Aider nos adolescents à mieux se développer est beaucoup moins complexe qu’on le pense. Un ensemble de solutions toutes simples s’offrent à nous, pour éviter d’en laisser un seul derrière.

« Je suis un pro-ados fini ! », m’a lancé d’emblée, récemment, le dirigeant d’un organisme œuvrant dans l’est de Montréal. Le ton était donné pour ce qui sera une rencontre étonnante, par la simplicité des solutions esquissées par ce dirigeant.

Son organisme fait de l’intervention auprès des jeunes, de la petite enfance jusqu’à l’adolescence.

Depuis la pandémie, notre jeunesse est au cœur de bien des discussions. On en parle, en général, quand ça va mal. Lorsqu’on évoque les enjeux de santé mentale, par exemple, ou lors des récentes négociations entre le gouvernement et les enseignants. Pour moi, ce sont les jeunes eux-mêmes qui me préoccupent le plus, au-delà des causes plus médiatisées comme le logement, l’insécurité alimentaire, la toxicomanie ou la sécurité urbaine.

Et ce qui m’inquiète surtout, au-delà de leur réussite éducative, c’est leur réussite sociale. Par réussite sociale, j’entends que les jeunes disposent des connaissances et des occasions dont ils ont besoin pour se réaliser.

En bons adultes, nous souhaitons bien sûr que les jeunes se développent et soient en sécurité, entourés de toutes les attentions et de tous les services qui leur permettront de s’épanouir. Nous confions ainsi nos enfants à un système scolaire qui veillera à leur réussite éducative.

L’influence des parents est importante, on le sait, notamment dans leur appui au travail scolaire et la mise en place, à la maison, d’un environnement calme qui favorise l’étude. Les organismes communautaires et les autres services contribuent également à leur réussite. Cette dernière est en quelque sorte normée, évaluée et presque convenue.

Il est tout de même important de se rappeler que l’organisme dont j’ai rencontré le dirigeant est établi dans un quartier où l’indice de défavorisation est assez élevé. Or, malgré l’amélioration du taux de diplomation général au Québec depuis des années, des écarts importants se maintiennent entre les jeunes qui proviennent de milieux favorisés (diplomation de 88 %) et ceux de milieux défavorisés (diplomation de 65 %).

Nous n’avons pas de chiffres sur la réussite sociale des jeunes. À un moment où tout se déroule trop vite, où l’information est fragmentée et où les réseaux sociaux pullulent, il est difficile pour les jeunes de faire leur place, de sentir qu’ils font partie de « la bonne gang ».

Cet indispensable sentiment d’appartenance, de nombreux organismes communautaires cherchent à le développer chez les jeunes. Leur calcul est simple : les jeunes ne vont pas s’identifier à plusieurs groupes, ils vont chercher à se faire accepter dans UN groupe et y faire leur place.

Selon ce « pro-ados » que j’ai rencontré, on doit absolument accompagner les parents dans la réussite sociale de leurs enfants. Car comme pour la réussite scolaire, la recette se trouve en bonne partie dans l’implication de tous les membres de la famille, avec au premier chef les parents. Selon lui, les ados – qui consacrent beaucoup d’énergie à essayer d’être différents – ne cherchent qu’à entrer dans des relations qui leur permettent de mieux se comprendre et de mieux se développer.

Dans toute intervention, il est également important de reconnaître l’unicité de chaque jeune et de s’adapter à lui. C’est essentiel pour son succès à long terme, et pour minimiser les risques d’abandonner lorsqu’il y a des reculs ou des moments plus difficiles.

Aider à aider

Ce qui ressort très souvent, lors de mes échanges avec des organismes, c’est que les réseaux sociaux et la pandémie sont au cœur de nombreux problèmes. C’est comme si ces deux éléments avaient provoqué un déficit de contacts humains, d’interactions authentiques. Il est beaucoup plus difficile, dans ce contexte, de prendre le pouls d’un jeune, de voir ses réactions, de déceler un trémolo dans sa voix. Les jeunes se referment donc sur eux-mêmes et ont de la difficulté à aller chercher de l’aide, développant ainsi une forme d’anxiété sociale.

Heureusement, au cours des derniers mois, quelques évènements ont permis d’entendre la voix des jeunes. Des consultations publiques du Secrétariat à la jeunesse ont mis en lumière leur engagement et leur désir de s’impliquer dans la recherche de solutions. Elles ont aussi permis de s’assurer, dans un esprit d’inclusion, que tous les jeunes puissent bénéficier du soutien dont ils ont besoin.

L’évènement Rêver l’impossible, organisé par Desjardins en juin dernier, a aussi invité des jeunes à se prononcer sur de nombreux enjeux. Je me souviens en particulier de commentaires qui font écho à ce que j’ai entendu récemment : les jeunes cherchent à établir des connexions authentiques et à proposer des solutions personnalisées selon la réalité de chacun. C’est ce que je vois sur le terrain : ces solutions existent et elles sont appliquées tous les jours par un réseau d’organismes communautaires engagé et bienveillant, partout sur le territoire du Grand Montréal.

Il est vrai que je m’inquiète pour les jeunes. Par contre, je sais que la force collective qui nous caractérise et le désir de ne laisser personne derrière nous aideront à offrir le soutien et les ressources nécessaires aux organismes qui œuvrent auprès des jeunes.

Comme le dit Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, « nous n’avons pas les moyens de perdre un jeune ». Et la meilleure façon de ne pas en perdre, c’est d’assurer leur réussite éducative et sociale, peu importe le milieu d’où ils proviennent.

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