(Toronto) Le chef conservateur Andrew Scheer accuse le chef libéral Justin Trudeau de tenter de détourner l’attention de l’affaire SNC-Lavalin en attaquant la position d’une candidate conservatrice torontoise sur la question controversée de l’avortement.

M. Scheer a tenu ces propos jeudi au deuxième jour de la campagne, dans la circonscription de York-Centre, où les conservateurs ont choisi Rachel Willson comme candidate.

La ministre libérale Carolyn Bennett, qui se présente dans une autre circonscription de Toronto, a diffusé une vidéo plus tôt en matinée montrant Mme Willson discuter de son désir de mettre fin à l’avortement par une « loi pro-vie ».

TIRÉE DU COMPTE TWITTER DE CAROLYN BENNETT

Dans la vidéo, Rachel Willson dit avoir été choquée d’apprendre que le Canada est l’un des seuls pays n’ayant aucune restriction juridique sur les interruptions de grossesse et affirme qu’elle travaille à la construction d’un monument en mémoire des « non-nés ».

Andrew Scheer a accusé Justin Trudeau de semer la peur et a réitéré la position de son parti. Les députés conservateurs auront le droit de déposer des projets de loi d’initiative parlementaire pour restreindre le droit à l’avortement et M. Scheer lui-même s’engage à voter contre ces éventuels projets de loi.

« Rien n’a changé pour notre parti sur cet enjeu. Nous avons toujours été clairs sur le fait que nous ne soutiendrons pas la réouverture de ce dossier », a répondu M. Scheer lors d’un arrêt dans un centre d’accueil pour les familles dont un membre souffre d’une maladie potentiellement mortelle.

« En tant que premier ministre, je vais m’y opposer, je vais voter contre toute tentative en ce sens. »

Catholique pratiquant, Andrew Scheer a voté en faveur de projets de loi antiavortement dans le passé et a obtenu des appuis lors de la course à la chefferie en mettant de l’avant ses votes aux Communes et sa volonté de permettre un vote libre des députés conservateurs si un tel projet de loi était déposé.

Les enjeux de « conscience morale »

Aux côtés de son chef, jeudi, Mme Willson a dit appuyer la position de M. Scheer et s’est réjouie de savoir que les députés seraient libres de voter « sur les enjeux de conscience morale ». Elle n’a pas précisé si elle avait l’intention de déposer elle-même un projet de loi pour limiter l’avortement.

Dans une réponse en français, M. Scheer a dit s’attendre à ce que les libéraux ramènent ce sujet constamment.

« C’est seulement les libéraux qui continuent de soulever cet enjeu et je vais vous faire une prédiction : pour les prochains 39 jours, les libéraux vont continuer de faire des choses comme ça, parce que leur chef a dit des mensonges. »

Andrew Scheer a préféré mettre l’accent sur l’objectif de son parti de rendre la vie plus abordable pour les familles canadiennes, avec notamment un engagement à rendre le congé de maternité exempt d’impôt.

Il est également revenu à la charge sur l’affaire SNC-Lavalin à la suite d’un reportage publié par le « Globe and Mail » indiquant que la Gendarmerie royale du Canada enquêtait pour déterminer s’il y a lieu de déposer des accusations pour entrave à la justice.

Selon M. Scheer, Justin Trudeau a menti à répétition au sujet de ses agissements pour pousser l’ancienne ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould à négocier un accord de réparation avec la firme de génie québécoise. L’entreprise fait face à des accusations criminelles en lien avec des allégations de corruption en Libye. Le chef conservateur accuse M. Trudeau de vouloir étouffer l’histoire en empêchant les personnes impliquées de parler librement.

M. Scheer a lancé sa campagne mercredi au moment où des sondages suggéraient que les conservateurs étaient plus ou moins à égalité avec les libéraux, alors que les néo-démocrates et les verts se disputaient la troisième place.

Un candidat en moins

Les conservateurs ont montré la porte au candidat de leur parti dans la circonscription de Winnipeg-Nord. Cameron Ogilvies a dû remettre sa démission après la découverte de certains de ces propos jugés « discriminatoires ».

Le parti n’a pas dévoilé la teneur de ces propos. Selon lui, M. Ogilvies « avait caché ces commentaires au parti pendant le processus de sélection des candidats plus tôt cette année en désactivant ses comptes de médias sociaux ».

« Les commentaires en ligne de M. Ogilvie ne sont pas conformes aux valeurs du Parti conservateur du Canada », a déclaré le porte-parole de la campagne conservatrice, Brock Harrison.