Les maires de cinq grandes villes québécoises se sont unis mardi pour affirmer leurs craintes de voir la province prendre une dérive à l’américaine si le prochain gouvernement fédéral refuse de bannir les armes de poing et les armes d’assaut.

Les élus de Montréal, Québec, Laval, Longueuil et Gatineau sont insatisfaits des engagements pris par les partis politiques canadiens durant la campagne électorale actuelle. Ils craignent de voir les fusillades se multiplier, ont-ils affirmé mardi matin dans le Vieux-Port de Montréal.

« On demande aux chefs fédéraux de s’engager clairement à contrôler les armes à feu : les armes de poing et les armes d’assaut », a affirmé la mairesse de Montréal Valérie Plante. À défaut, « on se dirige vers une société à l’américaine où l’usage des armes à feu devient banal et les drames deviennent quotidiens », a-t-elle souligné. « Du flou, on n’en veut pas. On veut un plan qui est clair », a ajouté Mme Plante.

Le maire de Québec s’est engagé dans le même sillon. « N’attendons pas que ça devienne le wild west comme chez nos chers voisins du sud », a déclaré Régis Labeaume. « Les policiers et les policières vont perdre cette guerre-là. […] Personnellement je refuse de vivre dans ce genre de pays. »

Trudeau prêt à « faire plus »

Questionné à ce sujet mardi, alors qu’il procédait à une annonce devant le Stade olympique dans Hochelaga, le chef libéral Justin Trudeau a dit avoir « démontré au fil des années qu’on est toujours là pour augmenter et renforcer le contrôle des armes à feu », en bannissant par exemple plusieurs « armes de style militaire d’assaut » et en renforçant la vérification des antécédents.

« On est là pour travailler avec les municipalités qui veulent elles-mêmes bannir les armes de poing dans leur juridiction, et on a clairement entendu le gouvernement du Québec nous dire qu’il veut pouvoir les bannir à l’échelle de la province », a renchéri le premier ministre sortant.

« S’il y a besoin de plus, on va être là », a-t-il ajouté après avoir rappelé son engagement de débloquer un milliard de dollars pour soutenir les provinces qui appliquent l’interdiction des armes de poing. « Pour les provinces comme le Québec qui veulent carrément interdire les armes de poing sur leur territoire, on sera là pour ça », a-t-il aussi insisté à ce sujet.

M. Trudeau n’a pas manqué d’attaquer à nouveau mardi le « manque de sérieux » de son rival conservateur Erin O’Toole, qui continue d’être hanté par ses contradictions sur les armes à feu, que les libéraux utilisent abondamment pour l’attaquer depuis quelques jours.

Dimanche, le chef conservateur a d’ailleurs fermement pris ses distances avec le programme de son parti, annonçant non seulement qu’il maintiendrait l’interdiction sur les fusils d’assaut, mais aussi qu’il n’abolirait pas le décret adopté en mai interdisant certains types d’armes à feu.