(Ottawa) Le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, ne respecterait pas les nouvelles cibles du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais plutôt celles établies par l’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Cette déclaration vient alors que le Canada se prépare à assister à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, cet automne, où les pays devraient multiplier les engagements.

En vue de cet évènement, le gouvernement libéral a haussé ses objectifs en s’engageant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre d’environ 40 à 45 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. La cible précédente était de 30 %.

L’objectif de 30 % avait été établi par l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper et était la cible du pays selon l’accord de Paris, en 2015.

Selon M. O’Toole, le plan conservateur en matière de changements climatiques va « respecter les objectifs de Paris » de 30 %, même si les Nations unies ont spécifié que l’accord nécessitait « des actions de plus en plus ambitieuses » à chaque cinq ans.

« Dans les 10 jours qui ont suivi la publication de notre plan en avril, [Justin Trudeau] a changé ses cibles trois fois, sans avoir de plan », a avancé M. O’Toole, lors d’un arrêt à Corner Brook, à Terre-Neuve-et-Labrador, dans le cadre de sa campagne électorale.

Le plan du chef conservateur, qui vise un équilibre entre la lutte contre les changements climatiques, la croissance économique et le maintien d’emplois, propose d’imposer un prix sur le carbone pour l’essence et de miser sur les voitures électriques.

« Si les gens veulent que notre pays fonctionne à nouveau, il n’y a qu’une seule option dans cette élection : le Parti conservateur », a clamé M. O’Toole.

Sauf que de l’avis de Michael Bernstein, directeur général de l’organisme Clean Prosperity, qui a fait pression sur les conservateurs pour qu’ils adoptent un plan de tarification du carbone, si Erin O’Toole veut revenait à une cible de 30 % ce serait un pas de recul pour le Canada par rapport à ses alliés du G7.

« S’il s’accroche au 30 %, il sera forcé de réviser l’objectif actuel du gouvernement fédéral qui a déjà été communiqué à l’ONU dans le cadre de l’accord de Paris », écrit M. Bernstein dans une déclaration écrite transmise à La Presse Canadienne.

« Cela constituerait une violation de l’accord de Paris et, même s’il n’y a pas vraiment de conséquences légales, cela enverrait un bien mauvais message au reste du monde, incluant des investisseurs potentiels, au sujet du réel engagement du Canada dans la lutte pour le climat », croit-il.

Dans la même veine, Caroline Brouillette, analyste des politiques au sein du Réseau action climat Canada, répond à son tour dans une déclaration écrite qu’une réduction des cibles soumises à l’ONU « ne serait pas qu’une catastrophe diplomatique, mais aussi un échec de reconnaître que le Canada doit faire sa juste part pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius ».

« Le rehaussement des ambitions est au cœur de l’accord de Paris. Un nivellement par le bas violerait l’esprit de l’entente », ajoute-t-elle.

M. Trudeau a annoncé ses nouvelles cibles alors qu’il participait à un sommet virtuel sur le climat organisé par le président américain Joe Biden, qui a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de son pays de 50 à 52 %.

Le gouvernement libéral a récemment établi un nouvel objectif d’atteindre zéro émission d’ici 2050. Cette proposition a été adoptée à la Chambre des communes, avant la pause estivale, malgré le désaccord des conservateurs.

Le gouvernement n’a toutefois pas encore expliqué comment il planifiait atteindre ces nouveaux objectifs plus ambitieux.