John Parisella propose un pas de recul sur l’actualité aux États-Unis afin de mieux comprendre les enjeux qui émergent dans la course pour la Maison-Blanche

Devant la forte probabilité d’une reprise du duel électoral entre Joe Biden et Donald Trump en cette année d’élection présidentielle aux États-Unis, deux développements importants ont récemment capté l’attention. Il s’agit, d’une part, du rapport du procureur spécial Robert Hur portant sur la gestion de documents confidentiels par Biden à la suite de son mandat de vice-président en 2017, et, d’autre part, des propos chocs de l’ancien président Trump au sujet de l’OTAN et de son avenir.

Il apparaît que la lutte pour l’investiture des deux grands partis américains va se concrétiser très prochainement, avec seulement Biden et Trump en lice de part et d’autre, et ce, même si les sondages les plus récents indiquent que la majorité des électeurs américains souhaitent une autre option.

L’âge de Biden

Le récent rapport du procureur Robert Hur a exonéré le président Biden d’une poursuite devant les tribunaux au sujet du traitement des documents confidentiels. Or, on retient plutôt sa façon de présenter Biden comme un homme âgé avec une mauvaise mémoire. Le procureur a souligné que Biden ne se souvenait pas de la date de son service à titre de vice-président des États-Unis et qu’il aurait même oublié la date de la mort de son fils Beau.

La réaction de Biden ne s’est pas fait attendre. Il s’est présenté devant la presse en colère et a fustigé les motifs du procureur spécial. Les républicains en ont profité pour attaquer Biden même si, contrairement à Trump dans sa propre cause relative au traitement de documents confidentiels, il ne sera pas poursuivi.

Sans doute, la question de l’âge de Biden a créé de l’émoi chez les démocrates, qui ont à leur tour souligné les ratés de Trump en matière de mémoire et d’incohérence. Ce dernier venait en effet tout juste de mélanger le nom de sa rivale Nikki Haley avec celui de l’ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, en évoquant la responsabilité de la sécurité lors des évènements du 6 janvier 2021.

Malgré des témoignages de plusieurs dirigeants et collaborateurs de l’administration Biden au sujet de l’acuité intellectuelle de l’occupant de la Maison-Blanche, une majorité de démocrates reste néanmoins préoccupée par son âge et par sa démarche devant les caméras.

Joe Biden a 81 ans, et Donald Trump en aura 78 le jour du scrutin. La candidate républicaine Nikki Haley mentionne régulièrement leur âge et la nécessité d’un changement de génération à la tête du gouvernement américain. Certes, il est envisageable que Biden et Trump soient impliqués dans d’autres moments qui contribueront à maintenir l’âgisme comme un des éléments centraux – et peut-être décisifs – de la campagne électorale.

PHOTO SEAN RAYFORD, THE NEW YORK TIMES

Donald Trump, probable candidat républicain à la présidentielle

Trump et l’ordre mondial

Pendant ce mauvais cycle de nouvelles au sujet de l’âge de Biden, Trump a remis en question la possibilité pour les États-Unis de poursuivre leur engagement au sein de l’OTAN. L'ancien président touchait ainsi surtout l’article 5, qui établit un principe de défense collective au sein de l’ensemble des 31 pays membres, et soulignait l'importance qu'il accord à une contribution de défense équivalant à 2 % de leurs PIB respectifs. Plus encore, Trump a poursuivi en invitant la Russie à se sentir libre d’agir contre ces pays « délinquants » si elle en juge le besoin.

Alors que la guerre fait toujours rage en Ukraine, ces propos chocs ont suscité la consternation dans l’ensemble des pays membres de l’OTAN, et particulièrement au sein de l’Union européenne.

Chez les pays membres de l’alliance qui appuient l’Ukraine dans la poursuite de son engagement contre l’envahissement russe, la vision de Trump suscite de vives inquiétudes.

Rappelons que le Sénat américain, composé d’une coalition bipartisane (48 démocrates et 22 républicains), a adopté une aide financière de 60 milliards en soutien à l’Ukraine. La Chambre des représentants, sous la direction de son président Mike Johnson, fidèle de Trump et de l’aile MAGA, a refusé de traiter cette résolution pro-Ukraine.

Traditionnellement, les élections américaines sont fortement influencées par des questions intérieures telles que l’économie. Or, avec les conflits actifs en Ukraine et à Gaza et devant la crainte de renforcer la polarisation continue entre l’Occident et le duo formé par la Chine et la Russie, la stabilité de l’ordre mondial devient un sujet de première importance.

Celui-ci pourrait sans aucun doute s’imposer comme un enjeu majeur de l’élection présidentielle de 2024, et ce, malgré la présence de la question de l’âgisme dans l’actualité.

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