Et si on essayait d’être plus heureux dans l’année qui vient ? Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas ? Heureusement, la science peut nous aider. Des chercheurs de l’Université Harvard se sont penchés sur le sujet durant plus de 80 ans. Leur verdict ? Ce ne sont ni l’argent ni la gloire qui nous rendent heureux, mais la qualité de nos relations sociales. Voici donc des pistes à explorer pour être plus heureux.

Avoir une relation de couple positive

C’est l’un des plus grands facteurs de bonheur. Les études, dont la grande enquête de Harvard, concluent que les gens en couple sont généralement plus heureux que les célibataires.

Une relation de couple positive protège le cerveau et permet à la mémoire de décliner moins rapidement, ont réalisé les chercheurs de l’étude de Harvard. Imaginez : le bonheur conjugal à 50 ans est un meilleur indicateur de l’état de santé d’une personne des décennies plus tard que son taux de cholestérol au même âge⁠1.

Par contre, mieux vaut être seul que mal accompagné, car les personnes en couple ayant une relation malsaine, toxique ou sans amour seront plus malheureuses que les célibataires.

Ça prend une relation de couple saine où on s’investit et on prend soin de son partenaire et de son couple.

Robert Vallerand, professeur en psychologie à l’UQAM et expert de psychologie positive

Attention : une relation de couple positive, ça ne veut pas dire être d’accord sur tout. Les chercheurs de Harvard ont constaté que des couples qui « s’obstinaient » sur des détails de la vie de tous les jours pouvaient être très heureux. L’important, c’est de sentir l’amour de son conjoint et son appui dans les moments difficiles⁠2.

Avoir un bon cercle d’amis

« La solitude tue », résume le psychiatre et professeur à la faculté de médecine de l’Université Harvard Robert Waldinger, l’un des coauteurs de l’étude de Harvard, dans sa conférence TED⁠2.

« Des relations de qualité nous permettent de vivre plus heureux et en meilleure santé », écrit aussi le professeur Waldinger, aux côtés de son collègue Marc Schulz, dans le livre Qu’est-ce qui rend vraiment heureux ?1.

« Les retraités les plus heureux sont ceux qui remplacent leurs collègues de travail par des amis pour faire des activités », dit le Dr Waldinger dans sa conférence TED.

À l’inverse, les gens qui ont peu d’amis ou des relations amicales négatives voient leur bonheur et leur santé affectés.

Vous n’avez pas pris de nouvelles d’un ami depuis longtemps ? Envoyez-lui un texto pour lui demander comment il va et pour prendre rendez-vous.

Et pourquoi ne pas offrir à vos proches du temps de qualité en cadeau ?

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« Des relations de qualité nous permettent de vivre plus heureux et en meilleure santé », écrit aussi le professeur Robert Waldinger, aux côtés de son collègue Marc Schulz, dans le livre Qu’est-ce qui rend vraiment heureux ?.

Encourager nos ados à créer des liens sociaux

Bien sûr, les résultats scolaires des ados sont importants. Mais leurs liens sociaux aussi, sinon plus. Selon une étude réalisée en Nouvelle-Zélande, « les liens sociaux à l’adolescence prédisent le bien-être [d’une personne] à l’âge adulte bien mieux que les résultats scolaires », écrivent Robert Waldinger et Marc Schulz dans leur livre⁠3.

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« Les liens sociaux à l’adolescence prédisent le bien-être [d’une personne] à l’âge adulte bien mieux que les résultats scolaires », écrivent Robert Waldinger et Marc Schulz.

Faire du sport

Pas besoin de courir le marathon de Boston. Ça peut être la marche, la course, le ski de fond, le vélo, un sport d’équipe, n’importe lequel. Faire du sport, c’est bon pour la santé physique et psychologique – entre autres parce qu’on sécrète des endorphines, qui provoquent ce sentiment de satisfaction après le sport.

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« Faire du sport, c’est bon pour la santé physique et psychologique – entre autres parce qu’on sécrète des endorphines, qui provoquent ce sentiment de satisfaction après le sport », affirme notre chroniqueur.

Développer des passions harmonieuses

Vélo, cinéma, bénévolat : entretenir des passions procure de la satisfaction, tant que ces passions ne virent pas à l’obsession. « La passion harmonieuse va nous amener à nous dépasser, à nous sentir bien dans notre vie », dit Robert Vallerand, professeur de psychologie à l’UQAM. D’ailleurs, faire du bénévolat de façon volontaire rend généralement plus heureux⁠4.

Muscler notre « forme sociale »

Comme pour sa santé physique, on peut faire des exercices pour « muscler sa forme sociale », écrivent Robert Waldinger et Marc Schulz. Il faut investir dans ses relations sociales, prendre le temps de les développer. En général, il y a deux types de relations sociales : les relations stimulantes et les relations épuisantes. Les relations stimulantes sont exaltantes et vous font sentir mieux que la solitude. Les relations épuisantes sont synonymes d’anxiété et vous rendent plus inquiets. Vous ne pourrez pas vivre que des relations stimulantes, mais savoir qu’une relation en particulier est épuisante permet de mieux mettre ses limites⁠1.

Être « W.I.S.E.R. »

Je vous fais une prédiction : même si vous suivez tous les autres conseils à la lettre, vous aurez un jour ou l’autre à gérer des situations émotionnellement difficiles. Pour braver les tempêtes de la vie, les professeurs Robert Waldinger et Marc Schulz suggèrent d’utiliser la technique « W.I.S.E.R. » (plus sage en anglais) avec ses cinq étapes : observer, interpréter, choisir, s’engager dans une conversation, réfléchir-méditer. En bref, ça veut dire réfléchir et prendre un peu de recul (ça peut n’être que quelques secondes) avant d’agir, et en tirer des leçons après coup lorsque ces situations se reproduisent. La méthode W.I.S.E.R. sera particulièrement utile pour gérer vos relations épuisantes⁠1.

Faire l’exercice des trois bonheurs

À la fin de votre journée, pensez à trois moments de bonheur vécus aujourd’hui. Vous pouvez même les écrire dans un cahier. Le but de cet exercice de psychologie positive : penser aux choses positives dans votre journée, au lieu de ruminer les moments difficiles comme on a souvent tendance à le faire. « Ça permet de déplacer son attention de ses soucis vers des instants de bonheur », dit le Dr Hugues Cormier, médecin spécialiste en psychiatrie préventive et en promotion du bien-être, et professeur à la faculté de médecine de l’Université de Montréal.

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« À la fin de votre journée, pensez à trois moments de bonheur vécus aujourd’hui. Vous pouvez même les écrire dans un cahier », suggère notre chroniqueur.

Prendre cinq minutes pour relaxer

Autre exercice de psychologie positive : prendre cinq minutes par jour pour relaxer, en faisant des exercices de respiration et de relaxation. On peut aller marcher après le dîner. S’asseoir sur un banc et faire des exercices de respiration. Lire quelques pages d’un livre sur la pleine conscience. Ma suggestion de lecture : Se détendre, du moine Thích Nhất Hạnh⁠5.

Faire l’amour une fois par semaine

Le sexe, ça rend heureux. Entre autres parce que le corps sécrète de l’ocytocine (l’hormone de l’amour) durant l’orgasme. Selon des études, au-delà d’une fois par semaine, le sexe n’influencerait pas vraiment le bonheur d’une personne en couple (âgée de 35 à 65 ans). Dans une étude de l’Université Carnegie Mellon, des chercheurs ont constaté que de demander à des couples de doubler la fréquence de leurs relations sexuelles… réduisait légèrement leur bonheur (parce ça ne provenait pas de leurs désirs, mais d’une demande des chercheurs). Au sein d’un couple, la clé ne serait pas tant la fréquence des relations sexuelles que de créer un environnement qui attise le désir. Et pour les célibataires, il n’y aurait pas de corrélation entre la fréquence des relations sexuelles et le bonheur. Évidemment, si vous souhaitez valser sous la couette plus qu’une fois par semaine, grand bien vous fasse⁠6, 7

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

« Le sexe, ça rend heureux. Entre autres parce que le corps sécrète de l’ocytocine (l’hormone de l’amour) durant l’orgasme », affirme notre chroniqueur.

Et la santé psychologique ?

Tout le monde peut faire une dépression, même s’il suit tous les conseils pour améliorer son niveau de bonheur. Toutes ces bonnes habitudes « peuvent diminuer les risques de différents troubles de santé psychologique comme la dépression [burn-out], mais ça n’élimine jamais complètement ces risques. Tout le monde peut vivre des problèmes de santé psychologique, comme une personne qui fait du sport peut avoir des problèmes cardiaques », dit le Dr Hugues Cormier, de la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Environ une personne sur cinq fera une dépression au cours de sa vie.

Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?

Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?

Les Éditions de l’Homme

496 pages

1. DRobert Waldinger et Marc Schulz, Qu’est-ce qu’une vie heureuse ?, Les Éditions de l’Homme, 2023, 483 pages. Dans le cadre de cet article, nous faisons entre autres référence au contenu du livre aux pages 23, 39-43, 50-51, 68-71, 78, 81, 157-158, 181, 231-244, 271, 356-364.

2. Visionnez la conférence TED de Robert Waldinger (en anglais)

3. Craig A. Olsson et autres, « A 32-Year Longitudinal Study of Child and Adolescent Pathways to Well-Being in Adulthood », Journal of Happiness Studies, 14(3), 2013

4. Faiza Tabassum, John Mohan et Peter Smith, « Association of volunteering with mental well-being : a lifecourse analysis of a national population-based longitudinal study in the UK », BMJ Open, 2016

5. Thích Nhất Hạnh, Vivre en pleine conscience – Se détendre, Belfond, 2017

6. George Loewenstein et autres, « Does Increased Sexual Frequency Enhance Happiness ? », Journal of Economic Behavior & Organization, 2015

7. Lisez un communiqué sur une étude de la Society for Personality and Social Psychology (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue