(Toronto) La petite Georgia Hubick n’a que neuf semaines, mais elle accumule déjà des milliers de kilomètres au compteur.

Georgia suit la campagne électorale des conservateurs avec sa mère, Kenzie Potter, conseillère politique principale du chef Andrew Scheer. En sept jours à peine, la petite a visité près d’une quinzaine de villes et villages dans sept provinces canadiennes, alors que sa mère continue d’exercer ses fonctions.

PHOTO FRANK GUNN, LA PRESSE CANADIENNE

Kenzie Potter qui porte son bébé Georgia Hubick.

« Beaucoup de gens la voient descendre de l’autocar et ils sont plutôt surpris, ou bien ils demandent : “tu amènes un bébé en campagne ?” », a déclaré Mme Potter, dans une entrevue accordée à La Presse canadienne lors d’une rare pause électorale, cette semaine à Toronto. « Je ne sais pas trop s’ils trouvent ça exagéré ou sympathique. »

Andrew Scheer et sa femme Jill, eux, trouvent ça éminemment sympathique. « Je ne pourrais plus imaginer la campagne sans elle », dit le chef conservateur.

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Jill et Andrew Scheer entourant Kenzie Potter et Georgia Hubick.

Entraîner un bébé dans la tourmente d’une campagne électorale est assez inhabituel pour un membre du personnel politique ; mais pour M. Scheer et sa femme, qui sont très « famille », ce choix était tout naturel. Les Scheer ont cinq enfants — Thomas, Grace, Madeline, Henry et Mary, âgés de 14, 12, 10, 8 et 3 ans — et le chef conservateur aime bien rappeler en rigolant que pendant toutes ses campagnes électorales depuis 2004, sa femme était soit enceinte, soit nouvelle maman. « C’est Kenzie qui l’a fait cette fois-ci pour perpétuer la tradition », plaisante M. Scheer.

Il reste que Mme Potter, âgée de 37 ans, ne voulait pas dire à son chef qu’elle était enceinte – et qu’elle allait accoucher environ deux mois avant le déclenchement des élections fédérales. « C’est tout ce dont on pouvait rêver : c’est la coupe Stanley pour nous », déclare Mme Potter, la petite Georgia dans les bras, assise sur un canapé dans un hôtel d’aéroport entre M. et Mme Scheer.

Le moment, par contre, était un peu mal choisi : la conseillère avait l’impression de laisser tomber un ami au moment précis où il avait le plus besoin d’elle. Mais elle soutient que M. Scheer l’a immédiatement rassurée en lui rappelant que pour lui, les enfants sont ce qu’il y a de mieux dans la vie, et il l’a aussitôt invitée à emmener Georgia dans l’avion. « Affaire classée. »

M. Scheer, l’homme de famille

L’image de père de famille de M. Scheer constitue une part importante de ce que les publicitaires appellent sa « marque » – et les familles sont au cœur de sa plateforme électorale. Il affirme souvent qu’il sait de première main combien il en coûte d’élever un enfant.

La petite Georgia a donc son propre siège au premier rang de l’avion de campagne. Jill Scheer, qui est devenue l’une des plus proches amies de Kenzie Potter, est heureuse de donner un coup de main lorsque la maman ne peut s’occuper du bébé. La mère la surnomme « tante Jill » et soutient qu’elle a beaucoup appris de son amie sur le rôle de parent.

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La petite Georgia a son propre siège au premier rang de l’avion de campagne.

Georgia n’est qu’un des fruits d’un petit « baby-boom conservateur » qui a eu lieu au cours des derniers mois. Hamish Marshall, directeur de campagne de M. Scheer, est nouveau papa depuis quatre mois. Le petit garçon a obtenu ses lettres de créance à Ottawa la semaine dernière pour être admis aux réunions de la cellule de crise conservatrice, a confié M. Scheer. Par ailleurs, deux députés conservateurs – Garnett Genuis en Alberta et Rosemarie Falk en Saskatchewan – ont accueilli un bébé en juillet.

Kenzie Potter, elle, soutient que la conciliation travail-famille est la même pour elle en campagne que pour toute autre maman canadienne. « On est censé travailler comme si on n’était pas mère et être une mère comme si on ne travaillait pas », résume-t-elle.

Elle attribue par contre le succès de cette conciliation à un patron compréhensif et à un mari efficace, qui reste à la maison avec leur fille aînée. En fait, elle a rencontré ce mari… lors de la dernière campagne électorale, alors qu’elle aidait M. Scheer à se faire réélire dans sa circonscription de Regina-Qu’Appelle. L’équipe Scheer était allée visiter un bar de la ville où habitait son futur mari, un agriculteur de la Saskatchewan.

Quatre ans plus tard, Mme Potter a deux bébés. Et son patron espère devenir premier ministre du Canada.