De passage à Montréal, là où des centaines de milliers de personnes avaient pris part à la Marche pour le climat il y a deux ans, le chef du NPD Jagmeet Singh s’est engagé lundi à réduire de 50 % les gaz à effet de serre (GES) au pays par rapport à 2005, en interrompant immédiatement les subventions pétrolières.

« Devant les jeunes qui prenaient part à la marche en 2019, Justin Trudeau a promis du changement et des actions pour lutter contre les changements climatiques. Mais qu’a-t-il fait depuis deux ans ? Il a augmenté les subventions aux énergies fossiles », a martelé le chef néodémocrate au parc Jeanne-Mance, devant le mont Royal, accusant son rival libéral de faire des « promesses en l’air ».

Le NPD compte mettre un terme aux subventions pétrolières pour les « réaffecter au secteur des énergies propres et renouvelables ». Questionné à savoir comment il entend procéder, M. Singh a plaidé pour une interruption immédiate, sans transition graduelle comme le veulent les libéraux. « On doit les arrêter tout de suite. On sait qu’il y a des travailleurs, et c’est important, mais on peut trouver des façons d’investir pour créer des emplois », a-t-il plaidé. Selon le chef, les subventions libérales au pétrole ont été en moyenne 900 millions plus élevées que celles accordées par le Parti conservateur.

Parmi les autres mesures qu’il compte mettre en œuvre, le député de Burnaby-Sud a aussi cité « des investissements dans la rénovation écoénergétique », le transport collectif et l’électrification des transports. « On a les outils, on a les technologies. Ce qui a manqué depuis longtemps, c’est la volonté de le faire », a insisté M. Singh, qui se dit partisan d’une « Loi sur la transparence » qui permettrait de « vérifier » à quel point les gouvernements font leur part.

Un gouvernement néo-démocrate débloquerait également un « fonds spécifique » de 500 millions pour « soutenir la conservation dirigée par les Autochtones » et protéger leur environnement. « C’est à eux de décider », a répondu Jagmeet Singh lorsqu’interrogé à savoir comment ce montant serait investi. « En donnant ces ressources, on peut donner les outils », a-t-il ajouté.

Opération séduction au Québec

Depuis la semaine dernière, il s’agissait de la deuxième présence de Jagmeet Singh à Montréal, où il a lancé sa campagne. Le parti espère faire des gains au Québec, mais la tâche s’annonce toutefois difficile, disent plusieurs politologues, alors que la popularité du Bloc québécois est toujours forte dans la province.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Depuis la semaine dernière, il s’agissait de la deuxième présence de Jagmeet Singh à Montréal, où il a lancé sa campagne.

Pour l’heure, le député et chef adjoint du parti Alexandre Boulerice, qui conserve ses appuis dans Rosemont, représente le dernier vestige de la vague orange de Jack Layton, survenue il y a plus de 10 ans déjà. Plusieurs autres candidats locaux sur lesquels mise le parti, dont l’épidémiologiste Nimâ Machouf dans Laurier-Sainte-Marie, étaient d’ailleurs aux côtés du chef lundi.

Les libéraux, eux, ont plutôt fixé à entre 40 % et 45 % l’objectif de réduction d’ici 2030, en se basant sur 2005. Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet, lui, déplore le « détour intellectuel » qu’est de prendre pour base de calcul l’année 2005 dans ses cibles de réduction. Il propose « que ce soit plutôt 37,5 % sur la base de Kyoto, en 1990 ». « Si on le met sur 2005, ça donne 51 %, ce qui est comparable à ce qu’un grand nombre de pays font », a-t-il dit la semaine dernière.

En après-midi, Jagmeet Singh doit rendre visite lundi à des entreprises montréalaises en compagnie de la candidate néo-démocrate pour Papineau, Christine Paré, et d’Alexandre Boulerice. Samedi, le parti avait promis de verser une aide financière aux locataires pour les aider à payer leur loyer. Il s’est aussi engagé à imposer des règles strictes aux prêts accordés par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) afin de faire cesser les « rénovictions ».

Singh et Layton : même charisme, juge Boulerice

Jagmeet Singh et Jack Layton ont le même type de charisme et d’énergie positive, juge Alexandre Boulerice, qui croit que l’actuel chef a lui aussi ce qu’il faut pour séduire les électeurs québécois comme l’a fait son prédécesseur en 2011. Cette année-là, la « vague orange » avait déferlé sur le Québec : aux élections générales, le parti alors mené par le chef Jack Layton avait remporté 59 des 75 sièges québécois à la Chambre des communes. Alexandre Boulerice a travaillé avec les deux hommes et voit plusieurs similitudes entre eux : ils dégagent les mêmes ondes positives, ils sont authentiques, proches des gens, qui se reconnaissent en eux, a-t-il déclaré lundi matin. Il dit qu’il faut voir le chef Singh se promener dans les rues de Montréal : les gens font la file pour avoir une photo avec lui. Cette connexion va se transformer en sièges lors de l’actuelle élection, dit le député de Rosemont. Pourtant, lors de l’élection de 2019, il y a à peine deux ans, Jagmeet Singh était déjà à la tête du parti qui a été déserté par les électeurs québécois. Mais cette fois-ci, « on sent qu’on progresse, qu’on est en croissance, qu’on a le vent dans les voiles », assure M. Boulerice. « On a une campagne très ciblée. On va réaliser des gains dans certains secteurs. » Il juge que son chef est populaire auprès des jeunes et pour cette raison, des villes universitaires sont ciblées, comme Sherbrooke et Trois-Rivières. « On vise entre six et dix circonscriptions où c’est possible d’aller faire des gains, dit-il. Mais s’il y en a 20 autres qui votent NPD, on sera bien contents », a-t-il lancé.

La Presse Canadienne