Les chefs des six principaux partis fédéraux du pays ont fait leur entrée au Musée canadien de l’histoire de Gatineau, à quelques heures de l’ultime débat de cette campagne électorale.

Comme à l’habitude, quelques dizaines de partisans de toutes les couleurs politiques – à l’exception du Parti populaire – ont assisté à l’arrivée des chefs.

La délégation libérale a particulièrement usé d’imagination dans ses pointes à l’endroit de ses adversaires. Un partisan en complet-cravate porte un masque de Doug Ford, premier ministre ontarien que Justin Trudeau a attaqué depuis le début de la campagne. Un autre brandit une pancarte « Américains pour Scheer », référence à la double nationalité du chef conservateur dévoilée la semaine dernière – le Star Spangled Banner a d’ailleurs été entonné à l’arrivée d’Andrew Scheer.

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Le chef du Parti conservateur du Canada, Andrew Scheer

En outre, quelques supporters libéraux transportent de fausses pancartes électorales portant le slogan « MacKay 2020 », en écho aux rumeurs rapportées par le Globe and Mail voulant que l’ex-ministre Scott MacKay soit pressenti en coulisses pour remplacer M. Scheer à la tête du Parti conservateur advenant une défaite le 21 octobre prochain.

C’est le premier ministre sortant Justin Trudeau qui a été le premier à arriver sur les lieux du débat. Malgré les demandes des journalistes, il ne s’est pas adressé aux médias.

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Le chef du Parti libéral du Canada et premier ministre sortant Justin Trudeau

Le leader bloquiste Yves-François Blanchet est apparu quelques minutes après. Le Bloc vit présentement de ses meilleurs moments depuis des années, alors que le parti arrive en tête des intentions de vote chez les francophones au Québec et chauffe les libéraux pour le premier rang combiné dans la province.

Le parti a toutefois dû réagir à une controverse ce jeudi, alors que le Journal de Montréal a révélé que quatre candidats bloquistes avaient formulé ou partagé des propos anti-islam sur les réseaux sociaux entre 2013 et 2019.

Yves-François Blanchet a offert ses excuses de vive voix au nom de ses candidats.

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Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet

« J’étais très mécontent, j’ai demandé des excuses de tous les candidats et aucun d’entre eux n’a hésité, a-t-il dit aux journalistes. Comme chef c’est mon devoir de m’excuser aux Québécois au nom du parti dans ce contexte-là. Je suis confiant que les chefs des autres partis vont accepter ces excuses. »

M. Blanchet n’a toutefois pas l’intention d’exclure ces candidats. Il a insisté sur le fait que depuis le début de la campagne, des candidats de tous les partis s’étaient excusés pour des comportements passés, mais qu’ils étaient demeurés dans la course malgré tout. « Les Québécois seront juges » de cette situation, a-t-il dit.

À son arrivée un peu plus tard, la cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a pour sa part qualifié la situation d’« inquiétante ». Les excuses des candidats et celles de leur chef ne suffisent pas, selon elle.

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La cheffe du Parti vert, Elizabeth May

« J’ai travaillé avec Gilles Duceppe et d’autres membres du parti au cours des années. Ce n’est pas le Bloc québécois que je connais », a-t-elle dit. À ses yeux, ces candidats devraient tirer leur révérence.

Maxime Bernier, chef du Parti populaire, n’a pas semblé se formaliser de cette controverse.

« Les gens sont responsables de leurs propos. En bout de ligne, l’important c’est qu’ils s’excusent de leurs propos tenus dans le passé », a-t-il laissé tomber devant les caméras.

Scheer muet, Singh guilleret

Andrew Scheer, pour sa part, n’a pas salué ses partisans et a filé directeur à l’intérieur du musée.

Visiblement guilleret, Jagmeet Singh a quant à lui sautillé jusqu’au groupe de fans néo-démocrates et a passé un moment avec eux. Le NPD a profité du débat de lundi soir, en anglais, pour gagner quatre points dans les intentions de vote au pays, selon un sondage Léger – La Presse canadienne publié mercredi. La formation pointe toujours au troisième rang des différentes projections, mais il s’agit néanmoins de sa première véritable remontée en 30 jours de campagne.

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Le chef du NPD, Jagmeet Singh

Le débat de ce jeudi soir, contrepartie en français du débat anglophone de lundi, est le dernier de la campagne.

Ni Andrew Scheer ni Jagmeet Singh ne se sont adressés aux médias.

Quant à Maxime Bernier, des journalistes lui ont demandé s’il craignait de perdre son siège en Beauce. « Regardez-moi bien aller ! », a-t-il répondu en souriant.

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Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier

Cinq thèmes y seront abordés, soit :

> Économie et finances

> Environnement et énergie

> Identité, éthique et gouvernance

> Politique étrangère et immigration

> Services aux citoyens

Chacun des cinq segments sera constitué d’une question du public, de deux courts débats ouverts à trois des six chefs et d’une rafale de questions par un journaliste. C’est Patrice Roy, chef d’antenne à Radio-Canada, qui animera la soirée. Les journalistes Hélène Buzzetti, du Devoir, Patricia Cloutier, du Soleil, François Cardinal, de La Presse, et Alec Castonguay, de L’Actualité, seront également de la partie pour interpeller les chefs.

De l’opinion générale, aucun gagnant évident n’a été déterminé à la suite du débat de lundi. La plupart des analyses avaient toutefois vu Maxime Bernier comme le chef qui en avait le plus arraché.

Le débat commence à 20 h.