En s’inspirant des propositions néo-démocrates, le chef libéral Justin Trudeau s’est engagé vendredi à offrir 10 jours de congés de maladie payés à tous les travailleurs sous réglementation fédérale, et ce, dans les 100 premiers jours d’un éventuel prochain mandat.

« Ces congés de maladie payés pourront être utilisés quelques-uns à la fois, par exemple si un travailleur a besoin de 48 heures pour se remettre d’un rhume, ou sur une plus longue période de temps. Parce qu’on sait que dans la vie, il y a toujours des imprévus, même s’il n’y a pas de pandémie », a expliqué M. Trudeau lors d’un point de presse tenu à Winnipeg en début de journée.

Il affirme que les Canadiens qui sont malades « devraient être capables de rester à la maison pour mieux se porter ». « C’est aussi simple que ça », a-t-il insisté.

Avec cette annonce, les libéraux puisent dans les idées du NPD et de son chef, Jagmeet Singh. Les congés de maladie payés sont en effet une demande récurrente des troupes néo-démocrates. Ces derniers avaient d’ailleurs accepté de voter en faveur du discours du Trône, à l’automne 2020, en disant avoir obtenu un engagement des libéraux en ce sens.

Pendant la pandémie, les congés de maladie payés étaient prévus dans les prestations d’aide fournies par le gouvernement fédéral. Celles-ci viendront à terme au mois d’octobre ; les libéraux proposent donc de modifier le Code canadien du travail.

Le gouvernement libéral s’engage, s’il est réélu, aussi à convoquer « immédiatement » les provinces et les territoires afin de discuter de la réglementation des congés de maladie à travers le pays et de les inciter à égaler ou surpasser le modèle fédéral. Dans les derniers mois, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh avait de son côté accusé les libéraux d’avoir voulu faire le strict minimum en la matière. Il demandait que les congés de maladie payés en temps de COVID-19 deviennent un programme permanent et non l’objet de promesses électorales ou de politiques temporaires.

M. Singh n’a pas manqué de dénoncer vendredi le fait que « Justin Trudeau a traversé quatre vagues pandémiques sans donner aux travailleurs des congés de maladie payés ». « Nous lui demandons d’offrir ces congés depuis 18 mois. Chaque jour depuis, des personnes sont allées au travail parce qu’elles n’avaient pas d’autre moyen pour payer leurs factures. Maintenant, il veut nous faire croire qu’il le fera après les élections », a-t-il illustré dans une déclaration écrite.

L’enjeu des frontières américaines

Quelques heures avant la conférence de presse de Justin Trudeau, vendredi, le gouvernement des États-Unis annonçait que les restrictions empêchant les entrées terrestres et maritimes pour les voyages non essentiels en provenance du Canada et du Mexique seraient prolongées jusqu’au 21 septembre.

« Depuis quelques semaines, les exceptions pour les Américains pleinement vaccinés [se justifient] parce que ces nouveaux cas, cette quatrième vague, ces morts sont presque entièrement chez des gens qui ne sont pas vaccinés », a maintenu M. Trudeau de son côté, en confirmant du même coup qu’aucun changement n’était prévu pour l’instant du côté canadien.

Le chef conservateur Erin O’Toole a quant à lui avancé qu’il pouvait être sécuritaire d’ouvrir la frontière aux Américains « si on a des tests de dépistage rapide à la frontière et si on a l’information sur le niveau de vaccination chez les Américains ».

Enfin, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a reproché au premier ministre son manque de communication avec l’administration Biden. « Normalement, dans la relation étroite qui doit prévaloir entre le Canada et les États-Unis, tu prends le téléphone, tu te parles et tu te coordonnes avec ton principal partenaire politique et commercial pour avoir une approche cohérente », a-t-il fustigé.

« Les États-Unis n’ont pas fait ce choix-là, ça leur appartient, mais depuis le début, il y a toujours une certaine asymétrie », a rétorqué M. Trudeau, en assurant que les discussions continueraient dans les prochaines semaines avec l’administration de Joe Biden. « On a fermé la frontière aux Américains en mars de l’an passé. Ça fait plus qu’un an et demi qu’on a fermé la frontière avec les États-Unis », a insisté le chef libéral, en soutenant que le Canada est « en tête de liste de la vaccination parce que les gens font leur part ». « C’est bon pour l’économie », a-t-il ajouté en parlant de la venue d’Américains.

Avec La Presse Canadienne