(Ottawa) Le chef conservateur, Erin O’Toole, estime qu’on renforcerait l’engagement à bâtir un pays meilleur en hissant à nouveau les drapeaux canadiens le 30 septembre prochain, Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, qui sera soulignée pour la première fois cette année.

M. O’Toole soutient que les Canadiens devraient être fiers de hisser à nouveau les unifoliés qui avaient été mis en berne en mai dernier sur la tour de la Paix du Parlement et d’autres édifices fédéraux, à la suite de la découverte de tombes non marquées sur les sites d’anciens pensionnats fédéraux pour Autochtones.

Au cours du débat des chefs en anglais, jeudi soir, M. O’Toole a déclaré que s’il était élu premier ministre, il souhaiterait que les drapeaux flottent à nouveau en haut des mâts le 30 septembre.

En juin, le Parlement a adopté à toute vapeur le projet de loi qui instaure ce nouveau jour férié, après la découverte de ce que l’on croit être les restes de 215 enfants autochtones forcés de fréquenter un pensionnat fédéral à Kamloops, en Colombie-Britannique.

À l’époque, le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, déclarait que le but de cette journée fériée était de donner aux Canadiens l’occasion d’en apprendre davantage sur ce qui s’est passé dans le système des pensionnats et de réfléchir aux expériences des survivants.

M. O’Toole se dit fier du Canada, malgré les « cicatrices » de son passé, et il estime que le pays pourrait profiter de cette journée du 30 septembre pour s’engager clairement, à nouveau, à parvenir à la réconciliation avec les peuples autochtones. « On doit agir : pas juste des belles paroles. On doit avoir un plan d’action, en partenariat avec les Premières Nations », a-t-il dit lors d’un arrêt de campagne à Mississauga, en Ontario.

« Nous hisserons ensuite notre drapeau pour souligner cet engagement à bâtir un Canada fort et meilleur à l’avenir », a déclaré M. O’Toole. « Si vous n’aimez pas votre pays et si vous ne vous engagez pas à nouveau envers lui, allez-vous vraiment travailler très fort pour progresser ? »

Au cours du débat de jeudi, on a demandé à M. O’Toole s’il avait consulté des Premières Nations ou d’autres dirigeants autochtones pour hisser à nouveau les drapeaux le 30 septembre. Il a répondu qu’il consultait souvent les dirigeants autochtones, mais n’a pas précisé si l’une de ces conversations avait porté sur les drapeaux en berne.

Le chef de l’opposition néo-démocrate au Manitoba, Wab Kinew, qui était un témoin honoraire à la Commission de vérité et réconciliation du Canada, a écrit jeudi sur Twitter que le drapeau canadien devrait rester en berne le 30 septembre. « Cette journée concerne les survivants et leurs descendants, a-t-il écrit. Et tous ceux qui ne sont jamais revenus à la maison ».

La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, a déclaré la semaine dernière que laisser les drapeaux en berne permettait de continuer d’honorer la vie des enfants autochtones décédés dans les pensionnats. Si les drapeaux étaient mis en berne pendant une journée pour chaque enfant dont les restes ont été découverts jusqu’à présent, il faudrait entre 11 et 17 ans pour qu’ils soient à nouveau hissés, a-t-elle déclaré.

Le chef libéral Justin Trudeau a rejeté l’idée que les pensionnats soient relégués aux livres d’histoire.

« Je pense que les Canadiens ont vu avec horreur ces tombes anonymes à travers le pays et ont réalisé que ce qui s’est passé il y a des décennies ne fait pas partie de notre histoire, c’est une partie irréfutable de notre présent », a-t-il déclaré vendredi.

« Je prévois de garder ces drapeaux en berne jusqu’à ce qu’il soit clair que les peuples autochtones sont heureux de les hisser à nouveau. »

« Contrairement à M. O’Toole, qui le fera quand il en aura envie, je continuerai de remettre la réconciliation avec les peuples autochtones entre les mains des peuples autochtones », a ajouté le chef libéral.

Moins d’une heure plus tard, M. O’Toole a déclaré que M. Trudeau n’avait offert que « des paroles et des promesses », soulignant les dizaines de communautés autochtones qui n’avaient pas accès à de l’eau potable.

M. Trudeau avait promis en 2015 de lever tous les avis concernant la qualité de l’eau potable d’ici mars cette année, mais le gouvernement a reconnu en décembre dernier qu’il n’atteindrait pas cet objectif.

Au 28 août, 109 avis à long terme concernant la qualité de l’eau potable avaient été levés depuis novembre 2015, tandis que 51 étaient toujours en vigueur dans 32 collectivités, selon Services aux Autochtones Canada.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a déclaré que des mesures symboliques telles que la mise en berne des drapeaux sont importantes, mais ne doivent pas remplacer d’autres priorités, notamment l’amélioration des conditions de vie des communautés autochtones et la localisation d’un plus grand nombre de tombes non marquées.

Lynne Groulx, directrice générale de l’Association des femmes autochtones du Canada, a soulevé une note d’espoir après un débat des chefs qui a porté sur la réconciliation, la discrimination systémique et le logement.

« Les chefs de parti conviennent tous que la confiance doit être rétablie, et le moyen d’y parvenir passe par l’action », a-t-elle écrit sur Twitter jeudi soir.

« Nous espérons que les promesses de ce soir sont plus que des mots vides de sens. La réconciliation est possible et nous sommes prêts à travailler ensemble pour y arriver. »