(Sainte-Luce) La relation avec la France est à reconstruire, estime le Bloc qui veut lancer une offensive diplomatique pour redorer l’image du Québec.

« La sympathie du président Emmanuel Macron n’est pas aussi intense que celle de certains de ses prédécesseurs, mais je pense que tout ça se reconstruit et que l’ouverture va être là », a déclaré le chef bloquiste Yves-François Blanchet, qui a présenté dimanche une « espèce de stratégie » pour « redorer le blason digne » le Québec à l’étranger.

Le réseau d’influence du Québec de l’époque, « puissant, branché, exceptionnel », était attribuable à une réceptivité envers le Québec qui n’est « pas la même dans le gouvernement français » aujourd’hui, a-t-il noté, en raison de l’intérêt que suscitait l’enjeu de l’indépendance.

Lorsque la nation québécoise se destinait à de grandes choses, cela suscitait beaucoup d’intérêt à l’échelle internationale.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Image négative

Le Bloc veut notamment contrer l’image négative du Québec qui est véhiculée dans des médias étrangers, notamment en tissant des liens avec le réseau des ambassades et consulats au Canada.

Le chef a en mémoire des articles désobligeants du New York Times et du Washington Post sur le Québec concernant la laïcité et la langue française.

M. Blanchet mise sur le « réseautage », parce que le Bloc a « de bonnes relations avec beaucoup de gens dans l’appareil diplomatique ».

Il se fonde sur les « partenaires naturels » du Québec, la France, la Belgique, la Catalogne, une « nation sœur ».

« Je n’exclus pas le Royaume-Uni », a-t-il ajouté.

Il entend aussi publier des lettres ouvertes dans des médias en Europe, aux États-Unis et même au Canada anglais.

Taper sur le Québec pour faire des gains au Canada

Les libéraux et les néo-démocrates ont décidé d’utiliser le racisme contre le Québec pour faire des gains électoraux dans le reste du Canada.

C’est ainsi que le chef bloquiste Yves-François Blanchet a dépeint ses adversaires Justin Trudeau et Jagmeet Singh dimanche.

Depuis la question controversée adressée au chef bloquiste au débat télévisé en anglais de jeudi, l’enjeu de la laïcité et le « Québec bashing » a monopolisé l’actualité électorale et a même donné de l’élan à la campagne du Bloc.

« Je suis contre les lois qui créent des divisions, qui sont discriminatoires, a dit M. Singh en parlant de la loi sur la laïcité dimanche. Ce qui est encourageant, c’est que ce sont les Québécois et Québécoises qui se battent contre cette loi et c’est exactement ce qu’on veut voir. »

M. Trudeau, qui a toujours exprimé son opposition à cette loi, a dit qu’il allait « continuer de défendre le fait que les Québécois ne sont pas racistes ».

« Justin Trudeau est le champion de la lutte contre les affirmations selon lesquelles les Québécois sont racistes, après l’avoir dit ô combien de fois », a lancé le chef bloquiste en conférence de presse à l’Espace René-Lévesque à New Carlisle (Gaspésie), où il a rendu hommage au premier ministre péquiste, fils de ce coin de pays.

« Justin Trudeau est résolument et sans complexe contre la loi 21 (sur la laïcité) et va aider ceux qui sont contre la loi 21. »

Selon Yves-François Blanchet, le chef libéral et le chef néo-démocrates frappent sur le Québec pour ainsi séduire les électeurs du reste du Canada.

« Ils se sont dit :“on va jouer le Canada contre le Québec.”[…] On a deux formations politiques (le Parti libéral et le NPD) qui ont décidé d’utiliser les accusations de racisme contre le Québec pour aller faire des gains au Canada. »

Le Parti libéral a tenu à réagir aux commentaires de M. Blanchet.

« Les Québécois veulent un gouvernement progressiste qui défend leurs valeurs, notamment au sujet de la lutte contre les changements climatiques, de l’interdiction des armes à feu, de l’égalité des sexes et de la justice sociale, a écrit une source libérale à La Presse Canadienne. Ils ne se laisseront pas instrumentaliser par les tactiques de division de M. Blanchet. À moment donné, trop, c’est comme pas assez. »

« Pas dupes »

Le chef bloquiste faisait campagne dimanche dans Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine pour déloger la ministre libérale Diane Lebouthillier de cette circonscription.

Le maire de Grande-Rivière, Gino Cyr, et son homologue de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Roberto Blondin, ont rencontré le chef bloquiste parce qu’ils sont insatisfaits de la ministre fédérale.

On leur a refusé des fonds pour moderniser les installations portuaires et un parc bioalimentaire marin.

« On nous a dit qu’on ne répond pas aux critères », des critères qui sont repris du Nouveau-Brunswick, a déploré M. Blondin en entrevue avec La Presse Canadienne.

« Les citoyens en Gaspésie ne sont pas dupes, tu peux faire des promesses, mais il faut qu’il y ait des résultats. Notre secteur est délaissé. »

Le Bloc a-t-il des chances de prendre la circonscription avec son candidat Guy Bernatchez ?

« Je vois le futur député, monsieur Bernatchez, comme un lobbyiste, qui va défendre la région, qui essaie de changer les choses, a-t-il dit. Quand tu essaies, c’est pas pire, mais quand tu ne fais rien, c’est une autre affaire. »