Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a dénoncé vendredi le « plan d’inaction » des libéraux de Justin Trudeau en matière de lutte contre la crise climatique. Son parti dévoilera ce week-end une série de propositions dans sa plateforme électorale pour s’attaquer à un « drame planétaire ».

« Présentement, le Canada est économiquement dépendant du pétrole de l’Ouest, mais il refuse de l’admettre. Conséquemment, il refuse de le corriger. L’admission est préalable aux mesures nécessaires », a expliqué M. Blanchet lors d’un point de presse tenu à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, non loin d’où des digues avaient cédé sous la pression de l’eau il y a maintenant deux ans.

Le chef bloquiste réclame que le Parlement s’engage à « contenir les élans pétroliers menant vers une augmentation de la production et l’exportation » d’énergies fossiles dans l’ouest du Canada. « J’en appelle au sens de l’État qui doit animer un premier ministre, l’actuel ou qui il soit après l’élection du 20 septembre », a-t-il déclaré.

M. Blanchet déplore par ailleurs qu’Ottawa fasse un « détour intellectuel » en prenant pour base de calcul l’année 2005 dans ses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les libéraux ont fixé à entre 40 % et 45 % l’objectif de réduction d’ici 2030, en se basant sur 2005.

De notre côté, on propose que ce soit plutôt 37,5 % sur la base de Kyoto, en 1990. Si on le met sur 2005, ça donne 51 %, ce qui est comparable à ce qu’un grand nombre de pays font.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Mais le chef bloquiste n’entend pas aller jusqu’à paralyser le futur Parlement fédéral pour forcer le gouvernement à agir sur le front des changements climatiques, une menace qu’avait brandie Québec solidaire à l’Assemblée nationale dans les dernières semaines. « Je suis prêt à participer à des marches par solidarité, mais je ne suis pas prêt à remplacer le Parlement par des pancartes et des étendards », a-t-il dit.

Plus d’inondations à venir, craint le Bloc

À Sainte-Marthe-sur-le-Lac, où il fait campagne pendant une partie de la journée vendredi, Yves-François Blanchet a rappelé « qu’il y [avait] une certitude d’augmentation de la probabilité » des inondations, qui ont durement touché la région au cours des dernières années. « Rappelons-nous ce que les gens d’ici ont vécu et, à bien des égards, vivent encore. J’invite les politiciens qui carburent au pétrole à venir rencontrer les gens d’ici et voir à quoi ils exposent les générations futures », a renchéri le chef.

C’est en juin que les sénateurs fédéraux avaient adopté à majorité le projet de loi C-12, qui oblige le gouvernement fédéral à fixer des cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre en vue de l’atteinte de la carboneutralité d’ici 2050. Le Bloc, lui, déplore que la loi soit « trop faible ».

« Les libéraux de Justin Trudeau ont davantage soutenu l’industrie pétrolière que les conservateurs de Stephen Harper. Dans [leur] dernier budget, il y avait 25 millions par année pour la recherche en forêt, qui est pourtant une ressource renouvelable, avec un potentiel carboneutre qui est profondément crucial pour le Québec. Il existe un autre modèle économique », a aussi avancé M. Blanchet. « Si ça implique de mettre un poing sur la table face au Canada pétrolier, de grâce, faisons-le. On n’en peut plus d’entendre une chose de Justin Trudeau et de constater le contraire dans les jours qui suivent », a-t-il conclu.

Gestion de l’offre : un candidat doit se défendre

Un candidat bloquiste autrefois opposé à la gestion de l’offre a eu à défendre ses positions antérieures vendredi. L’économiste Jean-Denis Garon, qui se présente dans Mirabel, a déjà écrit des chroniques contre le système de gestion de l’offre dans la production laitière, système que défend le Bloc québécois. À Sainte-Marthe-sur-le-Lac, le principal intéressé a expliqué que ses positions antérieures s’inscrivaient dans le contexte d’un débat d’idées. Il a assuré s’être rallié et adhérer totalement à la position du Bloc, qui a livré de nombreuses batailles pour protéger les producteurs laitiers québécois contre l’entrée de produits laitiers étrangers subventionnés.

Avec La Presse Canadienne