Comment ils sont passés de la parole aux actes

Au lieu de jeter aux poubelles les vieux pupitres d’école, un élan pour les remettre à neuf prend forme au Québec. Et pour les redistribuer par la suite dans le réseau au moyen d’une plateforme numérique. Le remodelage ne se limite pas aux pupitres, il s’étend aux chaises, aux casiers, aux classeurs et au mobilier de bureau.

« Il faut arrêter une fois pour toutes de jeter aux poubelles », lance Vicky Vaskelis, l’une des dirigeantes à l’origine du centre de tri virtuel nommé « Réutilisons », une jeune entreprise de récupération, de remodelage et de redistribution gratuite.

Mme Vaskelis raconte que les Forces armées canadiennes, rue Sainte-Catherine à Montréal, ont permis à une dizaine d’organismes communautaires de se meubler. Il y a aussi le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) qui avait 148 chaises dont il voulait se débarrasser. Près d’une centaine d’entre elles ont été récupérées, notamment par une maison des jeunes et un comptoir d’aide alimentaire. Une maison d’hébergement a profité du vieux mobilier de la CNESST, et ainsi de suite, ajoute-t-elle.

Les organismes participants obtiennent un certificat de traçabilité du processus de gestion des matières résiduelles. Le service est gratuit pour les organismes à but non lucratif et pour les services scolaires, une contribution de 1 $ par article sélectionné est demandée aux entreprises privées pour les frais d’utilisation de la plateforme.

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Vicky Vaskelis, cofondatrice et coprésidente du Centre de tri virtuel Réutilisons

Nous venons tout juste de conclure une entente avec trois écocentres du nord de Laval afin que les écoles puissent y déposer leurs vieux pupitres : Saint-Jérôme, Sainte-Sophie et Prévost. La prochaine étape sera d’obtenir des ententes avec les centres de tri à Montréal.

Vicky Vaskelis, cofondatrice et coprésidente du Centre de tri virtuel Réutilisons

« On aimerait aussi créer un système de consignes. Ça paraît simple à implanter, mais il y a tout un processus de récupération à mettre en place avec les équipements mécanisés des centres de récupération », relève Mme Vaskelis.

En amont du service en ligne, l’entreprise Réutilisons travaille à bâtir un réseau de réparateurs, de restaurateurs, de déménageurs et de recycleurs. Dans le cas des pupitres, par exemple, le vieux revêtement beige est retiré, la base en métal est repeinte, des vis, boulons et écrous sont changés.

Du neuf avec du vieux

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Un vieux pupitre avant (à droite) et après sa restauration (à gauche). Le revêtement de la surface a été changé, la base réparée et repeinte.

Pour mesurer l’étendue de la récupération de mobilier, on a rendez-vous rue Deslauriers, dans Saint-Laurent, au cœur de l’île de Montréal. Des montagnes de pupitres défraîchis et de casiers sont empilées dans un gigantesque entrepôt du centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB). On reconnaît bien le design beige des années 1970. Sous certains bureaux, il y a encore de vieilles gommes à mâcher durcies. Dans une autre pièce, des pupitres d’un noir cobalt sont alignés. Ils sont vieux même s’ils ont l’air flambant neufs.

Marjolaine Fournier est coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB, le deuxième centre de services scolaire en importance au Québec, avec 103 établissements scolaires à gérer. Elle dirige un projet-pilote de remise à neuf. Les vieux pupitres restaurés proviennent de l’école Saint-Clément, qui est en pleine transformation, explique-t-elle. Grâce à l’entreprise Réutilisons, 167 chaises de la même école ont été redistribuées – gratuitement – dans des classes du centre de services scolaire de Montréal (CSSDM).

« On fait de l’économie circulaire », affirme-t-elle.

« C’est la première fois qu’on tente une pareille expérience. On a trouvé la main-d’œuvre pour faire la restauration grâce à des contacts dans le réseau », souligne Mme Fournier.

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Marjolaine Fournier, coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB

En récupérant au lieu de jeter, on estime qu’on a économisé 30 % des coûts pour une centaine de pupitres et de nombreux classeurs.

Marjolaine Fournier, coordonnatrice au secteur de la gestion contractuelle et approvisionnements du CSSMB

« Mais il reste un bilan complet de l’expérience à tracer avant d’étendre le projet, avant de lancer un appel d’offres plus large », fait valoir la coordonnatrice.

La démarche du CSS Marguerite-Bourgeoys a pris naissance à la suite d’une série de rencontres avec les élèves dans le cadre du Plan d’engagement vers la réussite, ajoute Mélanie Simard, responsable des communications du Centre.

« À leur demande, on a commencé par éliminer complètement les bouteilles d’eau en plastique. Nous privilégions de plus en plus les achats locaux. Les élèves nous ont ensuite parlé longuement des mesures que le CSSMB pourrait prendre pour réduire le gaspillage. L’idée de restaurer les pupitres au lieu de les jeter est née de leurs demandes. »

Le concept de remise à neuf de ces pupitres demeure à développer au CSSMB. Et c’est là que le Centre de tri virtuel Réutilisons innove en offrant une plateforme gratuite, non seulement aux écoles, mais également à tous les organismes publics et communautaires et aux entreprises privées, pour les meubles en fin de vie.

595 133 kilogrammes

Nombre de kilos de biens détournés des sites d’enfouissement.

Source : Centre de tri virtuel Réutilisons

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