(Québec) Au diable la prudence : le chef du Bloc québécois est prêt à jouer cartes sur table. Yves-François Blanchet a énoncé lundi des objectifs clairs pour les élections du 20 septembre, lors desquelles il espère faire des gains importants aux dépens des libéraux, des conservateurs et du seul élu néodémocrate de la province.

« L’objectif tourne autour de 40 circonscriptions », a indiqué Yves-François Blanchet au moment de lancer la campagne bloquiste, à l’ombre du parlement à Québec.

Avec 32 députés sortants, c’est donc dire que le Bloc aimerait gagner huit sièges. Les stratèges du parti ont dressé une liste d’une dizaine de circonscriptions à aller chercher, dont Québec, Châteauguay–Lacolle, Hochelaga, Chicoutimi, Sherbrooke, Argenteuil, Longueuil–Charles-LeMoyne, Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine…

« On veut en prendre à tout le monde. Laissez-nous aller et ça se pourrait que le dernier député du NPD soit dans le trouble », a même lancé M. Blanchet, en faisant référence à Alexandre Boulerice.

Les sièges conservateurs sont aussi dans la ligne de mire du Bloc. « Dans Chicoutimi–Le Fjord, je m’excuse un peu à Richard Martel, mais ses nuits doivent être complexes », a ironisé M. Blanchet. L’ancien entraîneur de hockey l’avait emporté avec moins de 900 voix sur la candidate bloquiste en 2019.

La région de Québec sera aussi courtisée par le Bloc. C’est d’ailleurs là que la campagne a été lancée. Dans la grande région de la capitale, les conservateurs détiennent 8 des 12 sièges, contre 2 pour les libéraux et tout autant pour le Bloc.

Une telle domination conservatrice dans « la seule capitale nationale » a de quoi énerver Yves-François Blanchet.

« Ça m’embête beaucoup, terriblement. J’ai très envie que les gens de ma capitale se reconnaissent aussi dans l’offre politique du Bloc québécois. En 2019, les gens avaient dit que le Bloc ne gagnerait aucun siège dans la région de Québec. On en a deux », a-t-il dit.

Le bilan « ratatiné » de Trudeau

Mais c’est surtout le gouvernement sortant de Justin Trudeau qui a subi les foudres du chef bloquiste, entouré pour l’occasion de ses candidats dans la région de Québec.

« La course au Québec sera une course entre les libéraux et le Bloc québécois », a assuré M. Blanchet. « Les gens qui peuvent empêcher les libéraux de faire les gains, qui peuvent enlever des comtés aux libéraux, ce sont les bloquistes. »

Selon lui, le gouvernement libéral de Justin Trudeau n’a finalement qu’un « bilan vachement ratatiné » à offrir à la population.

Le Bloc estime que le gouvernement a mal répondu à la crise sanitaire, notamment sur le front de l’approvisionnement des vaccins et la protection des frontières.

Le Bloc présentera sa plateforme en fin de semaine. Mais il s’engage déjà à « continuer la bataille sur la laïcité et la liberté d’expression ». M. Blanchet a d’ailleurs fait référence à la controverse entourant le « mot commençant par n » à l’Université d’Ottawa.

Ni pour ni contre le troisième lien

Le Bloc veut aussi s’ériger en chantre de l’environnement. Yves-François Blanchet a cité le dernier rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur les changements climatiques.

Pourtant, le Bloc a décidé de soutenir la demande d’aide financière de Québec pour un tunnel autoroutier de 10 milliards entre Québec et Lévis, qui selon les experts va accroître les déplacements en automobile et l’étalement urbain.

Le chef du Bloc assure qu’il n’est ni pour ni contre ce projet. Il soutient toutefois François Legault, qui demande qu’Ottawa éponge 40 % de l’importante facture.

« Le Bloc québécois n’a pas à avoir d’opinion sur le troisième lien », a dit le chef. « Le fédéral n’a pas à intervenir dans les choix du gouvernement du Québec en matière d’infrastructure. On peut être pour le troisième lien, on peut être contre, mais on ne peut pas être contre le fait que c’est une décision qui n’appartient qu’à Québec. »