Le plan directeur du quartier Namur-Hippodrome est à la fois l’aboutissement d’une collaboration inédite et la promesse de futures victoires dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.

Je dois vous faire une confidence : je suis un adepte de la collaboration radicale.

Ce type de collaboration requiert de s’investir dans des conversations sur des enjeux sociaux élargis en compagnie d’une grande diversité d’acteurs. Et au premier rang de ces acteurs, on retrouve les personnes ou les communautés directement touchées par ces enjeux.

Il n’est pas toujours facile de discuter de questions complexes en mettant de côté nos propres intérêts. Mais cela permet de consacrer notre entière attention aux personnes que nous tentons d’aider.

Ce modèle est celui de Centraide. Cette capacité de rassembler et de passer à l’action dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, c’est notre superpouvoir. Et il a guidé les travaux du Groupe d’accélération pour l’optimisation du projet de l’hippodrome (GALOPH). Ce groupe a travaillé à définir un quartier qui sera situé sur le terrain de l’ancien hippodrome de Montréal et qui devrait permettre l’aménagement de plus de 10 000 logements à l’abri de la spéculation immobilière, notamment 4800 logements sociaux ou communautaires dont 60 % comporteraient trois ou quatre chambres à coucher.

Les trois ordres de gouvernement ont accueilli positivement ces travaux et ont annoncé des investissements qui permettront d’effectuer les études détaillées. C’est une excellente nouvelle. Encore mieux, aucune voix ne s’est fait entendre pour décrier un aspect ou un autre du projet.

Main dans la main

Centraide est sur la ligne de front de la crise du logement. Nous en voyons les effets au quotidien : elle exerce sur le milieu communautaire une pression prenant la forme d’un recours accru aux banques alimentaires, de problèmes de santé mentale, d’échecs scolaires, d’isolement, etc.

Il y a deux ans, nous avons décidé de nous appuyer sur notre superpouvoir et de passer à l’action. Le but était simple : mobiliser la société civile sur cet enjeu et venir en soutien aux différents ordres de gouvernement. Même simplicité pour ce qui est de notre mot d’ordre : ça devait fonctionner, nous devions être agiles et mettre les talents du plus grand nombre à contribution.

Des représentants du monde des affaires, des syndicats, de l’immobilier, du communautaire, de la mobilité et du développement durable se sont joints à cette collaboration radicale.

Nous avions besoin de données probantes afin, entre autres, de mieux comprendre l’impact sur les individus et d’éviter le traditionnel discours sur le « nombre de portes », qui n’est pas très inspirant.

Nous avons ainsi participé à la publication du rapport Signes vitaux sur la situation du logement dans le Grand Montréal⁠1 (novembre 2022) avec la Fondation du Grand Montréal. McKinsey a accepté de produire – pro bono – un indice du revenu résiduel⁠2 qui permettait de donner un visage humain à la crise actuelle du logement. Nous avons tenu un évènement rassembleur, Agir ensemble pour le logement, en mai dernier.

Centraide du Grand Montréal a été à la fois partenaire et catalyseur d’une large mobilisation de la société civile pour faire face à la crise du logement. L’étincelle du GALOPH s’inscrit donc dans cette mobilisation : la société civile qui se met à la recherche de solutions. Et les gouvernements ont embarqué à leur tour, faisant preuve d’une générosité qui n’a d’égale que la compétence des ressources humaines qu’ils ont prêtées.

Je suis convaincu que l’annonce de la semaine dernière n’est pas une fin, mais le début d’un long chemin vers d’autres collaborations similaires.

Les problématiques sociales sont de plus en plus complexes et coûteuses. Si les membres de la société civile acceptent de s’engager dans la recherche de solutions, main dans la main avec les ordres de gouvernement et les communautés, nous ne serons que mieux servis.

Il n’y a aucun acteur qui détient à lui seul la solution, pas plus que l’argent suffisant. En conviant des partenaires d’horizons différents à une collaboration radicale, nous trouverons des solutions novatrices.

Un acteur politique me disait récemment que ce dont nous avons besoin pour passer à l’action, ce n’est pas toujours un plan précis accompagné de magnifiques présentations 3D. Souvent, une bonne dose de volonté et d’engagement suffit.

Dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, c’est généralement le cas. Et le GALOPH est venu rappeler l’énorme impact qu’on peut avoir lorsqu’on laisse de côté nos intérêts respectifs pour se mettre au service d’un groupe plus grand.

Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue 1. Lisez le rapport Signes vitaux sur la situation du logement dans le Grand Montréal 2. Lisez Base de faits et indicateurs sur le logement, produit par McKinsey et Centraide