Entre tabou, dissuasion et prévention, le Canada se trouve à un moment crucial de son histoire.

Alors que l’OTAN célèbre son 75e anniversaire, les tensions mondiales et les dépenses militaires atteignent des sommets inquiétants. Pourtant, dans notre pays, un tabou persiste, celui du rôle de la population dans la sécurité nationale. Cette attitude complaisante découle peut-être de notre confiance historique envers la paix et d’une certaine inconscience face aux menaces extérieures. Mais cela ne suffit plus.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a récemment émis des avertissements concernant l’entrée dans une ère de chaos, marquée par des divisions, des tensions et des fissures plus prononcées que celles observées pendant la guerre froide. Ces mises en garde soulignent les réalités dangereuses de notre époque.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

L’opération Nunalivut 2016 dans le Haut Arctique canadien

Le Canada se trouve confronté à une série de menaces croissantes dans l’Arctique, une région stratégique et fragile. De plus, les enjeux liés à la défense des alliances à travers le globe s’intensifient, tandis que les ambitions concurrentes menacent de compromettre la stabilité du Canada et du monde.

Il est donc temps de repenser l’approche que nous avons de la prévention et de la dissuasion. La protection de notre pays ne peut plus reposer uniquement sur des mesures purement militaires.

La résilience de notre population doit être aussi importante que nos capacités militaires, sinon plus. À mesure que notre pays renforce sa résilience contre les attaques et autres perturbations, il devient de plus en plus ardu pour les éventuels agresseurs de constituer une menace pour notre sécurité.

Réflexions et recherche

Les secteurs du design, du génie, de la sécurité civile et les diverses organisations civiles devraient adopter une approche tenant compte des risques spécifiques associés à la guerre dans leurs réflexions, comme c’est déjà le cas pour les catastrophes d’origine naturelle. Cela inclut en autres les infrastructures essentielles, le domaine cyber, la protection des ressources, la coordination des secours, la mise en place d’abris et l’aménagement de nos villes, le tout en encourageant l’autonomisation de la population pour qu’elle puisse se prendre en charge et assurer sa sécurité en cas de dépassement de capacités.

Pour ce faire, il est impératif de mettre en avant la recherche sur l’intégration des menaces liées à la guerre dans la gestion des risques, notamment au sein des institutions éducatives, en plus d’encourager la participation citoyenne, qui est essentielle pour responsabiliser la population et les divers acteurs en matière de résilience.

En favorisant un dialogue inclusif et transparent, les différentes perspectives sociopolitiques et économiques peuvent être pleinement examinées.

En surmontant le tabou, la guerre ne sera plus seulement vécue dans la peur, mais sera canalisée vers un objectif d’action et de prévention fondé sur une compréhension approfondie des enjeux et des besoins de tous et toutes.

Ce changement de paradigme permettrait d’offrir des opportunités de développer des solutions proactives et innovantes, pouvant ainsi conduire au développement de mesures polyvalentes pour répondre aux risques liés à la guerre ainsi qu’à faire face à une étendue d’autres aléas en plus de potentiellement offrir des bénéfices au quotidien.

Bien que la diplomatie constitue la première ligne de défense, nous devons tous participer à cette réflexion cruciale sur notre sécurité nationale.

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