(Winnipeg) Le chef conservateur Andrew Scheer défendra l’« intérêt national » en matière de transport du pétrole s’il est élu premier ministre.

Questionné sur l’opposition à un oléoduc au Québec en entrevue à RDI avec Patrice Roy, M. Scheer a fait valoir qu’Ottawa pouvait agir dans son champ de compétence, tout en refusant de dire qu’il imposerait un tel projet à la province.

« La chose qui est clé pour le premier ministre du Canada est d’assurer (de défendre) l’intérêt national, et qu’on peut travailler sur les enjeux s’il y a des inquiétudes sur un aspect ou l’autre. Nous respectons les champs de compétence des provinces, et il y a des champs de compétence fédérale aussi », a dit le chef conservateur.

M. Scheer est revenu sur son idée de « corridor énergétique », qui donnerait notamment, selon lui, l’occasion au Québec de « partager son énergie de l’hydroélectricité ».

« C’est gagnant-gagnant pour toutes les régions du pays. […] Il n’y a aucune raison d’acheter le pétrole de l’économie de Donald Trump ou de l’Arabie saoudite quand on a les ressources ici », a-t-il martelé.

Des tweets retirés

Également mardi, les conservateurs ont été forcés de retirer plusieurs tweets du parti et du personnel affirmant que la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, Brenda Lucki, avait confirmé que le corps policier enquêtait sur le chef libéral Justin Trudeau dans l’affaire SNC-Lavalin.

Questionnée sur cette affaire lors d’une conférence de presse concernant l’arrestation d’un employé qui aurait tenté de livrer des informations confidentielles, Mme Lucki a d’abord dit qu’elle n’était pas là pour parler de SNC-Lavalin. Mais elle a tout de même affirmé : « Nous prenons toutes les enquêtes très au sérieux et enquêtons de la manière la plus approfondie. »

Les conservateurs ont immédiatement réagi en affirmant que la GRC menait une enquête complète, plutôt que les enquêtes moins formelles dont la police fédérale avait parlé précédemment, allant même jusqu’à dire que Justin Trudeau faisait l’objet d’une enquête policière.

La GRC a rapidement précisé que Mme Lucki parlait de manière générale et ne commentait en aucun cas le dossier SNC-Lavalin. Les conservateurs ont supprimé leurs tweets.

Autre promesse aux parents

Le Parti conservateur a par ailleurs poursuivi mardi son opération de charme auprès des parents canadiens.

À Winnipeg, Andrew Scheer a promis d’augmenter la contribution du gouvernement fédéral aux Régimes enregistrés d’épargne étude (REEE).

Un gouvernement conservateur ferait passer la contribution d’Ottawa aux REEE de 20 à 30 % de chaque dollar épargné par la famille du futur étudiant. La contribution fédérale maximale passerait de 500 $ à 750 $ par année.

« Chaque dollar compte. Commencez à épargner tôt, même un petit montant. Cotiser tous les mois peut faire une immense différence au fil du temps », a mentionné M. Scheer lors d’une annonce dans une école d’esthétique et de coiffure.

À la promesse libérale faite deux heures plus tôt d’augmenter l’Allocation canadienne pour enfants et de rendre les congés de maternité et parentaux libres d’impôt, M. Scheer a répondu qu’il ne fallait pas faire confiance aux promesses de Justin Trudeau.

Il a promis de maintenir l’Allocation canadienne pour enfants. Il n’a pas dit si son engagement allait jusqu’à la maintenir au niveau que les libéraux promettent de l’amener, soit une augmentation de 15 % pour les enfants de moins d’un an.

Depuis le début de la campagne, les conservateurs promettent chaque jour d’implanter des mesures pour remettre de l’argent dans les poches des contribuables tout en continuant d’assurer un retour à l’équilibre budgétaire d’ici cinq ans. Aucune explication n’a cependant encore été fournie sur la manière dont Andrew Scheer entend y parvenir.

« C’est vrai que nous avons annoncé beaucoup de mesures concentrées pour rendre la vie plus abordable aux Canadiens, et on va expliquer aux Canadiens comment on va équilibrer le budget en cinq ans », a simplement répondu le chef conservateur en français.

Les demandes de Legault

Par ailleurs, alors que François Legault s’apprêtait à publier ses demandes aux chefs fédéraux en campagne électorale, M. Scheer a rejeté catégoriquement un projet du gouvernement caquiste : le test des valeurs à faire passer aux immigrants.

« Chaque niveau de gouvernement a une responsabilité de promouvoir l’intégration dans notre société et de s’assurer que tous les gens qui viennent au Canada comprennent les choses qui sont à la base de notre pays. Les raisons pour lesquelles des gens de partout dans le monde veulent arriver ici », a dit M. Scheer.

Il a toutefois souligné qu’il ne voulait pas « donner au gouvernement le pouvoir de décider qu’elles sont les croyances qui peuvent vous permettre d’être Canadien ».

Plus tard dans la journée, dans l’entrevue accordée à RDI, M. Scheer s’est dit ouvert à « travailler avec M. Legault pour plus d’autonomie dans le système d’immigration ». « On peut souligner le fait qu’il y a une duplication dans l’évaluation des besoins pour les travailleurs temporaires, on peut éliminer cette duplication », a-t-il simplement évoqué.