(Toronto) Le chef du NPD, Jagmeet Singh, avait un message clair vendredi : il est temps que les entreprises et les mieux nantis commencent à payer leur juste part au moment où les Canadiens moyens peinent à joindre les deux bouts.

Quelques heures après avoir promis de plafonner le prix des services de téléphonie cellulaire et d’Internet, M. Singh a déclaré devant une salle comble à Toronto qu’un gouvernement néo-démocrate augmenterait les impôts des sociétés et de ceux gagnant plus de 210 000 $ par an.

Ces mesures s’ajoutent à la proposition d’un nouvel impôt sur la richesse des multimillionnaires ayant une fortune de plus de 20 millions, que le NPD a annoncé plus tôt cette semaine. Les revenus seraient alloués à des services tels que l’assurance-médicaments universelle et le logement abordable, a déclaré M. Singh.

Le NPD ne toucherait pas au taux d’imposition des petites entreprises, a-t-il ajouté.

« Je pense que ça ne surprendra personne, mais permettez-moi d’être très clair avec vous sur ce point : sous un gouvernement néo-démocrate, les grandes entreprises et les Canadiens les plus riches vont payer plus d’impôts, est-il écrit dans le discours préparé pour le Canadian Club de Toronto. Notre économie et notre société ne fonctionnent tout simplement pas correctement lorsque les entreprises pensent qu’il est acceptable de faire tout ce qu’elles peuvent pour s’en tirer. »

Le discours de Toronto met en lumière la stratégie du NPD consistant à courtiser les électeurs préoccupés par leur portefeuille en ciblant les grandes entreprises et les Canadiens fortunés, ce qui s’est traduit plus tôt dans la journée en s’en prenant à l’industrie des télécommunications du pays.

M. Singh a promis de plafonner les prix des services de téléphonie cellulaire et d’Internet et d’ordonner aux entreprises de télécommunications de proposer des forfaits de base avec des données illimitées et abordables et de faciliter l’utilisation des réseaux existants par les fournisseurs de services tiers.

Le chef du NPD a également accusé les libéraux et les conservateurs de céder aux demandes des entreprises, ce qu’il a réitéré à la fois lors de l’annonce sur les télécommunications et dans son discours devant le Canadian Club.

« En réalité, malgré le bon fonctionnement de l’économie au cours des quatre dernières années, les plus riches ont plus de richesse que jamais, tandis que les familles ordinaires ont du mal à payer leurs factures chaque mois », a-t-il déclaré au Canadian Club.

« Si vous dirigez une grande entreprise, vous vous en sortez très bien. Les gouvernements libéraux et conservateurs se sont fendus en quatre pour vous aider. »

Cependant, M. Singh a également été confronté vendredi à des questions sur les relations qu’entretiendrait un gouvernement néo-démocrate avec le secteur privé, compte tenu de ses attaques persistantes, et sur la question de savoir si ses politiques pourraient faire disparaître des entreprises, des emplois et de la prospérité économique.

À la suite à la promesse de M. Singh de plafonner les prix d’Internet et des forfaits de téléphonie cellulaire, l’Association canadienne des télécommunications sans fil, qui représente l’industrie, a décrit les plafonds de prix comme inapplicables, inutiles et susceptibles de freiner à la fois les investissements et l’innovation.

L’association a également contesté l’affirmation de M. Singh selon laquelle l’Australie et les États-Unis avaient connu du succès en mettant en place des plafonds de prix, et citait Statistique Canada, affirmant que les prix des services sans fil mobiles avaient baissé de 53,6 % entre 2014 et 2018.

M. Singh a reconnu vendredi que sa promesse de hausser les impôts des entreprises et des riches ne l’aiderait peut-être pas à se faire des amis dans le monde des affaires, mais il a soutenu que les entreprises devaient commencer à travailler dans l’intérêt de tous les Canadiens, plutôt que des riches et des puissants.

« Je ne veux faire de personne un ennemi, mais je veux définitivement affronter les puissants », a-t-il déclaré lors d’une annonce sur les télécommunications dans la circonscription de Beaches-East York, à Toronto, où des supporters ont agité des signes d’émoticônes.

« Nous pouvons travailler avec les entreprises. Nous pouvons créer un bon climat qui permet aux entreprises de prospérer, mais nous ne voulons pas créer des conditions permettant aux entreprises de prospérer et aux personnes de souffrir. »

Les électeurs de la circonscription du centre-ville a traditionnellement élu des libéraux, mais elle est passée aux mains du NPD de 2011 à 2015.