Au Québec, le spectacle de fin d’année 2014 revue et corrigée, au Théâtre du Rideau Vert, a créé la controverse lorsqu’un comédien blanc avait incarné le joueur de hockey P.K. Subban en se maquillant le visage en noir.

L’année précédente, c’est l’humoriste Mario Jean qui avait voulu imiter Boucar Diouf au Gala Les Olivier en se noircissant le visage. Le Bye bye 2013 avait aussi fait réagir, Joël Legendre y personnifiant Gregory Charles.

D’autres cas cette année aux États-Unis

IMAGE TIRÉE DE TWITTER

En février, le gouverneur de la Virginie, Ralph Northam, a dû s’excuser lorsqu’une photo de son album de fin d’année scolaire 1984 a refait surface. On y voit un homme avec un blackface, probablement le politicien, au côté d’un autre déguisé en membre du Ku Klux Klan.

Cette année, d’autres politiciens ont dû répondre d’un scandale de blackface au sud de la frontière. En février, le gouverneur de la Virginie, Ralph Northam, a dû s’excuser lorsqu’une photo de son album de fin d’année scolaire 1984 a refait surface. On y voit un homme avec un blackface au côté d’un autre déguisé en membre du Ku Klux Klan. Le politicien démocrate a admis être l’homme au visage maquillé avant de le nier, avouant toutefois avoir porté le blackface la même année.

Le procureur général de la Virginie, Mark R. Herring, a admis en février avoir maquillé son visage en noir pour se déguiser en rappeur durant ses études. Il avait 19 ans. M. Herring, qui envisageait de se lancer dans la course pour devenir gouverneur en 2021, avait demandé la démission de Ralph Northam un peu plus tôt lorsque l’histoire de son blackface avait été médiatisée.

La gouverneure de l’Alabama, Kay Ivey, s’est excusée pour avoir porté le blackface durant un sketch lors d’un party étudiant en 1967. La politicienne républicaine s’est excusée en août dernier, lorsqu’un enregistrement a refait surface. Elle a dit ne pas se souvenir du sketch en question.

Le blackface en trois questions

Pourquoi le blackface fait-il réagir ?

« Il y a une longue histoire du blackface non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada et au Québec, utilisé pour ridiculiser les personnes noires. Je défends aussi le point de vue, dans mes travaux, qu’il y a cette association profondément intégrée des Noirs et de leurs corps pour le plaisir des Blancs », a expliqué à La Presse Philip S. S. Howard, de l’Université McGill, notamment chercheur principal dans une étude sur l’utilisation du blackface au Canada. Plus qu’un simple maquillage, le blackface a été utilisé par les Blancs pour caricaturer et ridiculiser les Noirs dans différents contextes de scène jusque dans les années 60. M. Howard note qu’il est souvent utilisé de nos jours sur des campus ou par des étudiants adultes. « Qu’est-ce que ça signifie sur le genre d’établissements où nous envoyons nos jeunes ? », demande-t-il.

Que retenir de la controverse ?

« Pourquoi est-ce considéré comme si drôle ? Pourquoi ça continue d’arriver même si les communautés noires martèlent que c’est un problème et que ce n’est pas correct ? », demande M. Howard. Il n’est pas surpris de voir une image de blackface ressurgir et estime que la société devrait se questionner. « Notre attention devrait aller à : qu’est-ce qu’on peut faire pour traiter le problème », dit-il. Les excuses de Justin Trudeau étaient la bonne chose à faire, selon lui. « Mais ce que j’aimerais mieux voir – de quiconque, mais aussi de toute personne qui veut être premier ministre du Canada, que ce soit M. Trudeau ou d’autres –, c’est ce que les gens entendent faire, concrètement, pour s’opposer au racisme qui existe dans notre société. »

Est-ce que Justin Trudeau devrait se retirer de la course ?

« Il a été pris là-dedans, on peut voir ça comme une erreur personnelle, mais je vois plutôt ça comme une preuve que le racisme est devenu normalisé dans notre société, note Philip S. S. Howard. Plusieurs personnes auraient pu être impliquées, mais dans ce cas, c’est lui qui l’a été. Plus important que de se retirer, je préférerais voir des politiques plus fortes contre le racisme et le courant anti-Noirs dans notre société. »

— Avec NPR et Associated Press