En cette Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, je prends la plume pour vous raconter notre histoire. La composition des classes et le manque de ressources dans le milieu de l’éducation sont au cœur de l’actualité. En cette ère d’inclusion à tout prix, je vous raconte notre parcours de parents d’un enfant à besoins particuliers à l’école.

Nous avons adopté Miguel à l’âge de 6 mois. Très tôt, nous avons constaté un retard de développement et à la suite d’une série de diagnostics, il a commencé sa scolarité dans l’école de quartier du Vieux-Longueuil. Cette école offrait des classes adaptées pour les enfants vivant avec des troubles du langage. Il y passera trois ans.

Les enseignantes, les éducatrices spécialisées étaient formidables, mais je voyais mon Miguel, si sociable de nature, toujours seul près de la clôture dans la cour d’école.

De plus, mon implication à l’école me permettait d’assister à la montée des problèmes graves de comportement qui monopolisaient complètement les ressources. Les nombreux coloriages qu’il rapportait chaque soir en témoignaient.

Heureux d’aller à l’école

Entre-temps, le diagnostic de Miguel s’est précisé et nous avons eu la confirmation qu’il présentait une déficience intellectuelle légère. Nous avons donc affronté nos peurs et nos préjugés envers les écoles spécialisées et entamé des démarches pour évaluer les options. C’est ainsi que nous avons découvert le centre François-Michelle à Montréal où, à la suite d’une visite coup de cœur, nous l’avons inscrit. Dès les premières journées, nous avons vu une grande différence chez Miguel. Il est devenu si heureux d’aller à l’école. Comme si on lui avait donné la permission d’être lui-même.

Entouré de jeunes qui partagent les mêmes défis que lui, il s’est fait un tas d’amis, il a tranquillement pris confiance et s’est vraiment épanoui.

Maintenant âgé de 18 ans, Miguel a eu l’occasion dans cette école à taille humaine de recevoir des services d’orthophonie, d’ergothérapie, des séances d’art thérapie et une mise à jour de son évaluation psychologique tous les deux ans. On lui a appris à se déplacer en transports en commun de l’école à la maison, ce qui lui a accordé une précieuse autonomie, mais surtout une grande fierté.

Les stages en milieu de travail lui ont permis de développer des compétences dans de vrais milieux de travail.

Tout cela entouré d’une équipe-école engagée, formée en adaptation scolaire dans des locaux lumineux, rénovés et financés à 100 % par le ministère de l’Éducation du Québec.

Et moi qui craignais qu’un milieu spécialisé le tire vers le bas, c’est tout le contraire qui s’est produit.

À travers ce partage, je souhaite encourager les parents aux prises avec les défis du manque de ressources dans leur école à ne pas hésiter une seconde à explorer les autres options et les milieux spécialisés. Malgré toute la bonne volonté, le réseau d’enseignement public n’a pas les moyens de ses ambitions et ce sont malheureusement nos enfants différents qui en paient le prix.

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Avoir sa place, comme tout le monde

Cette année, la thématique de la Semaine québécoise de la déficience intellectuelle, qui se poursuit jusqu’au 23 mars, est « J’ai ma place ! », soulignant l’importance de l’inclusion des personnes ayant une déficience intellectuelle dans la société. Malheureusement, écrit dans une lettre d’opinion Amélie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle, « le budget provincial présenté le 12 mars risque plutôt de maintenir ces personnes dans la pauvreté et dans l’exclusion sociale. Malgré un déficit record, aucune mesure d’ampleur n’a été annoncée pour favoriser la participation sociale et économique des personnes ayant une déficience intellectuelle ».

Lisez la lettre d’Amélie Duranleau