Nous représentons plus de 215 000 jeunes professionnels et étudiants, unis par la conviction que l’avenir du Québec doit s’ancrer dans l’équité et la solidarité. Nous souhaitons tous avoir un foyer, certains pour fonder une famille. Malheureusement, ce rêve est aujourd’hui irréaliste.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Observatoire des tout-petits – Fondation Lucie et André Chagnon, 60 % des familles locataires peinent à joindre les deux bouts et 72 % trouvent qu’accéder à un logement abordable est devenu un défi majeur post-pandémie. La Société canadienne de pédiatrie souligne que les logements précaires nuisent au développement des enfants, liant habitat et insécurité alimentaire.

Nous comprenons que des parents avec des prêts hypothécaires déjà payés et une maison avec une valeur de plus de 400 000 $ voient les choses différemment.

Par contre, avec l’inflation du prix des maisons et les taux d’inoccupation qui rétrécissent, l’accès à la propriété sera impossible pour une bonne partie de notre génération, même en travaillant à temps plein.

Pour nous, c’est notre avenir et celui de nos futures familles qui sont en jeu.

La crise de l’habitation actuelle met en péril non seulement notre cohésion sociale, mais aussi notre capacité collective à offrir à chaque personne un cadre de vie digne et abordable. Nous sommes confrontés à des obstacles sans précédent pour nous loger, des défis qui émanent d’une réalité qui ne ressemble pas à celle que nos aînés ont connue. Face à cette urgence, nous réclamons une action qui aura un effet immédiat : l’adoption d’un registre des loyers, pour combler les failles du projet de loi 31. L’objectif est d’assurer que l’accès à un toit, droit fondamental de chacun, ne soit pas relégué au rang de privilège.

Une mesure immédiate et nécessaire

Il est essentiel de reconnaître que même avec un investissement massif dans la construction de logements neufs, les délais inhérents à de tels projets – généralement estimés entre quatre et six ans – signifient que les effets sur les prix du logement ne se feront sentir qu’à la fin de la décennie, c’est-à-dire entre 2028 et 2030. Par contre, en attendant, nous ne pouvons rester immobiles face aux augmentations exponentielles des loyers qui frappent durement les locataires du Québec. Voilà pourquoi, dans l’urgence, l’instauration d’un registre des loyers est une mesure immédiate et nécessaire, à tout le moins le temps que l’élargissement de l’offre immobilière commence à avoir un impact sur les loyers.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les logements qui changent de locataires voient leur prix augmenter trois fois plus rapidement que ceux qui ne changent pas.

Cette situation souligne l’urgence d’adopter un mécanisme robuste et immédiat pour freiner les hausses abusives de loyer lors des déménagements. Le registre des loyers offrirait la transparence nécessaire pour servir d’outil de régulation efficace afin de protéger les droits des locataires et assurer une plus grande équité sur le marché du logement.

Toutefois, il est crucial de souligner que la mise en place d’un tel registre ne doit pas occulter l’importance d’accélérer la construction de nouveaux logements. Ces deux mesures doivent avancer de concert pour résoudre la crise de l’habitation sous tous ses aspects. Le registre des loyers est une réponse à court terme qui doit s’inscrire dans une stratégie à long terme visant à augmenter significativement l’offre de logements abordables.

Lutter contre les iniquités intergénérationnelles

Un constat est clair : la clause G du bail (qui sert à prévenir les hausses abusives) est un mécanisme insuffisant pour encadrer les augmentations de loyer. Selon la firme Léger, seulement 20 % des propriétaires se conforment à cette exigence. Cette réalité met en évidence l’inefficacité d’un système qui repose sur l’autodivulgation d’informations par les propriétaires, une pratique peu fiable qui ne garantit pas la protection des locataires face à des hausses de loyer injustifiées. La population québécoise a le droit à une source d’information impartiale pour pouvoir prendre des décisions éclairées.

Un registre des loyers est une mesure concrète pour lutter contre les iniquités intergénérationnelles. Il s’agit d’une avancée essentielle vers la mise en place d’une politique de logement juste et équilibrée, offrant aux locataires une source d’information fiable et impartiale. C’est une mesure de santé publique, un engagement collectif envers la qualité de vie des futures familles québécoises et des professionnels qui porteront le Québec de demain.

Nous appelons à une mobilisation de toutes les générations pour soutenir l’instauration d’un registre des loyers au Québec, une initiative cruciale pour naviguer dans cette période de transition vers un marché locatif qui s’articule également autour des besoins de la population. Un marché locatif dans lequel nous n’aurons pas peur de vieillir.

* Cosignataires : Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ), Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Confédération des associations d’étudiants et d’étudiantes de l’Université Laval (CADEUL), Regroupement étudiant de maîtrise, diplôme et doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS), Fédération des associations étudiantes du campus de l’Université de Montréal (FAECUM), Force Jeunesse

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