Qu’ils soient électroniques, numériques ou écrits, les médias jouent un rôle déterminant pour notre santé démocratique grâce à leur capacité de diffuser de l’information et de rejoindre directement les citoyens. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il est question d’actualité locale et régionale. Après tout, une nouvelle a souvent plus d’impact et d’intérêt lorsqu’elle se situe à proximité de la personne qui la reçoit.

Les médias sont des alliés de la démocratie et il est impossible pour nous de rester les bras croisés devant leur affaiblissement. Un écosystème médiatique fort dans une région donnée peut amener les citoyens à s’impliquer dans leur communauté. Leur précarité actuelle préoccupe la communauté d’affaires québécoise, au premier rang, les chambres de commerce.

Qui va couvrir le développement d’un projet dans une localité, une décision politique dans une municipalité ou la un évènement culturel dans une région donnée sans les médias locaux et régionaux ?

Ces mêmes médias offrent une vitrine importante aux entreprises, dont des PME, notamment grâce à l’offre d’espaces publicitaires et à la couverture des différents évènements dans une communauté.

Cette semaine, c’était l’annonce de la suppression de 600 emplois à CBC/Radio-Canada, dont 250 emplois pour son volet francophone. À cela s’ajoutent des annonces similaires au Groupe TVA, des coupes dans différentes salles de presse et la survie menacée de dizaines de médias locaux, qui nous font dire que nous traversons, plus que jamais, une crise des médias.

On s’approche d’un point de rupture dans plusieurs régions où la présence médiatique a diminué dans les dernières années, dans un contexte où les médias doivent prendre des décisions d’affaires face à la chute des revenus publicitaires, au profit des géants du web.

Des pas en avant

Les règles de compensations financières négociées récemment avec Google par la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, représentent de bons pas en avant pour amener des revenus supplémentaires aux médias privés. Ces derniers en ont bien besoin pour avoir des effectifs sur le terrain, et couvrir adéquatement l’actualité. On espère également un dénouement favorable dans le dossier Meta.

Dans le cas de CBC/Radio-Canada, nous croyons que le gouvernement fédéral, peu importe sa couleur politique, a le devoir de préserver les fonds nécessaires au diffuseur public, pour mettre en lumière non seulement les enjeux d’actualité de nos régions, mais la vie culturelle et sociale aux quatre coins du Québec et du Canada. Le tout, au bénéfice de la francophonie canadienne.

Bien que les parts de marché aient diminué au fil des décennies, il est vrai de dire que les Québécois continuent de consommer nos médias d’ici, entre autres Radio-Canada, dans une proportion plus élevée que les auditeurs et téléspectateurs d’un océan à l’autre avec CBC.

Nos gouvernements ont la responsabilité de maintenir cette vitalité médiatique, afin que les Québécois puissent bénéficier d’une couverture régionale importante. Celle-ci combinée à l’actualité nationale et internationale, pour compléter l’offre de divertissement qui met de l’avant nos talents et notre propre écosystème culturel ici et ailleurs dans la francophonie.

Dans la tournée aux quatre coins du Québec que j’ai la chance d’effectuer, aucun sujet ne suscite autant de passion et de fierté, que lorsque j’aborde la question de la vitalité de nos médias régionaux.

Il est vrai de dire que cette perte de vitesse se retrouve à l’extérieur de nos frontières, mais l’immensité du territoire québécois et les distances entre les différentes communautés devraient amener nos décideurs publics à accorder une attention particulière quant à la préservation des médias locaux et régionaux. Occuper le territoire ce n’est pas que l’habiter, c’est savoir raconter la vie de ces gens qui l’ont choisi.