(Jonquière ) À cinq jours du vote, le chef conservateur Erin O’Toole – qui fait campagne au Québec mercredi – a accusé le Bloc québécois d’être incapable « d’agir pour vos intérêts », réitérant du même coup son appui au projet GNL Québec, qui fait toujours l’objet d’une évaluation malgré le rejet catégorique du gouvernement Legault.

« Comme vous le savez, j’appuie les grands projets comme GNL Québec. C’est important pour les travailleurs, ici au Saguenay. Je suis fier de notre secteur des ressources naturelles. Les députés bloquistes, eux, sont toujours contre les opportunités pour les gens ici dans la région », a martelé M. O’Toole lors d’une conférence de presse.

Plus tôt cette semaine, Le Devoir rapportait que malgré le rejet provincial de GNL Québec, l’entreprise a exigé la poursuite de l’évaluation environnementale de l’usine Énergie Saguenay au niveau fédéral. Un rapport est attendu prochainement pour établir des « conditions potentielles » à la concrétisation du projet.

Questionné à savoir s’il abolirait ce processus d’évaluation, M. O’Toole est resté prudent, assurant simplement qu’il travaillera « avec la province » et respectera l’autorité du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), quoiqu’il advienne. Il a dit d’abord miser « sur la création de richesses et sur le développement économique ».

Par courriel, un porte-parole du Parti libéral a quant à lui indiqué que l’équipe de Justin Trudeau « est d’accord avec le gouvernement du Québec et n’appuie pas ce projet ». « Il est clair pour nous qu’il ne verra pas le jour. Plusieurs enjeux environnementaux, tant au provincial qu’au fédéral, demeurent préoccupants et le gouvernement du Québec a refusé le projet au terme de son évaluation », a-t-on assuré.

Le Bloc ciblé

Les conservateurs espèrent ravir la circonscription de Jonquière aux bloquistes et au député Mario Simard, le 20 septembre. Questionné à savoir comment il espère y arriver, Erin O’Toole n’a pas hésité pour dire qu’il est impossible pour Yves-François Blanchet « d’agir pour vos intérêts qui sont importants pour vous et vos familles ». « J’aimerais recevoir l’appui des Saguenéens. […] On va agir pour les régions », a-t-il insisté.

J’espère que lundi, même si vous n’êtes pas encore certains de votre choix, vous allez nous regarder avec un œil différent.

Erin O’Toole

Ses déclarations surviennent alors que le chef conservateur tente toujours de se présenter comme l’allié des travailleurs. Seul hic : il semble jusqu’ici demeurer l’ennemi public numéro un des syndicats canadiens. Certains des plus grands syndicats exhortent leurs membres à voter pour n’importe qui, sauf lui.

Chris Aylward, président national de l’Alliance de la fonction publique du Canada, a notamment soutenu cette semaine qu’il ne connaissait aucun syndicat comptant appuyer les conservateurs. « Erin O’Toole se présente comme un ami des travailleurs et un ami des syndicats, mais ses antécédents révèlent quelque chose de complètement différent », a-t-il avancé. À ce sujet, M. O’Toole a indiqué mercredi avoir « beaucoup de respect » pour les syndicats, disant avoir eu « d’excellentes réunions » avec les Métallos dans la région. « On va agir pour l’aluminium, pour le secteur forestier. Et je vais continuer de connecter avec les syndicats, comme un nouveau chef », a-t-il dit.

Trudeau « méprise » les règles

Erin O’Toole a de nouveau tiré à boulets rouges sur son rival libéral Justin Trudeau, à qui il reproche de mener « une campagne de peur et de désinformation ». « Une politique aussi négative, à l’américaine et conflictuelle, n’a pas sa place au Canada », a martelé M. O’Toole au sujet de M. Trudeau, qu’il accuse de mener « une campagne de peur », sans toutefois préciser sur quels aspects exactement.

Le conservateur s’en est aussi pris au grand évènement public qu’a tenu le chef libéral la veille à Brampton, auquel plusieurs dizaines de personnes ont assisté, alors que la municipalité est « un point chaud de la COVID-19 ».

« Justin Trudeau a organisé un rassemblement au mépris du bon sens et de la distanciation sociale. C’est un homme qui fait la leçon sur des règles qu’il n’est même pas prêt à suivre lui-même, au lieu de présenter une vision claire », a fustigé le chef conservateur à ce sujet.

Alors que l’Assemblée nationale a demandé mardi de façon unanime au Groupe de diffusion du débat des chefs fédéraux en anglais de présenter des excuses « pour le procès hostile intenté contre la nation québécoise » jeudi dernier, Erin O’Toole a réitéré mercredi qu’il ne va « jamais remettre en question le droit du Québec de passer ses propres lois », dont la loi 21.

Avec La Presse Canadienne