Je ne serai pas la première ni la dernière à écrire sur la « diversité ». Ce terme parfois galvaudé fait l’objet de grands débats politico-médiatiques, peu importe le sujet en fond. Mettons de côté l’ensemble des idées préconçues et des idéologies que nous retrouvons à son sujet pour s’interroger sur ses véritables apports, dans le contexte des médias.

Par la diversité dans les médias, on désigne les journalistes, les chroniqueurs, et les décideurs du monde de l’information. Indirectement, c’est également la diversité des sujets et des invités qui est en cause, puisqu’elle émane de ceux qui produisent les contenus d’actualité. Ainsi, pourquoi une juste représentation de la société dans les médias est-elle nécessaire ?

La représentation de tous

La diversité dans les médias est tout d’abord une question de représentation. Voir des visages et des récits d’une grande diversité permet à un maximum de personnes et de communautés de se projeter dans le reflet de société qui est diffusé. S’identifier aux images médiatiques, c’est se sentir validé, c’est exister dans l’espace public.

Mais la diversité n’est pas seulement l’affaire des minorités, la représentation concerne tout le monde. Voir d’autres réalités que la sienne à travers les médias, c’est appréhender la société telle qu’elle est véritablement.

Prendre connaissance du récit et de la culture d’autrui, c’est enrichir et complexifier notre compréhension des enjeux de société. Et ainsi se prémunir des préjugés entretenus à l’égard de certaines communautés. La « diversité » est un terme abstrait, parfois diabolisé. Mettre des visages sur ce qu’elle est réellement, c’est se sortir d’un débat politico-médiatique parfois déconnecté de la réalité.

Une couverture journalistique plus juste

La diversité dans les médias n’est pas simplement une question d’inclusion, c’est également un paramètre qui assure la qualité de la production journalistique. Les médias ont le devoir de traiter de la société dans son ensemble, et de la manière la plus juste possible. Ainsi, les normes et les exigences du métier ne peuvent être pleinement respectées si la bulle médiatique demeure homogène et hermétique.

Car malgré toute leur volonté d’être objectifs, les journalistes parlent depuis un point de vue situé. Tous détiennent un bagage socioculturel qui influence leur choix de sujets, d’angles, et de témoignages. La diversité vient ainsi pluraliser les biais détenus par les journalistes, en multipliant les regards portés sur l’actualité. Des salles de presse ou des plateaux télé diversifiés, ce sont autant de subjectivités différentes qui s’additionnent pour produire un journalisme au plus proche de la réalité.

Résorber la crise des médias

Les médias sont constamment confrontés à de multiples crises, plus que jamais peut-être dans le contexte actuel. Parmi ces crises, celles de la confiance et de l’intérêt, qui effritent le lien entre les médias et leur public1. Au niveau global, c’est la moitié des Canadiens qui éprouvent un faible niveau de confiance dans les médias2, selon Statistique Canada. Toutefois, le taux est plus élevé chez les jeunes, les habitants de régions ou encore les communautés racisées. Proposer peu de diversité, c’est perdre une grande partie de l’auditoire, qui ne se retrouve pas dans les récits médiatiques. Le manque de représentation d’un côté et de pluralité des regards de l’autre amènent nécessairement le public à témoigner moins d’intérêt et de confiance dans les médias.

Le problème c’est que désormais les personnes sous ou mal représentées par les médias ont un endroit pour fuir, un média qui les informera « mieux » et qui portera leur voix : les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, 85 % des 15-34 ans s’informent majoritairement sur les réseaux sociaux, selon Statistique Canada. Les réseaux semblent accomplir ce que les médias peinent à faire : permettre à chacun de s’identifier dans les images consommées.

Mais les bénéfices des plateformes sont trompeurs, car l’utilisateur est en réalité enfermé dans des contenus personnalisés, et finalement dénués de toute… diversité.

Le déplacement d’une partie du public vers les réseaux sociaux n’est pas seulement un problème d’inclusion. C’est aussi là un des grands maux de la crise économique rencontrée par les médias. Car ce sont également les annonceurs qui fuient les journaux, la radio et la télévision, pour mieux atteindre les consommateurs. TVA ou le Journal Métro, respectivement en difficultés économiques ou en faillite, ne le savent que trop bien. La diversité, c’est aussi rejoindre le public le plus large possible, pour assurer la pérennité du journalisme.

Les médias sont un des grands facteurs d’influence de nos perceptions et de nos comportements. Offrir des contenus aux visages, aux récits, et aux points de vue variés, c’est favoriser la représentation de chacun, la tolérance d’autrui et la santé économique du journalisme. Un beau projet à portée de main, ou presque.

1. Lisez « Préoccupations concernant la mésinformation en ligne, 2023 » 2. Lisez « 53 % des Canadiens éprouvent un faible niveau de confiance envers les médias » Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue