnes étaient réunies, vendredi soir, à St. Catharines, dans la région du Niagara, pour entendre Erin O’Toole.

En soirée, après un arrêt à Brantford devant les locaux du candidat Larry Brock, M. O’Toole a tenu un rassemblement partisan à St. Catharines, dans la région du Niagara, avec environ 200 personnes. « Nous sommes ici pour travailler fort et mériter votre soutien », a-t-il lancé à la foule, appelant de nouveau celle-ci à voter pour « le changement » le 20 septembre.

Avec La Presse Canadienne