Disons-le d’entrée de jeu : même avec un toit permanent, le Stade olympique ne sera jamais qu’une énorme caverne de béton. Ce qu’il a toujours été. Un lieu où il n’est jamais facile de créer une atmosphère le moindrement festive.

On va donc régler le problème du toit, ce qui n’est pas rien, puisque son absence aurait menacé la pérennité de la structure, mais il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu’à la fin, on ait affaire à un tout nouveau stade.

Alors, est-ce que l’investissement prévu de 870 millions de dollars est quand même une bonne idée ? Oui, à la condition qu’on comprenne bien que c’est dans la catégorie « on est pognés avec… »

Pour bien montrer la situation surréaliste dans laquelle nous sommes, l’un des arguments de la ministre du Tourisme et responsable des installations olympiques, Caroline Proulx, est que ça coûterait beaucoup plus cher de démolir le Stade que de lui donner ce toit permanent.

Normalement, un gouvernement bien avisé déciderait de démolir cette structure qui aura bientôt un demi-siècle pour en construire une toute neuve, aux normes du jour et à moindre coût. Mais ce n’est pas possible au Stade olympique. « On est pognés avec… »

On retiendra de la conférence de presse de Mme Proulx et du PDG sortant du Parc olympique, Michel Labrecque, que la vocation sportive du stade n’a plus beaucoup d’importance à leurs yeux et qu’on va plutôt insister sur sa vocation culturelle.

Ce qui nous amène aux problèmes fondamentaux de ce stade qui ne seront pas réglés avec la construction d’un toit permanent.

D’abord, l’acoustique. Quiconque est déjà allé au Stade sait qu’on a du mal à entendre l’alignement des joueurs ou l’hymne national aux évènements sportifs et que les concerts l’ont à peu près abandonné ces dernières années.

On veut croire que la nouvelle membrane du toit devrait améliorer le son, tout comme le remplacement des haut-parleurs qui datent de 1976. Mais il reste que l’acoustique est un art plutôt qu’une science et qu’obtenir une qualité sonore acceptable sera un défi renouvelé pour chacun des évènements.

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Le groupe Metallica a fait escale au Stade olympique l’été dernier.

Et si le Stade ne réussit pas rapidement à démontrer qu’il est digne de ces grands rassemblements culturels, on va rapidement le rayer de la liste des tournées. Taylor Swift ne viendra pas si ça sonne comme une vieille boîte de conserve.

Parlant de Taylor Swift – la ministre Proulx en a assurément beaucoup parlé ! –, il est vrai que la mode est aux mégatournées de mégastars dans de méga-amphithéâtres. Mais, justement, cela ne pourrait être qu’une mode.

Penser qu’on va augmenter le nombre d’évènements au Stade d’une trentaine actuellement à une centaine quand les rénovations seront terminées relève d’un certain optimisme. Taylor Swift ne viendra pas tous les ans, pas plus que les passages d’un soir des tournées de mégavedettes.

Au mieux, on aura un lieu avec un horaire prévisible pour des évènements comme des salons ou de grands congrès – ce qui n’est pas rien, mais ce qui n’est pas extraordinairement rentable non plus.

Pour les évènements sportifs, il faut malheureusement noter que les améliorations annoncées lundi ne diminueront en rien les défauts du Stade. On y sera toujours aussi éloignés de la surface de jeu et avec des angles de vue pas vraiment optimaux.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

Le match d’ouverture du CF Montréal au Stade olympique contre l’Union de Philadelphie, en mars 2023

Il ne faut surtout pas penser que les Alouettes ou le CF Montréal y reviendront, sauf pour des évènements spéciaux ou des matchs de championnat. Alors quand le PDG sortant du Parc olympique dit croire qu’une équipe professionnelle y reviendra d’ici 50 ans, c’est comme souhaiter le retour des Nordiques…

Enfin, un mot sur les 870 millions consacrés au projet – on a soigneusement évité d’arriver au milliard. S’ils se réalisent à ce prix, ce serait bien la première fois que des travaux au Stade olympique respectent les budgets et les délais. Mais il y a des dépenses supplémentaires qui sont inévitables et qui seront effectuées, ne serait-ce que parce qu’elles sont potentiellement très rentables. Tout ce qui concerne « l’expérience-client » devra être revu.

Ça commence par remplacer les horribles sièges en plastique jaune ou bleu qui ont un demi-siècle. Un bon nombre sont brisés, mais tous sont inconfortables.

Il faut aussi revoir tout ce qui touche l’offre alimentaire. Actuellement, au Stade, on ne peut guère commander plus raffiné qu’un hot dog vapeur ou une pizza décongelée.

Dans les grands stades du monde, on peut avoir à peu près toutes les spécialités gastronomiques, et c’est l’une des sources de revenus les plus intéressantes. Dans le domaine des grands évènements, tout le monde sait que le dollar le plus rentable est celui qui est investi dans « l’expérience-client ». Ce sera pareil pour le Stade olympique.

Mais, à la fin, tout cela est accessoire. Le véritable défi sera de rendre agréable l’expérience d’aller s’enfermer dans une énorme caverne de béton. Un défi qui reste entier, toit ou pas.

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