Minoritaires à la Chambre des communes depuis le scrutin d’octobre 2019, les libéraux de Justin Trudeau pourront-ils obtenir la majorité des sièges qu’ils convoitent tant ?

(Ottawa) Encore largement inconnu au pays, le chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, parviendra-t-il à s’imposer durant la campagne ? Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, sera-t-il en mesure de répéter les succès de la dernière campagne ? Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, pourra-t-il transformer sa popularité personnelle en bulletins de vote ? La crise qui secoue le Parti vert depuis plusieurs semaines aura-t-elle un effet déterminant sur l’issue du vote dans certaines circonscriptions chaudement disputées ?

Voici en rafale 10 circonscriptions au pays où les luttes seront à suivre durant la présente campagne électorale.

Québec

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Jean-Yves Duclos, président du Conseil du Trésor

Une fois de plus, le ministre Jean-Yves Duclos, qui est le président du Conseil du Trésor, devra se résigner à une longue soirée électorale le 20 septembre. Au dernier scrutin, M. Duclos l’a emporté par seulement 325 voix sur son adversaire bloquiste Christiane Gagnon. Les stratèges libéraux sont conscients qu’ils devront mobiliser les troupes dans cette circonscription pour l’emporter. Au scrutin de 2015, Jean-Yves Duclos avait terminé la soirée avec une majorité d’environ 1000 voix sur la députée sortante du NPD, Annick Papillon.

Trois-Rivières

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Yves Lévesque, candidat conservateur et ancien maire de Trois-Rivières

Au dernier scrutin, le Parti conservateur était convaincu d’arracher la circonscription de Trois-Rivières avec l’ancien maire de la ville Yves Lévesque comme candidat vedette. Contre toute attente, c’est la bloquiste Louise Charbonneau qui a remporté la victoire. Cette dernière a décidé de ne pas solliciter un autre mandat. Yves Lévesque, qui a terminé troisième en 2019 derrière la libérale Valérie Renaud-Martin, tente de nouveau sa chance. Il affrontera cette fois-ci un candidat libéral bien connu, l’ancien éditorialiste du Nouvelliste Martin Francœur. Les libéraux jugent que Trois-Rivières est prenable.

Hochelaga

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Soraya Martinez Ferrada, députée libérale d’Hochelaga

Le Bloc québécois prévoit un match revanche dans cette circonscription de l’île de Montréal. Au dernier scrutin, la libérale Soraya Martinez Ferrada l’a emporté avec seulement 328 voix de majorité sur le candidat bloquiste Simon Marchand. La lutte était si serrée que le Bloc québécois a obtenu un dépouillement judiciaire qui a finalement confirmé la victoire de candidate libérale. Le NPD, qui a détenu cette circonscription de 2011 à 2019, pourrait aussi y jouer les trouble-fête.

Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine

PHOTO PATRICK WOODBURY, ARCHIVES LA PRESSE

Diane Lebouthillier, ministre du Revenu

La ministre du Revenu, Diane Lebouthillier, ne peut rien tenir pour acquis même si elle connaît sa circonscription comme le fond de sa poche. Le Bloc québécois demeure le principal adversaire, mais les nombreux programmes d’aide aux familles, aux travailleurs et aux entreprises que l’Agence du revenu du Canada a gérés durant la pandémie ont mis la ministre sur la sellette. Au dernier scrutin, Mme Lebouthillier a remporté la victoire avec une majorité de quelque 600 voix. S’il y a une vague bloquiste en 2021, le premier signe viendra de la Gaspésie–Les Îles-de-la-Madeleine.

Chicoutimi–Le Fjord

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Julie Bouchard, présidente du Syndicat des professionnelles en soins du Saguenay–Lac-Saint-Jean et candidate bloquiste

Le lieutenant politique d’Erin O’Toole au Québec, le député conservateur Richard Martel, joue gros durant les élections. Élu facilement à la faveur d’une élection partielle en juin 2018, l’ex-entraîneur de hockey a été réélu avec une avance de 834 voix sur son adversaire bloquiste aux élections générales l’année suivante. Le Bloc québécois, qui détient les deux autres circonscriptions de la région du Saguenay depuis 2019, veut compléter le balayage. Le parti souverainiste mise sur Julie Bouchard, présidente du Syndicat des professionnels en soins du Saguenay–Lac-Saint-Jean, pour y arriver.

Fredericton (Nouveau-Brunswick)

PHOTO ETIENNE RANGER, ARCHIVES LE DROIT

Jenica Atwin, députée libérale de Fredericton

Élue sous la bannière du Parti vert au dernier scrutin, la députée Jenica Atwin a aggravé la crise qui secoue son ancien parti en décidant de grossir les rangs du Parti libéral du Canada au printemps. Considérée comme une vedette montante de la politique canadienne, Mme Atwin tentera de maintenir Fredericton dans le giron libéral. Mais peu de ses partisans lui ont emboîté le pas et les verts n’ont pas dit leur dernier mot, tandis que le Parti conservateur croit qu’il existe encore un fond bleu dans la capitale de la province. Une rude bataille est à prévoir dans cette circonscription néo-brunswickoise.

St. John’s-Est (Terre-Neuve)

Considéré comme un monument de la politique terre-neuvienne, le néo-démocrate Jack Harris a causé une surprise en annonçant avant l’ajournement des travaux parlementaires qu’il faisait un trait sur la politique. Âgé de 72 ans, M. Harris a œuvré sur la scène politique fédérale et provinciale pendant près de trois décennies. Son départ pourrait permettre au Parti libéral de balayer à nouveau la province, comme il l’avait fait en 2015. Justin Trudeau en a fait le pari en annonçant en juillet une aide de 5,2 milliards de dollars pour sauver la province d’une faillite certaine en raison du coûteux projet hydroélectrique de Muskrat Falls.

Windsor–Tecumseh (Ontario)

Au dernier scrutin, le libéral Irek Kusmierczyk a arraché cette circonscription du sud de l’Ontario qui a longtemps été un bastion du NPD. Le néo-démocrate Joe Comartin a régné dans cette circonscription pendant 15 ans avant de passer le flambeau à Cheryl Hardcastle en 2015. Cette dernière a mordu la poussière en 2019. Mais le Parti libéral a remporté la victoire avec seulement 629 voix de plus que le NPD. Il y a longtemps que les troupes de Jagmeet Singh ont encerclé cette circonscription pour reprendre le terrain perdu en Ontario.

Edmonton Centre (Alberta)

Défait au dernier scrutin par le conservateur James Cumming, le libéral Randy Boissonnault tentera d’effectuer un retour en politique. Le Parti libéral a été rayé de la carte électorale en Alberta et en Saskatchewan. Les libéraux ont courtisé le maire d’Edmonton Don Iveson pour maximiser leurs chances de victoire dans la capitale albertaine, mais ce dernier a finalement écarté dans l’immédiat un saut dans l’arène politique fédérale. Une victoire libérale dans Edmonton Centre permettrait aux troupes de Justin Trudeau de contrer le discours d’aliénation qui prévaut dans la province depuis cinq ans. L’impopularité grandissante du premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, pourrait aider la cause des libéraux.

Vancouver-Granville (Colombie-Britannique)

Pour espérer former un gouvernement majoritaire, le Parti libéral doit faire des gains au Québec et en Colombie-Britannique, entre autres. Les troupes de Justin Trudeau peuvent maintenant envisager de reprendre la circonscription de Vancouver-Granville à la suite de la décision de Jody Wilson-Raybould, ancienne ministre de la Justice du gouvernement libéral qui a réussi à se faire élire comme députée indépendante en 2019, de ne pas briguer à nouveau les suffrages. Historiquement, les électeurs de cette circonscription ont envoyé à Ottawa un candidat ou une candidate d’allégeance libérale.