(Trois-Rivières) À quatre jours des élections, Justin Trudeau refuse de dire ce qu’il fera si les Canadiens élisent plus de députés conservateurs que de députés libéraux, le 21 octobre.

Mercredi soir, dans une entrevue au réseau de télévision CTV, le chef conservateur Andrew Scheer a dit que selon lui, c’est le parti qui obtiendra le plus de sièges qui devra former le gouvernement.

Or, la règle veut plutôt que le premier ministre sortant ait, le premier, la possibilité de former un gouvernement s’il croit pouvoir obtenir la confiance d’une majorité d’élus. Dans ce scénario, une équipe libérale pourrait gouverner tant qu’elle aurait, au Parlement, l’appui de suffisamment de députés néo-démocrates ou verts ou bloquistes.

Un tel scénario ne signifie pas forcément la formation d’une coalition officielle.

Jeudi matin, à Trois-Rivières, M. Trudeau n’a pas voulu contempler cette perspective. À la journaliste qui lui demandait s’il se prévaudrait de la règle ou s’il céderait la place à M. Scheer, le chef libéral a répondu qu’il travaillait fort pour faire élire un gouvernement libéral.

Ce message, M. Trudeau l’a déjà livré à quelques reprises pendant sa tournée de deux jours au Québec. Jeudi matin, il pointait sa candidate locale Valérie Renaud-Martin.

« Les Québécois ne veulent pas retourner en arrière avec Andrew Scheer vers les années Harper. Ils veulent continuer d’avancer. Et pour ça, il faut avoir des gens comme Valérie, des Québécois forts au sein d’un gouvernement progressiste. Ça ne sert à rien d’être en opposition contre un gouvernement conservateur », a-t-il dit.

« Andrew Scheer […] sa priorité, c’est de couper et Yves-François Blanchet ne pourra pas l’arrêter », a repris le chef libéral, une fois de plus.

S’écartant, pour une rare fois, de son message prévu, M. Trudeau a lancé une invitation au chef conservateur alors qu’une journaliste soulignait une publicité libérale s’attaquant aux conservateurs dans un média de langue chinoise. Le message publicitaire associe conservateurs et armes d’assaut.

« S’il veut interdire les armes d’assaut, il peut sortir aujourd’hui et dire qu’il a l’intention d’interdire les armes d’assaut. Ce serait merveilleux d’avoir un consensus de tous les partis pour assurer la sécurité des Canadiens. […] S’il faisait ça, je serais heureux de retirer toute publicité qui souligne le fait qu’il ne veut pas interdire les armes d’assaut », a lancé M. Trudeau.

En après-midi, M. Trudeau a accordé une entrevue à la chef d’antenne de Radio-Canada, Céline Galipeau. Il a reconnu qu’il restait beaucoup de travail à faire et qu’il comprenait que les gens s’impatientent. Au sujet des controverses qui ont marqué son mandat, le chef libéral a dit n’avoir jamais eu la prétention d’être parfait, mais qu’il travaillera toujours dans le but de bâtir une société meilleure qui défend les droits de chacun.

Obama s’invite dans le débat

Au lendemain du message d’appui de l’ex-président américain Barak Obama sur Twitter, Justin Trudeau n’a pas voulu dire si son équipe avait sollicité un tel geste. Cet appel aux Canadiens à se rallier derrière les libéraux est tombé au moment où le parti déploie de grands efforts rallier les électeurs progressistes.

« J’ai été content de voir ses mots hier, mais évidemment, Barack Obama prend toujours ses propres décisions », a-t-il d’abord répondu. Puis, invité à dire précisément si son équipe avait sollicité l’ex-président, il a simplement laissé tomber que M. Obama « prend ses décisions par lui-même », en ajoutant qu’il ne lui avait pas parlé personnellement depuis le printemps dernier.

Le chef libéral a également fait écho aux propos de Barack Obama en mentionnant à son tour avoir été « très content de pouvoir travailler » avec l’ex-président démocrate « sur des grands enjeux mondiaux, dont la lutte contre les changements climatiques ».

Le chef libéral a dit espérer « continuer ce travail progressiste pendant encore quatre ans ».

Appelé à réagir à cette intervention, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet en a profité pour mettre de l’avant ce qu’il considère comme une incohérence du gouvernement sortant.

« Quand le gouvernement canadien se fait demander d’avoir un peu de dignité et de se porter à la défense d’élus catalans jetés en prison pour des périodes de 9 à 13 ans, il dit qu’il ne veut pas s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Espagne. Le grand héros international, M. Trudeau, se fait tout petit. Mais de demander une intervention dans la politique intérieure canadienne de la part d’un ancien président des États-Unis, qui est son ami, ça ne le dérange pas pantoute. »